L'Italie instaure une taxe exceptionnelle sur les profits des banques
information fournie par Reuters 08/08/2023 à 13:06

(Actualisé avec précisions et contexte)

par Angelo Amante, Giuseppe Fonte et Valentina Za

ROME, 8 août (Reuters) - L'Italie a approuvé l'instauration d'une taxe exceptionnelle sur les bénéfices des banques, qui profitent actuellement des taux d'intérêt élevés, une annonce inattendue qui fait chuter le secteur bancaire européen en Bourse.

Le gouvernement conservateur dirigé par Giorgia Meloni avait évoqué en début d'année une taxation exceptionnelle sur le secteur avant de sembler abandonner l'idée.

Les banques étaient alors prêtes "pour le couperet mais la hache n'est pas tombée", rappelait à Reuters un cadre supérieur au sein d'une banque.

Toutefois, les très bons résultats des banques italiennes au premier semestre ont de nouveau attiré l'attention du gouvernement, qui s'est décidé à agir juste avant la trêve politique estivale.

Une source a indiqué que le projet avait été une surprise même pour certains membres du gouvernement lors du conseil des ministres qui s'est tenu lundi soir.

Le gouvernement italien a dénoncé à plusieurs reprises l'attitude du secteur bancaire italien qui n'a, selon lui, pas suffisamment répercuté la hausse du coût du crédit sur la rémunération des dépôts des épargnants. Or, toutes les banques italiennes ont fait état au deuxième trimestre de résultats dopés par la hausse des taux d'intérêts.

"Il suffit de regarder les bénéfices des banques au premier semestre (...) pour se rendre compte qu'il ne s'agit pas de quelques millions, mais (...) de milliards", a déclaré le vice-président du Conseil Matteo Salvini lors d'une conférence de presse à Rome lundi en fin de journée.

TURBULENCES EN BOURSE

Le gouvernement veut utiliser les recettes issues de cette taxe exceptionnelle pour aider ceux mis en difficulté par la hausse des taux d'intérêts, comme les détenteurs de crédit immobilier.

Des sources proches du dossier ont déclaré à Reuters que Rome ambitionnait de récolter un peu moins de trois milliards d'euros grâce à cette mesure, soit un montant proche des recettes obtenues cette année grâce à la taxe exceptionnelle sur les bénéfices des groupes énergétiques.

Les analystes de Bank of America chiffrent pour leur part les recettes générées par la taxe à entre deux et trois milliards d'euros.

Rome prévoit de taxer, uniquement cette année et à hauteur de 40%, la marge d'intérêt nette des banques, qui mesure la différence entre le taux d'intérêt auquel les établissements prêtent et celui auquel elles se refinancent.

Les établissements devront s'acquitter de cette taxe d'ici le 30 juin 2024.

Les analystes de Citi estiment que la taxe exceptionnelle pourrait amputer d'un cinquième le revenu net des banques italiennes en 2023.

En Bourse, l'indice des banques italiennes plongeait de 7% à la mi-journée et celui du compartiment en Europe .SX7P lâchait 2,93%.

Les banques italiennes, à l'instar de BPER Banca

EMII.MI , Intesa Sanpaolo ISP.MI , Banco BPM BAMI.MI et Unicredit CRDI.MI , perdaient entre 6,7% et 9,5%.

"Je pense que la taxe exceptionnelle que l'Italie a imposée sur ses banques a pris le marché par surprise, et il y a des craintes que d'autres gouvernements en Europe suivent le mouvement", a commenté un analyste.

Des pays comme l'Espagne et la Hongrie ont déjà imposé un impôt exceptionnel sur le secteur bancaire.

(Avec la contribution de Federico Maccioni et Danilo Masoni; Blandine Hénault pour la version française, édité par Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse)