L'industrie française veut assurer la direction du projet Scaf, selon un document information fournie par Reuters 26/08/2025 à 19:03
par Sabine Siebold
L'industrie française empêche l'avancée du projet d'avion de combat du futur (Scaf) en demandant à en assurer la direction, a déclaré mardi le ministère allemand de la Défense dans un document que Reuters a pu consulter.
Le ministère alerte sur les lourdes conséquences que pourraient avoir des concessions accordées à l'industrie française sur les capacités de l'avion et la participation de l'industrie allemande dans ce document envoyé vendredi à la commission du budget du Parlement allemand.
Des options visant à parvenir à une solution seront élaborées d'ici la fin de l'année avant qu'une décision concernant les prochaines étapes ne soit prise, précise le ministère.
Ce calendrier contredit les annonces faites le mois dernier, selon lesquelles le chancelier allemand Friedrich Merz et le président français Emmanuel Macron s'étaient mis d'accord pour tenter de trouver une solution d'ici la fin du mois d'août.
Ni le ministère français de la Défense, ni l'Elysée n'ont répondu à une demande de commentaire dans l'immédiat.
Le document ne nomme pas d'entreprise française, mais des sources au sein de l'industrie ont montré Dassault Aviation du doigt.
Le projet Scaf, dont le coût est estimé à plus de 100 milliards d'euros, a connu des retards et est victime de querelles intestines sur le partage des tâches et les droits de propriété intellectuelle entre la France et l'Allemagne, ainsi qu'entre leurs industries nationales respectives.
Dassault Aviation, Airbus, qui représente l'Allemagne, et l'Espagnol Indra sont impliqués dans le projet visant à remplacer à partir de 2040 le Rafale français et les Eurofighters allemands et espagnols par un avion de combat de cinquième génération.
Une source au sein de l'industrie de la défense a déclaré le mois dernier à Reuters que la France avait fait savoir à l'Allemagne qu'elle souhaitait obtenir une participation d'environ 80% dans le projet.
Emmanuel Macron doit recevoir jeudi Friedrich Merz dans sa résidence d'été du fort de Brégançon, dans le Var. Des ministres devraient participer vendredi à des discussions qui se tiendront à Toulon.
Un représentant de la présidence française a dit lundi aux journalistes que les "légères" différences qui existent autour du projet Scaf seraient abordées lors des discussions, ajoutant qu'il existait une forte volonté des deux côtés pour faire aboutir le projet.
(Avec John Irish, Tim Hepher et Elizabeth Pineau à Paris ; version française Camille Raynaud, édité par Zhifan Liu)