L'Europe finit dans le rouge, les paris sur les taux de la Fed se refroidissent
information fournie par Reuters 25/09/2025 à 18:14

Un trader est assis devant les écrans d'ordinateur à son bureau à la bourse de Francfort

par Diana Mandia

Les Bourses européennes ont terminé en baisse jeudi, les investisseurs ayant modéré leurs paris sur les prochaines baisses de taux aux États-Unis après une série de données plus solides que prévu, et alors que plusieurs membres de la banque centrale appellent également à la prudence dans un contexte d'inflation toujours élevée.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,41% à 7.795,42 points. À Francfort, le Dax a reculé de 0,61% et à Londres, le FTSE 100 a abandonné 0,39%.

L'indice EuroStoxx 50 a fini sur une baisse de 0,51%, le FTSEurofirst 300 a reculé de 0,62% et le Stoxx 600 a perdu 0,71%.

Le sentiment était déjà à la prudence et les données publiées dans l'après-midi l'ont encore amplifié : la croissance du PIB américain au deuxième trimestre a été révisée à la hausse, à 3,8%, et les inscriptions hebdomadaires au chômage ont baissé de manière inattendue, ce qui soulage quelque peu les craintes sur la santé du marché du travail et amène les investisseurs à se demander si l'enthousiasme suscité par les paris de prochaines baisses de taux de la Fed était justifié.

"Il est clair que le niveau actuel des taux d'intérêt de la Fed ne ralentit pas l'économie et ne nuit pas non plus au marché du travail", a déclaré Christopher Rupkey, économiste en chef chez FWDBONDS. "Si la croissance de l'emploi ralentit, ce n'est pas l'économie qui est en cause, mais les politiques Trump 2.0 en matière d'immigration. L'économie est solide comme un roc", a-t-il dit.

Les inquiétudes concernant le marché du travail ont précisément été la raison invoquée par la banque centrale américaine lorsqu'elle a abaissé ses taux d'intérêt de 25 points de base la semaine dernière et laissé entendre que d'autres réductions étaient à prévoir à l'avenir.

Les opérateurs ont abaissé à 83,4% leurs estimations d'une baisse de 25 points de base des coûts d'emprunt lors de la réunion d'octobre de la Réserve fédérale (Fed), contre 92% mercredi, selon l'outil CME FedWatch.

Certains responsables de la banque centrale ne semblent pas non plus tout à fait convaincus par l'assouplissement monétaire, parmi lesquels le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, qui a mis en garde contre les risques d'une baisse trop rapide des taux, soulignant les risques d'une remontée de l'inflation.

La publication vendredi des données sur l'inflation PCE, l'indice des prix le plus suivi par la Fed en matière de taux d'intérêt, pourrait aider à clarifier ces interrogations.

En Europe, la Banque nationale suisse (BNS) a par ailleurs maintenu jeudi son principal taux directeur à zéro, le niveau le plus bas au sein des grandes banques centrales dans le monde, alors qu'elle évalue l'impact de la politique commerciale américaine sur l'économie suisse.

VALEURS

Trigano a gagné 5,8% malgré un chiffre d'affaires en baisse sur l'exercice annuel 2024/2025, les investisseurs se focalisant plutôt sur les perspectives encourageantes du groupe pour 2026.

TotalEnergies, qui va être coté à la Bourse de New York, a perdu 0,22%, le groupe ayant annoncé avoir décidé d'adapter les niveaux de rachats d'actions en fonction des prix de l'énergie pour faire face aux incertitudes économiques et géopolitiques.

Les valeurs européennes de la technologie médicale ont souffert jeudi de l'annonce par le département américain du Commerce de l'ouverture d'enquêtes sur les importations d'équipements de protection individuelle, de matériel médical, de robots et de machines industrielles. Siemens Healthineers, Philips, Coloplast, Sonova, Demant et GN Store Nord ont abandonné de 3,6 à 6,2%. A Paris, les laboratoires français Sanofi et Valneva ont perdu 2,4% et 3,2% respectivement.

H&M, qui a fait état jeudi d'une hausse plus importante que prévu de son bénéfice d'exploitation au troisième trimestre, a pris 9,7%.

A WALL STREET

La Bourse de New York évolue à son niveau le plus bas en une semaine, freinée par les nouvelles données économiques et les propos de certains membres de la Fed.

A l'heure de la clôture en Europe, le Dow Jones perd 0,16%, le Standard & Poor's 500 0,34% et le Nasdaq Composite 0,24%

LES INDICATEURS DU JOUR

En Allemagne, le moral des consommateurs devrait se redresser légèrement en octobre à la faveur de l'amélioration des perspectives de revenus des ménages mais il restera en territoire négatif dans la tendance de ces derniers mois, montre une enquête publiée jeudi.

En France, l'indice de confiance des ménages en France est resté stable en septembre, selon l'enquête mensuelle de conjoncture publiée jeudi par l'Insee.

Dans la zone euro, la croissance des prêts aux entreprises a pour sa part accéléré en août, selon les données publiées jeudi par la Banque centrale européenne (BCE).

CHANGES

Le dollar américain s'apprécie de 0,55% face à un panier de devises de référence alors que les paris du marché concernant de futures baisses des taux d'intérêt par la Fed s'estompent.

L'euro perd 0,55% à 1,1673 dollar.

La livre sterling perd 0,71% face au dollar.

TAUX

Les rendements des bons du Trésor américain progressent jeudi à la suite de la publication d'une croissance du PIB plus importante que prévu pour le deuxième trimestre, qui pourrait renforcer les arguments en faveur d'une pause de la Fed lors de sa réunion en octobre.

Le rendement des Treasuries à dix ans prend 4,4 points de base à 4,1911%. Le deux ans avance quant à lui de 5,9 points de base à 3,6573%.

Les chiffres américains ont également entraîné une augmentation des coûts des emprunts outre-Atlantique.

Dans la zone euro, le rendement du Bund allemand à dix ans a fini sur un gain de 2,5 points de base à 2,7721%. Celui de son homologue à deux ans a pour sa part pris 2,1 points de base à 2,0449%.

En France, où le Premier ministre français, Sébastien Lecornu, est toujours à l'oeuvre pour bâtir le budget 2026, le rendement de l'OAT à dix ans a gagné 3,6 points de base à 3,6040%.

Le Gilt britannique à 10 ans a grimpé d'environ 8 points de base à 4,773%.

PÉTROLE

Les prix du pétrole reculent légèrement par rapport au pic de sept semaines atteint lors de la séance précédente, dans la perspective d'un ralentissement de la demande hivernale ainsi que du retour des approvisionnements kurdes.

Le Brent perd 0,16% à 69,20 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) recule de 0,22% à 64,85 dollars.

(Certaines données peuvent accuser un léger décalage)

(Rédigé par Diana Mandiá, édité par Kate Entringer)