L'entreprise d'autopartage MyWheels branche à Utrecht ses premières Renault V2G information fournie par Reuters 04/06/2025 à 14:24
par Anna Hirtenstein et Gilles Guillaume
La société néerlandaise d'autopartage MyWheels a connecté mercredi à Utrecht, aux Pays-Bas, les premières Renault électriques d'une flotte de 500 voitures capables d'injecter du courant sur le réseau, selon une technologie dite V2G en train de sortir de l'anonymat.
Le "Vehicle-to-grid" (véhicule vers le réseau) permet à un véhicule électrique, non seulement de se charger mais aussi de décharger sur le réseau une partie de l'électricité stockée dans sa batterie lors des pics de demande. Cette technologie existe depuis plusieurs années mais n'est devenue commercialement viable que récemment avec le développement des infrastructures électriques intelligentes et de batteries capables d'encaisser des usages plus intensifs.
Le projet de MyWheels est le plus important projet de V2G pour une flotte d'autopartage en Europe et l'un des projets de V2G les plus importants du continent.
Cette technologie rencontre un regain d'intérêt face aux inquiétudes sur la stabilité des réseaux électriques alimentées par la panne géante qu'ont connue cette année l'Espagne et le Portugal, ou par les sabotages sur des équipements électriques en France pendant le festival de Cannes.
"On dirait bien que nous sommes à un point de bascule", a déclaré à Reuters Kees Koolen, investisseur de We Drive Solar, producteur des chargeurs spéciaux utilisés pour le projet.
Selon Kees Koolen, qui estime le coût du projet d'Utrecht autour de 100 millions d'euros, les incidents récents sur le réseau ont ravivé l'intérêt pour les technologies permettant d'aider à équilibrer l'offre et la demande. Le principe d'une production d'électricité d'appoint décentralisée peut aussi s'appliquer pour charger des appareils avec sa voiture (V2L), ou l'ensemble d'une maison (V2H).
LES PAYS-BAS PRÉCURSEURS
Le marché mondial du V2G était estimée à 3,4 milliards de dollars en 2024, selon la société d'études Global Market Insights, et devrait connaître une croissance annuelle moyenne de 38% entre 2025 et 2034 pour atteindre 80 milliards.
Lorsqu'elles seront déployées d'ici 2026, les 500 voitures - des R5, R4, Mégane et Scenic - pourront, prises ensemble, fournir du courant à 25.000 foyers pendant une heure grâce à leur batterie de 52 kWh, selon un calcul de Reuters.
Les Pays-Bas font figure de précurseur dans le V2G pour accompagner un ambitieux plan d'électrification des transports et du chauffage urbains, tout en développant les énergies renouvelables, par essence plus intermittentes.
D'autres constructeurs ont aussi développé des modèles compatibles V2G, comme Nissan qui a déployé plusieurs dizaines de Leaf et d'Ariya à capacités électriques bi-directionnelles en France et en Espagne.
"Nos recherches montrent que la technologie V2G pourrait permettre au parc grandissant de véhicules électriques de devenir un atout significatif pour le réseau, avec un vaste potentiel de stockage disponible à bord des véhicules", commente Madeleine Brolly, analyste transports chez Bloomberg New Energy Finance, à condition que la technologie surmonte plusieurs obstacles, comme la nécessité d'une standardisation des systèmes, des réglementations et des relations entre les nombreux fournisseurs d'énergie.
"Les voitures sont transformées en véritables partenaires du réseau électrique, capables d'alimenter les habitations et de contribuer activement à un avenir énergétique durable", ajoute à Reuters Jérôme Faton, directeur de Mobilize Energy, filiale de Renault.
(Reportage Anna Hirtenstein et Gilles Guillaume ; édité par Kate Entringer)