L'enquête sur les empoisonneurs présumés de Navalny : une "ruse" pour attaquer la Russie, dit Poutine

information fournie par Reuters 17/12/2020 à 17:06

(Ajoute un commentaire du ministre allemand des affaires étrangères)

MOSCOU, 17 décembre (Reuters) - Le président russe Vladimir Poutine a estimé jeudi qu'une enquête menée par la presse, accusant des membres de la sécurité de l'État d'avoir empoisonné l'opposant Alexeï Navalny, était une "ruse" pour attaquer les dirigeants du pays.

L'opposant au Kremlin a jugé lundi que les faits au sujet de son empoisonnement étaient établis, après la publication des résultats d'une enquête menée par plusieurs médias mettant en cause une équipe du service fédéral de sécurité (FSB) russe, qui avait espionné Alexeï Navalny pendant plusieurs années.

Le FSB, successeur du KGB de l'époque soviétique, n'a pas immédiatement réagi. Le Kremlin a toujours démenti avoir cherché à tuer l'un des principaux opposants au président Vladimir Poutine, victime d'un malaise au mois d'août dernier alors qu'il était à bord d'un avion le ramenant à Moscou depuis la Sibérie.

Gravement malade, Alexeï Navalny avait ensuite été transféré en Allemagne, où il se trouve toujours après avoir été soigné pendant environ un mois à l'hôpital de la Charité à Berlin. Les examens médicaux pratiqués sur l'opposant russe avaient révélé qu'il avait été empoisonné par un produit de la famille de l'agent toxique russe Novitchok.

En réponse aux commentaires de Poutine, le ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas, a accusé la Russie de mettre en place des "écrans de fumée", ajoutant qu'elle n'avait rien fait pour contribuer à clarifier cette affaire et que les sanctions à l'encontre de Moscou étaient justifiées.

"Nous avons vu de nombreux écrans de fumée être lancés depuis Moscou au cours des dernières semaines et des derniers mois en relation avec l'affaire Navalny", a-t-il déclaré aux journalistes. "La Russie a eu de nombreuses occasions pour clarifier cette affaire et cela n'a pas eu lieu".

Vladimir Poutine a rejeté ces allégations, disant qu'Alexeï Navalny n'était pas assez important pour constituer une cible. Si quelqu'un avait voulu l'empoisonner, il aurait fini le travail, a-t-il ajouté en riant.

Le président russe a également accusé son opposant de recevoir le soutien des services de renseignements américains, ce qui, selon lui, justifiait sa surveillance par les services de sécurité russes.

"Mais cela ne signifie pas qu'il doit être empoisonné", a-t-il affirmé. "Qui a besoin de lui ?"

(Vladimir Soldatkin, Andrew Osborn et Olesya Astakhova; version française Dagmarah Mackos, édité par Jean-Michel Bélot)