Kering : "un retour à la croissance passera par une réduction de sa dépendance à Gucci"
information fournie par AOF 19/11/2025 à 11:11

(AOF) - Kering (-3,52%, à 298,90 euros) signe la plus forte baisse du CAC 40 après les déclarations de son directeur général Luca de Meo sur sa vision stratégique du groupe, dans une note interne dénommée "ReconKering". Selon Reuters qui a consulté cette note, "le retour à la croissance de Kering passera par une réduction de sa dépendance à Gucci, sa marque phare en difficulté, une contraction supplémentaire de son réseau de boutiques et la poursuite de synergies.

Reuters rapport que selon cette note, "de Meo fixe un délai de 18 mois pour remettre l'ensemble des marques du groupe sur la voie de la croissance, tout en précisant qu'un retour à une performance financière de premier plan nécessitera trois ans".

Ces déclarations surgissent un mois après que Kering a annoncé officiellement la cession de la maison de haute parfumerie Creed à L'Oréal pour 4 milliards de dollars dans le cadre d'un partenariat de long terme dans la beauté entre les deux groupes. L'accord comprend aussi l'établissement des licences de 50 ans pour les "maisons" de Kering. Selon RBC, "cette transaction indique un recentrage stratégique vers les compétences clés de Kering dans le domaine du soft luxury. Elle permettra aussi un renforcement du bilan, qui a été une source de préoccupation pour de nombreux investisseurs cette année".

Sur le plan de sa santé financière, Kering reste toujours fragile. Au troisième trimestre 2025, le groupe du luxe a généré des revenus de 3,4 milliards d'euros, en recul de 10% en données publiées et de 5% en comparable (compte tenu d'un effet de change négatif de 5%). En outre, Gucci, sa marque phare, a enregistré sur ce trimestre un chiffre d'affaires de 1,3 milliard d'euros, soit un recul de 18% en données publiées et de 14% en comparable.

"La performance de Kering au troisième trimestre, bien qu'en nette amélioration séquentielle, demeure en deçà de celle du marché. Cela renforce ma détermination à agir à tous les niveaux de l'entreprise afin de redonner à nos Maisons et à Kering la place qu'ils méritent. Nous travaillons sans relâche à notre redressement, comme en témoignent nos récentes décisions", avait alors déclaré le directeur général Luca Di Meo.

AOF - EN SAVOIR PLUS

En savoir plus sur Kering

Points clés

- Groupe de luxe né en 1963 propriétaire des marques Balenciaga, Bottega Veneta, Gucci ou Yves-Saint-Laurent ;

- Chiffre d'affaires de 17,2 Mds€ réalisé à 30% en Asie-Pacifique, 8% au Japon, 29% en Europe et 24% en Amérique du nord, avec 91% des ventes dans le réseau en propre ;

- Modèle d'affaires de « pure player » du luxe, fondé sur une croissance organique mais supérieure à celle des marchés via l’autonomie créative des Maisons et les partenariats stratégiques ;

- Capital contrôlé à 42,2% (près de 59% des droits de vote) par la holding Aremis de la famille fondatrice, François-Henri Pinault présidant le conseil d’administration de 13 membres et Luca De Meo étant directeur général délégué depuis la mi-septembre.

Enjeux

- Agilité du modèle d’affaires face à un recul des ventes supérieur au marché depuis deux ans :

- renouvellement des directeurs de collections et des directions générales dans les maisons phares – Yves Saint Laurent, Gucci, Balenciaga et Bottega Venetta, assorti d’un rajeunissement de l’offre, d’une hausse de la part de la maroquinerie dans les revenus, rationalisation de la distribution-logistique, e-commerce, réseau Wholesale

- réduction de 5% des coûts en 2025, du même montant qu’en 2024, avec fermeture de 80 magasins),

- flexibilité financière via cessions immobilières -3 Mds€ espérés en 2025, et travail sur la dette par refinancement des anciens emprunts, et cession des activités de parfumerie et beauté,

- montée en puissance de la lunetterie, lancée en 2015 : déjà 1,6 Mds€ de revenus pour le 2ème acteur mondial, et accord avec Google pour les lunettes intelligentes,

- Stratégie environnementale « Care for the planet » de neutralité totale en 2033 :

- réduction des impacts de la chaîne d’approvisionnement (pollution de l’air et de l’eau, gestion des déchets et utilisation des sols…),

- « Index de développement durable des fournisseurs » et traçabilité du bien-être animal et d’utilisation des produits chimiques,

- Materials Innovation Lab dédié aux montres et à la joaillerie, et au textile,

- soutien à la biodiversité, l’agriculture régénérative

- Bilan en cours de renforcement : la dette nette, ramenée à 9,5 Mds€ à fin juin, devant être allégée par la cession à L’Oréal, au 1er semestre 2026 et pour un montant de 4 Mds€, des activités parfums et produits de beauté portées par Maison Creed et des licences des autres Maisons (Balenciaga, Bottega Veneta, Gucci).

Défis

- Accueil des investisseurs au nouveau plan stratégique qui sera annoncé au 1er trimestre 2026, avec des précisions attendues sur la co-entreprise avec l’Oréal spécialisée dans la longévité et le bien-être dans le domaine du luxe ;

- Après la nomination, en septembre, de Francesca Bellettini, ex-PDG de Yves Saint-Laurent, à la tête de Gucci et 1er contributeur historique aux résultats, poursuite d’autres « ajustements » jusqu’à la fin 2025 ;

- Suivi du dossier Valentino détenu à 30 % avec option d’acquisition totale, l’exercice des options d’achat prévues pour 2026 et 2027 étant reportées de deux ans ;

- Face à la hausse des tarifs douaniers américains, hausse des prix de vente ;

- Incapacité persistante à remonter les ventes malgré le frein donné à la tendance baissière au 3ème trimestre marqué par un repli de 10 % (- 5 % hors impact des changes) du chiffre d’affaires ;

- Absence de prévisions chiffrées pour 2025 ;

- Dividende 2024 réduit de plus de la moitié à 6 €, après acompte de 2 €.