Keir Starmer promet un "combat" contre l'extrême droite, en ouverture d'un congrès travailliste à haut risque
information fournie par AFP 28/09/2025 à 18:42

Le Premier ministre britannique Keir Starmer assiste à la première journée de la conférence annuelle du Parti travailliste à Liverpool, dans le nord-ouest de l'Angleterre, le 28 septembre 2025 ( AFP / Paul ELLIS )

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a promis dimanche un "combat" contre l'extrême droite, encouragé par son homologue australien Anthony Albanese en ouverture du congrès des travaillistes à Liverpool, après un nouveau record d'impopularité et une contestation grandissante dans son camp.

Quinze mois seulement après son élection, le Premier ministre accumule les déboires: l'économie est au ralenti, l'immigration illégale bat des records, et l'inflation reste plus élevée qu'ailleurs en Europe.

Le chef du parti Reform UK, Nigel Farage, prononce son discours de clôture à l'issue de la deuxième et dernière journée de la conférence du parti à Birmingham, dans le centre de l'Angleterre, le 6 septembre 2025 ( AFP / Oli SCARFF )

En parallèle, la formation d'extrême droite de Nigel Farage, Reform UK, poursuit son ascension, devançant le Labour de 12 points dans un sondage Ipsos publié dimanche, en capitalisant sur le rejet grandissant de l'immigration.

"Nous avons devant nous le combat de notre vie, nous devons affronter Reform, nous devons les battre", a martelé M. Starmer sur la BBC.

"Ils veulent déchirer ce pays", a-t-il ajouté, jugeant "raciste" et "immoral" leur projet de supprimer le titre de séjour permanent pour les migrants.

Le Premier ministre, qui s'exprimera mardi, présentera les prochaines législatives prévues en 2029 comme un choix entre le "renouveau patriotique" qu'il défend et la "division toxique" prônée par Reform UK.

Un portrait du Premier ministre britannique Keir Starmer sur du matériel promotionnel au premier jour de la conférence annuelle du Parti travailliste à Liverpool, dans le nord-ouest de l'Angleterre, le 28 septembre 2025 ( AFP / Paul ELLIS )

Mais certains se demandent s'il sera encore à Downing Street d'ici quelques mois.

Ces dernières semaines, le dirigeant a fait face à la démission de sa vice-Première ministre Angela Rayner, emportée par une affaire fiscale, au départ de conseillers et au limogeage de son ambassadeur aux Etats-Unis, Peter Mandelson, rattrapé par ses liens avec le délinquant sexuel américain Jeffrey Epstein.

Le congrès sera l'occasion pour les militants "d'exprimer leur mécontentement", indique à l'AFP Steven Fielding, professeur de sciences politiques.

Dès dimanche, une centaine de personnes ont manifesté devant le congrès leur opposition à l'interdiction du groupe Palestine Action, classé "terroriste" par le gouvernement. Plusieurs ont été arrêtées par la police, selon des images de l'AFP.

"Il a le parti et le pays contre lui", dit M. Fielding. Le peu charismatique dirigeant enregistre le plus bas taux de satisfaction - 13% - pour un Premier ministre depuis 1977, selon Ipsos.

- Renverser la situation -

"Être un parti au pouvoir implique de se confronter à l'incertitude, à la complexité... et de prendre et assumer des décisions difficiles", a déclaré Anthony Albanese, venu encourager son "ami" Starmer.

Un écran de télévision retransmet une interview de la BBC avec le Premier ministre britannique Keir Starmer et le titre "Starmer : Les plans migratoires de la réforme sont « racistes et immoraux" au premier jour de la conférence annuelle du Parti travailliste à Liverpool, dans le nord-ouest de l'Angleterre, le 28 septembre 2025 ( AFP / Paul ELLIS )

Le travailliste a enregistré des succès incontestables à l'international, comme sa relation avec Donald Trump et le rapprochement avec l'UE, que son gouvernement veut renforcer avec un accord de mobilité des jeunes travailleurs.

Mais au niveau national, son bilan est moins glorieux.

Sa réforme des aides sociales, avortée après une fronde interne, ou le gel des aides au chauffage pour les retraités ont alimenté la colère des électeurs et de l'aile gauche du Labour.

Sa politique et son discours de fermeté sur l'immigration ne semblent pas convaincre les Britanniques, et "mettent mal à l'aise" beaucoup de membres du parti, souligne Steven Fielding.

Sur le sujet, sa ministre de l'Intérieur Shabana Mahmood a indiqué dimanche dans le Sun qu'elle souhaitait encore durcir les conditions d'obtention d'un titre de séjour permanent au Royaume-Uni.

Elle s'exprimera lundi à Liverpool, comme la ministre des Finances Rachel Reeves, sous pression à deux mois de la présentation d'un budget délicat.

Le discours de Starmer mardi ne sera pas celui "de la dernière chance" mais "un moment crucial" pour "exposer clairement sa vision de l'avenir", juge Patrick Diamond, professeur en sciences politiques à l'Université Queen Mary de Londres.

Déjà, les spéculations vont bon train sur les ambitions du maire du Grand Manchester, Andy Burnham.

Ce dernier a appelé M. Starmer à adopter une ligne plus à gauche, et affirmé avoir reçu des appels du pied de députés pour se porter candidat à la direction du parti.

Des délégués arrivent pour assister au premier jour de la conférence annuelle du Parti travailliste à Liverpool, dans le nord-ouest de l'Angleterre, le 28 septembre 2025 ( AFP / Paul ELLIS )

Le Premier ministre ne semble pas menacé dans l'immédiat, fort de sa puissante majorité et des règles en vigueur au sein du Labour.

"Il a encore le temps de renverser la situation", estime Patrick Diamond. Au moins jusqu'aux prochaines élections locales, prévues en mai 2026.

A moins que les membres du Labour élisent en octobre comme numéro 2 du parti la députée Lucy Powell, évincée du gouvernement, contre une candidate proche de Starmer, ce qui serait vu "comme un vote de défiance", prévient M. Fielding.