Instabilité politique, dette... : pas de risque de faillite pour la France, mais "d'étouffement progressif", estime François Villeroy de Galhau
information fournie par Boursorama avec Media Services 27/10/2025 à 09:07

Le patron de la Banque de France s'est notamment inquiété du poids de la dette et du renchérissement de l'emprunt pour les particuliers et les entreprises.

François Villeroy de Galhau à Davos, en Suisse, le 23 mai 2022. ( AFP / FABRICE COFFRINI )

Épargné vendredi par l'agence de notation Moody's, la France est confrontée à un risque "d'étouffement progressif" à cause de sa situation budgétaire dégradée et de l'instabilité politique, a estimé samedi 25 octobre le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, dans une interview publiée par La Croix .

"Toutes les agences (de notation) s'alarment de l'instabilité politique et de notre sérieux problème budgétaire", a-t-il souligné, estimant que le pays n'est toutefois "pas menacé de faillite, mais d'étouffement progressif", notamment en raison du poids croissant des intérêts de la dette.

Le gouverneur était interrogé sur l'avertissement lancé vendredi par l'agence de notation Moody's, qui a maintenu la note souveraine de la France mais a abaissé sa perspective de "stable" à "négative". Moody's a expliqué vouloir ainsi refléter "les risques croissants d'un affaiblissement des institutions et de la gouvernance en France , ainsi que d'un recul partiel des réformes structurelles". Elle souligne le risque de "fragmentation durable du paysage politique du pays", qui peut "nuire au fonctionnement des institutions", avec des gouvernements "continuant à lutter pour obtenir une majorité parlementaire".

François Villeroy de Galhau a également averti du risque "par contagion", d'"emprunts plus chers pour les ménages –le crédit immobilier– et les entreprises" en France.

"Notre pays garde des atouts"

Le maintien par Moody's de la note Aa3 (dette de bonne qualité) "dit que notre pays garde des atouts" , a néanmoins souligné le gouverneur de la Banque de France, qui s'attend à une croissance d'au moins 0,7% cette année.

Interrogé sur la taxe Zucman, en débat samedi au Parlement dans le cadre de l'examen du budget 2026, il a plaidé pour que "ceux qui ont le plus" s'acquittent de "leur juste part d'impôt".

"Aujourd'hui, il n'est pas juste que les plus aisés minorent leur impôt via des mécanismes comme les holdings patrimoniales, ou diverses niches fiscales. Ceci doit changer", a-t-il déclaré, tout en alertant sur le risque que ferait peser un "impôt magique" sur "les entrepreneurs, et ceux qui créent des emplois et qui innovent."

Mi-septembre, François Villeroy de Galhau s'était déjà dit favorable à "des mesures anti-optimisation fiscale sur les hauts patrimoines" , afin que le redressement des finances publiques soit "ressenti comme juste".

Il y a dix jours, le gouverneur de la Banque de France avait appelé les partis politiques en France à faire "des compromis", disant en avoir assez du "gâchis politique".