[Indicateur Novethic] L’offre de fonds durables explose mais gare au manque de clarté information fournie par Novethic 10/10/2019 à 17:19
L’offre de fonds durables grandit. L’indicateur Novethic recense 531 fonds au 30 juin 2019, totalisant 185 milliards d’euros d’encours en augmentation de 27 %. Cette progression suit la demande toujours plus forte pour des produits responsables. Mais elle s’accompagne également d’un foisonnement d’offres qui manquent parfois de clarté pour l’investisseur final.
Le marché des fonds durable continue à bien se porter, selon le dernier indicateur Novethic . Sur les six premiers mois 2019, 46 nouveaux fonds durables ont fait leur apparition portant à 531 le total de l’offre de fonds durables commercialisés en France. Ces fonds se portent bien, avec un encours atteignant 185 milliards d’euros au 30 juin 2019, contre 149 milliards d’euros six mois plus tôt.
L’appétence des investisseurs, aussi bien particuliers que professionnels, pour des produits durables se confirme. Le sondage récent du Forum de l’investissement responsable (FIR), mais aussi ceux réalisés par l’AMF, le démontrent : de plus en plus d’épargnants veulent des placements responsables et respectueux de l’environnement. L’offre qui leur est proposée augmente en conséquence, au risque de manquer encore de lisibilité.
La demande est simple, l’offre est complexe
"L’exercice de qualification des fonds durables est de plus en plus complexe car le marché évolue vite", remarque Jade Dusser Afonso, la responsable des analyses de marché de Novethic. Les sociétés de gestion ont été très actives ces derniers mois pour muscler leur offre durable, sans doute pour répondre à la demande des investisseurs, mais aussi du fait des dispositions de la loi Pacte qui obligera à intégrer des fonds labellisés (ISR, GreenFin, Finansol) dans les assurances-vie à partir de 2020.
Les nouvelles offres se font, cependant, un peu dans le désordre et l’épargnant risque d’avoir du mal à s’y repérer. Des sociétés de gestion ont ainsi tendance à transformer des fonds classiques en fonds durables. "Des fonds qui s’annoncent durables ne documentent pas toujours leur démarche d’investissement responsable", prévient Jade Dusser Afonso.
Autre tendance : de plus en plus de fonds à gestion passive (fonds indiciels, ETF) qui reproduisent un indice boursier sans choisir les entreprises dans lesquels ils investissent, se positionnent également sur cette tendance. Sur les 46 nouveaux fonds durables détectés par Novethic en 2019, huit étaient des fonds à gestion passive qui représentaient, à eux seuls, 40 % des souscriptions des nouveaux fonds. Un engouement pour des fonds passifs, aux frais de gestion moins élevés, mais dont l'impact est plus faible que la gestion active.
Les labels pour s’orienter
Les labels d’État doivent faire office de phare en pleine mer, pour guider les épargnants à bon port. C’est en tout cas le pari de la loi Pacte pour l’assurance-vie. Les six premiers mois de l’année ont enregistré une forte progression des labellisations : 38 nouveaux fonds labellisés ISR portant le total à 184, et 5 nouveaux fonds labellisés GreenFin pour un total de 14. En 2018, ces deux labels avaient respectivement comptabilisé 50 et 3 nouveaux fonds sur la totalité de l’année.
Mais, là encore, la complexité s’immisce. Selon le recensement de Novethic, près de 70 % des fonds labellisés ISR ne mentionnent pas le terme "ISR" dans leur libellé, au risque de perdre l’épargnant en route. Les fonds GreenFin, en forte croissance, multiplient quant à eux les indicateurs d’impact rendant plus difficile la comparaison entre eux. Le mouvement semble donc amorcé, manquent encore les explications de texte aussi bien pour les investisseurs que pour les épargnants, qui voudront savoir exactement en quoi leur placement est durable.
Arnaud Dumas, @ADumas5