Hermès pénalisé par une croissance en deçà des attentes de sa division Maroquinerie-Sellerie
information fournie par AOF 22/10/2025 à 14:59

(AOF) - Hermès (-2,49%, à 2194 euros) affiche une des plus fortes baisses du CAC 40. Le titre se replie car les analystes anticipaient des ventes légèrement plus élevées au troisième trimestre 2025, notamment celles de sa division phare Maroquinerie-Sellerie. Sur les trois mois de cette période, elles ont atteint 3,88 milliards d'euros, contre 3,9 milliards d'euros. Le chiffre d'affaires augmente de 9,6% à taux de change constants, dépassant le consensus de 9,4% et de 4,8% en données publiées. "Il est inférieur de 1% au consensus en données publiées", signale RBC.

Sur ce chiffre d'affaires, Hermès souligne la "légère amélioration par rapport au second trimestre, notamment en Europe, en Amérique et en Asie".

"Nous pensons que les chiffres conformes aux attentes de Hermès, par rapport à des attentes légèrement plus élevées du côté des acheteurs (selon nos conversations, les investisseurs s'attendaient à 10-11%), sont susceptibles de provoquer une réaction négative du marché ", note de son côté UBS.

Sur ce point, RBC affirme que la croissance organique du groupe s'est établie à 9,6% mais sous la barre des acheteurs (11-12% en organique selon les discussions de la banque canadienne).

Croissance dans toutes les régions

"La division Maroquinerie-Sellerie a enregistré une croissance organique de 13%, légèrement inférieure aux attentes (14%), tandis que la division Prêt-à-porter a globalement été conforme. Nous pensons que le cours de l'action pourrait être sous pression à court terme, compte tenu du léger manque à gagner de cette division et des attentes élevées des acheteurs, reflétant un regain d'optimisme récent dans le secteur du luxe", a souligné RBC sur cette publication trimestrielle.

Ce secteur d'activité, affiche une performance remarquable sur 9 mois (+12,6% à taux de change constants), en ligne avec sa trajectoire annuelle, soutenue par la forte demande des produits iconiques et des nouvelles collections.

Sur le plan géographique, toutes les régions affichent une croissance. Hermès a enregistré notamment une progression de 6,2% de ses revenus au troisième trimestre en Asie-Pacifique (hors Japon), son marché le plus important, à 1,589 milliard d'euros. Sur ce trimestre, la région a bénéficié de la loyauté des clients locaux et du développement qualitatif du réseau. En Europe, ils augmentent de 10,3%, à 1,036 milliard d'euros. En Amériques, la croissance est de 14,1%.

"A moyen terme, en dépit des incertitudes économiques, géopolitiques et monétaires dans le monde, le groupe confirme un objectif de progression du chiffre d'affaires à taux constants ambitieux", a seulement indiqué Hermès à propos de ses perspectives.

Suite à cette publication trimestrielle, RBC maintient son opinion positive (Surperformance) avec un objectif de cours à 2300 euros. "Dans les périodes plus difficiles de la demande de luxe, qui est la configuration actuelle du secteur, la relative défensivité d'Hermès est plus attrayante car elle pourrait moins souffrir que ses pairs, compte tenu de son positionnement de marque de luxe absolu et de son modèle de contrainte de l'offre pour ses produits les plus convoités, bien que nous anticipions une deuxième année consécutive de compression des marges", expose la banque canadienne.

AOF - EN SAVOIR PLUS

En savoir plus sur Hermès

Points clés

- Groupe familial de luxe créé en 1837 de taille moyenne mais de notoriété mondiale, avec 293 magasins exclusifs et des plateformes e-commerce dans 28 pays ;

- Ventes de 15,2 Mds€, réparties entre l’Asie-Pacifique pour 53% dont le Japon pour 9%, l’Europe pour 24% dont la France pour 10% et les Amériques pour 19% ;

- L’une des marques les plus diversifiées dans l’univers des produits de luxe, de la maroquinerie (43% des ventes), aux vêtements et accessoires (29%), en passant par la soie et textiles (6%), les parfums et beauté (4%), l’horlogerie (4%), les arts de la table… ;

- Modèle d’affaires fondé sur l’intégration verticale, le « pouvoir de la main », le maintien en France des savoir-faire des 5 600 artisans dans 51 sites de production (sur un total de 64) et le partage aux 3 tiers de la valeur créée (investissements, actionnaires, mise en réserve) ;

- Société contrôlée par les actionnaires familiaux (66,7% du capital et 78,1% des droits de vote) dont Axel Dumas (représentant de la société Emile Hermès) est gérant commandité, Eric de Seynes présidant le conseil de surveillance.

Enjeux

- Agilité du modèle d’affaires :

- modèle artisanal d’excellence : intégration verticale, force de la création, dynamique multi-locale et résilience via l’autonomie financière,

- communication singulière sur l’exclusivité de ses produits, notamment les iconiques disponibles en « petite quantité » et vendus sans rabais, tels les sacs à la valeur de revente supérieure à celle du prix d’achat,

- approche omnicanale avec un objectif de 1 Md€ de chiffre d’affaires ;

- après la beauté, diversification dans la haute-couture d’ici 2027,

- innovation inhérente au métier de créateur, avec Petit H, Hermès Horizon ;

- Stratégie environnementale de neutralité carbone en 2030 :

- réduction de 63,7%, vs 2018, et compensation à 100% des émissions carbone des activités propres et de 50,5% des émissions des fournisseurs,

- 3ème engagement dans les fonds carbone Livelihoods,

- d’ici 2025, arrêt des plastiques à usage unique,

- qualité des matières premières certifiée par des tiers indépendants (100% pour les filières cuirs et textiles),

- réparabilité au cœur de la conception ;

- Capacité de résistance aux effets de mode et aux contextes économiques grâce à l’image « classique » au caractère intemporel et à la récurrence des comportements de la clientèle, à la recherche de « beaux cadeaux » ;

- Solidité financière saine combinant maintien des investissements opérationnels & immobiliers et générosité envers les actionnaires : 17,3 Mds de capitaux propres, 12 Mds€ de trésorerie nette et 3,8 Mds€ d’autofinancement libre.

Défis

- Sensibilité forte aux variations de change, 80% de la production étant en France pour un chiffre d’affaires réalisé à plus de 70% hors de la zone euro ;

- Evolution des écarts de prix – de 50% – entre l’Europe et le reste du monde ;

- Retombées des investissements dans les capacités de production

- d’ici 2027, 3 nouvelles maroquineries en France portant leur nombre total à 26 et travaux sur le site Textile lyonnais- et dans le réseau de distribution

- services omnicanaux et ouvertures de magasins notamment en Asie ;

- Montée en puissance de l’activité au Moyen-Orient ;

- Confiance dans une « progression du chiffre d’affaires à taux constants ambitieux » pour 2025 ;

- Dividende 2024 de 16€ assorti d’un dividende exceptionnel de 10€.