Groupe ADP pénalisé par une note de Jefferies
information fournie par AOF 17/12/2025 à 10:22

(AOF) - ADP (-0,54%, à 128,80 euros) recule en bourse après la dégradation de Jefferies. La banque d’investissement américaine est passée d’Acheter à Conserver sur le titre de l’exploitant de plateformes aéroportuaires, en relevant toutefois son objectif de cours de 125 à 134 euros. Les analystes estiment que le titre a connu une période de surperformance récemment qui lui a permis de revenir sur des niveaux inédits depuis la mi-juillet 2024.

Cette dégradation intervient également alors que le titre " entre dans une phase d'incertitude concernant le projet de plan industriel et l'approche d'un cycle important de dépenses d'investissement " expliquent les analystes.

Le 10 décembre dernier, Groupe ADP a dévoilé un projet de contrat de régulation économique (CRE) pour la période 2027-2034, une proposition destinée à réussir la transformation des aéroports parisiens et renforcer leur compétitivité.

Jefferies estime que la proposition d'ADP est le scénario le plus optimiste, et qu'il faudra être particulièrement attentif à toute révision à la baisse des rendements, à tout élargissement du périmètre des investissements non régulés ou toute intensification de l'incertitude politique. Tous ces éléments constituent des risques pour le titre.

Les analystes s'interrogent également sur l'absence de prévisions sur les investissements non régulés qui continue de peser sur les hypothèses de flux de trésorerie disponible à court terme. Ils pensent qu'ils devraient représenter environ 20% de l'investissement total d'ADP, contre une moyenne de 20-30% sur la période 2011-2019, ce qui place les estimations de Jefferies concernant les dépenses d'investissement à environ 100 millions d'euros par an au-dessus du consensus.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Points-clé

- Numéro 1 mondial de la gestion aéroportuaire avec 365 millions de passagers dont 103 à Paris et 26 plateformes, né en 1945 ;

- Chiffre d’affaires record de 6,2 Mds€ réparti en 4 pôles – les activités aéronautiques pour 33 %, l’international & développements aéroportuaires pour 32 %, dont le turc TAV pour 27 %, les commerces et services pour 31 %, dont Extime Duty Free Paris (13 %) et Extime Travel Paris (3 %) puis l’activité immobilière des terminaux (ADP étant l’un des plus grands propriétaires fonciers d’Ile-de-France) pour 5 % ;

- Ambition : consolidation de la place de numéro 1 mondial dans la conception, la construction et l’exploitation d’aéroports, s’appuyant sur les accords avec les compagnies aériennes et sur une stratégie environnementale volontariste ;

- Capital détenu à 50,6 % par l’État français (60,3 % des droits de vote), le groupe Vinci (8 % et 9,7 %) et Crédit agricole assurances (7,7 %), Philippe Pascal étant président-directeur général du conseil de 18 administrateurs assisté de Justine Coutard à la direction générale déléguée.

Enjeux

- Agilité d’un modèle d’affaires décloisonné et mené par une direction exécutive remaniée en 5 pôles -aménagement & parties prenantes, innovation, finances & stratégie, distribution & hôtellerie, ressources humaines :

- focus sur les services aux clients visant pour 2025 au moins 65 % des vols partant à l’heure, une offre à 50 % des passagers d’un parcours biométrique (8 aéroports du groupe parmi les 100 meilleurs, Roissy étant au 7 ème rang),

- partenariat avec Air France « Connect France » pour les aéroports parisiens : concentration des investissements, amélioration des correspondances avion-train-RER, refonte des terminaux…,

- stabilisation à 28 ans de la maturité moyenne du portefeuille de concessions,

- exploitation du parc immobilier avec l’extension de l’offre d’hospitalité Extime, à Paris et à l’international,

- gestion dynamique de la dette,

- écosystème digital global centré sur la donnée, via 100 routes internationales et la smartisation des aéroports, l’innovation étant focalisée sur les prestations télécom & mobilités via le Hub One ;

- Stratégie environnementale de neutralité carbone en 2050 :

- 2030 : réduction de 68 %, vs 2019, des émissions directes de CO2 à Paris,

- 2035 : réduction de 90 % à Paris,

- amélioration de la qualité de l’air, valorisation des déchets, usage de 10 % d’énergies bas carbone, électrification de la flotte de roulage et préservation de la biodiversité,

- budget carbone pour les cycles de vie des investissements de + 5 M€,

- partenariat avec Saclay dans les projets durables suivis dans le nouveau Green Hub d’innovation dans l’aéroport de Roissy,

- en 2025, intégration de critères RSE dans la rémunération de tous les salariés ;

- Situation financière encore tendue : à fin juin, dette de 8,7 Mds€ supérieure aux fonds propres (5,1 mMds€) avec un effet de levier de 4,1 mais garantie de la dette par l’État et trésorerie de 1,7 Md€.

Défis

- Forte corrélation à la santé financière des compagnies aériennes, notamment EasyJet et AirFrance-KLM, 1er et 2ème opérateurs à Paris ;

- Évolution du taux de dépense par passager à Paris (niveau record de 32,1 €) ;

- Après la liaison Paris-Orly en 2024, attente de la livraison du Paris-Roissy-CDG Express ;

- Préparation pour 2027 du CRE ou contrat de régulation économique de l’aéroport de Roissy, fondé sur une hypothèse de croissance annuelle de 1,5 % du trafic passagers, avec attente du vote prochain d’une loi portant à dix ans la durée d’un CRE ;

- Poursuite du déploiement de l’indien GMR Airports, détenu à 45,7 % et gérant 7 aéroports, en Inde, Indonésie et Grèce (110 M de passagers) ;

- Après une hausse de 9,6% du chiffre d’affaires et une chute de 72 % du résultat net, affecté par les dépréciations de la livre turque et de la roupie indienne et par la contribution fiscale exceptionnelle, objectifs 2025 confirmés : trafic en hausse de 2,5 % à + 4 % pour Paris Aéroports, investissements de 1,4 Md€ et hausse de + 7 % du bénéfice opérationnel, levier de la dette de 3,5 à 4.

- Dividende 2024 de 3 €, soit le bas du plancher cible d’une politique de distribution à 60%, et engagement sur ce plancher pour 2025.