Lecornu 2: un gouvernement mêlant techniciens, société civile et politiques
information fournie par AFP 12/10/2025 à 23:05

Le Premier ministre Sébastien Lecornu, le 11 octobre 2025 à l'Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne ( POOL / Martin LELIEVRE )

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a dévoilé dimanche soir le "gouvernement de mission", mêlant "société civile", "profils expérimentés et de jeunes parlementaires", avec lequel il entend déposer un projet de budget à temps et contrer ensuite la censure promise par les oppositions.

Annoncé tard dimanche, deux jours exactement après la renomination de Sébastien Lecornu à Matignon, le gouvernement compte 34 ministres dont 19 de plein exercice.

Il est composé de nouvelles têtes, pour beaucoup venues de la société civile, comme l'étaient les gouvernements d'Édouard Philippe lors du premier quinquennat d'Emmanuel Macron.

Laurent Nuñez le 18 septembre 2025, à Paris ( AFP / Ludovic MARIN )

Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, succède à Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur, l'ancien PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou est nommé au Travail, Monique Barbut, l'ex-présidente de WWF France, à la Transition écologique ou encore l'ex-directeur général de l'Enseignement scolaire, Édouard Geffray à la tête du ministère de l'Éducation, ce qui entraîne la sortie du gouvernement d'Élisabeth Borne.

Jean-Pierre Farandou le 25 septembre 2024 à Strasbourg ( AFP / Abdesslam MIRDASS )

Autres nominations de personnalités moins connues, politiques cette fois: le chef des députés indépendants Liot Laurent Panifous se voit confier les Relations avec le Parlement, la députée macroniste Maud Bregeon est porte-parole du gouvernement.

Plusieurs ministres, déjà présents dans les gouvernement Bayrou ou Barnier, demeurent en place.

Catherine Vautrin quitte le Travail et la Santé pour les Armées, Jean-Noël Barrot reste aux Affaires étrangères et Rachida Dati à la Culture.

- exclusions de LR -

Moins attendu alors que Sébastien Lecornu s'était donné comme consigne de ne s'entourer que de personnalités n'ayant aucune ambition pour 2027, Gérald Darmanin a été re-nommé Garde des Sceaux. Il a annoncé sur X se mettre "en congé de (ses) activités partisanes".

Vincent Jeanbrun à L'Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne, le 11 octobre 2025 ( POOL / Martin LELIEVRE )

Plusieurs ministres viennent par ailleurs du parti Les Républicains (LR), dont la consigne donnée samedi était pourtant de ne pas participer au gouvernement. Parmi eux, Annie Genevard, reconduite à l'Agriculture ou Vincent Jeanbrun, porte-parole du parti qui s'installe au Logement.

LR a annoncé leur exclusion.

Les trois ministres venant d'Horizons, le parti d'Edouard Philippe qui s'était montré réservé sur une participation au gouvernement, dont Naïma Moutchou à l'Outre-mer, ne seront en revanche pas exclues, a précisé une source au groupe dimanche soir.

- Menaces de censure -

Un premier conseil des ministres doit se tenir mardi à 10H00, au retour du président Macron d'un déplacement en Egypte et après des passations de pouvoir dans les ministères que le chef du gouvernement a souhaité "sobre", sans presse et sans invités.

Il s'agit, a expliqué Sébastien Lecornu sur X, de "donner un budget à la France avant la fin de l'année".

Après les défections successives de LR et de la plupart de ses alliés centristes ce week-end, il a remercié ceux qui "s'engagent dans ce gouvernement en toute liberté, au-delà des intérêts personnels et partisans".

Naima Moutchou, le 21 juin 2022, à Paris ( AFP / Bertrand GUAY )

Son entourage a fait savoir qu'il allait donner "des instructions sur la sobriété du gouvernement" avec notamment un "nombre de membres de cabinet très limité".

Le communiqué a été diffusé après un entretien de plus de trois heures à l'Elysée entre le Premier ministre et Emmanuel Macron.

Le temps pressait. La Constitution prévoit que le Parlement dispose de 70 jours pour examiner le budget avant le 31 décembre. Il faudrait donc que le projet de budget lui soit transmis mardi.

Ce nouvel exécutif, beaucoup moins resserré qu'annoncé, a toutefois une durée de vie qui pourrait être limitée, dans la mesure où l'ensemble des oppositions - hors PS qui attend la garantie d'une suspension de la réforme des retraites - menacent Sébastien Lecornu de censure.

"Ne déballez pas trop vite vos cartons, la censure arrive", a de fait tweeté la cheffe du groupe insoumis à l'Assemblée, Mathilde Panot.

Et Marine Le Pen (RN) a annoncé le dépôt d'une motion de censure dès lundi.

Si Sébastien Lecornu devait démissionner à nouveau, la perspective d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale, réclamée notamment par l'extrême droite, se rapprocherait davantage. Le président Emmanuel Macron a d'ailleurs brandi cette menace aux différents partis qu'il a reçus vendredi, s'ils ne parvenaient pas à s'entendre.

A l'exception du PS, l'ensemble de la gauche a appelé à la censure immédiate, de même que le Rassemblement national et son allié Eric Ciotti.

Le groupe socialiste (69 députés) est le seul capable de sauver le nouveau gouvernement et a du coup placé la barre assez haut. Sans confirmation "de l'abandon du 49-3, des mesures pour protéger et renforcer le pouvoir d'achat des Français et une suspension immédiate et complète de la réforme des retraites, nous le censurerons", a-t-il prévenu dès vendredi.