Ghosn a fui après l'arrêt d'une surveillance demandée par Nissan-sources
information fournie par Reuters 04/01/2020 à 11:54

 (Actualisé avec déclarations d'un avocat de Carlos Ghosn,
derniers paras)
    par Maki Shiraki
    TOKYO, 4 janvier (Reuters) - Carlos Ghosn s'est enfui de sa
résidence à Tokyo après qu'une société privée de sécurité
embauchée par Nissan a arrêté sa surveillance, ont déclaré
samedi trois sources proches du dossier à Reuters.
    L'ancien patron de Renault  RENA.PA  et de Nissan  7201.T ,
qui était assigné à résidence au Japon dans l'attente de son
procès pour malversations financières, a fui au Liban en début
de semaine pour se soustraire à un système judiciaire japonais
qu'il qualifie de "partial".  
    Carlos Ghosn affirme avoir organisé seul son départ, sans
l'assistance de sa famille.  
    Dans l'attente de son procès, Nissan avait chargé une
société de sécurité de le surveiller pour s'assurer qu'il ne
rencontrait aucune personne impliquée dans le dossier, ont dit
les trois sources.
    Les avocats de Carlos Ghosn avaient cependant exigé l'arrêt
de cette surveillance au motif qu'elle violait les droits de
leur client et l'ancien président de Nissan s'apprêtait à porter
plainte contre cette société de sécurité, ont ajouté les
sources.
    L'entreprise de sécurité a mis fin à sa surveillance le
dimanche 29 décembre, selon ces sources.
    Un porte-parole de Nissan a refusé de s'exprimer.
    D'après la télévision publique japonaise NHK, qui s'appuie
sur des sources proches de l'enquête, les images d'une caméra de
surveillance installée par les autorités au domicile de Carlos
Ghosn montrent l'ancien patron de Nissan et Renault quitter seul
sa résidence aux alentours de midi ce même dimanche mais aucune
image ne le montre revenir.
    On ignore comment Carlos Ghosn, qui possède des passeports
français, brésilien et libanais, a organisé sa fuite. Il est
entré légalement au Liban à l'aide d'un passeport français, a
dit une source à Reuters.
    
    "J'AI ÉTÉ TRAHI", DIT UN AVOCAT
    MNG Jet, entreprise turque de location de jets privés, a
déclaré vendredi que Carlos Ghosn avait illégalement utilisé
deux de ses avions pour se rendre du Japon au Liban, notamment
grâce à l'aide d'un employé ayant falsifié des documents pour ne
pas faire apparaître le nom de l'ancien patron de Nissan sur la
liste des passagers.
    Ces deux avions, dont l'un a volé d'Osaka à Istanbul et
l'autre d'Istanbul à Beyrouth, ont été loués à deux clients
différents pour des missions qui "ne semblaient pas liées l'une
à l'autre", a dit MNG Jet.
    Carlos Ghosn dément les accusations de malversations
financières portées contre lui au Japon. Il a dit qu'il
s'exprimerait publiquement mercredi prochain.
    L'un de ses avocats au Japon, Takashi Takano, a écrit samedi
sur son blog avoir ressenti un mélange de colère et de sentiment
de trahison en apprenant la fuite de Carlos Ghosn. Il dit aussi
pouvoir en partie comprendre un tel geste.
    "J'ai été trahi. Mais ce n'est pas Carlos Ghosn qui m'a
trahi", écrit Takashi Takano.
    D'après cet avocat, Carlos Ghosn n'avait pas le droit de
parler avec sa femme Carole sans autorisation et il craignait
aussi de ne pouvoir bénéficier d'un procès équitable.
    Le 24 décembre, Carlos Ghosn et sa femme ont pu s'entretenir
en présence d'un avocat via une liaison vidéo et ils ont discuté
de leurs enfants, de leurs proches et de leurs amis, rapporte
Takashi Takano, présent durant cet appel.
    Peu de personnes auraient pu s'enfuir comme l'a fait Carlos
Ghosn mais si elles disposent des moyens et des contacts
nécessaires, il est certainement tentant de l'envisager,
poursuit l'avocat.

 (Maki Shiraki et Norihiko Shirouzu
version française Bertrand Boucey)