GESTION-Prudence sur l'indépendance de la Fed et les grandes capitalisations pour 2026-Amundi information fournie par Reuters 19/11/2025 à 14:52
L'atteinte à l'indépendance de la Réserve fédérale (Fed) américaine reste un risque pour 2026, a déclaré mercredi Vincent Mortier, directeur des investissements chez Amundi, qui s'est montré également prudent à l'égard des grandes capitalisations boursières.
Amundi, premier gestionnaire d'actifs européen avec 2.300 milliards d'euros d'actifs sous gestion, dit privilégier les obligations européennes et des marchés émergents et sous-pondérer les actions des grandes capitalisations.
"L'un des principaux risques pour l'année prochaine est la forte pression exercée sur la Fed", a déclaré Vincent Mortier aux journalistes.
"Tout changement dans la gouvernance ou l'indépendance de la Fed pourrait être une chose totalement inattendue", a-t-il ajouté, affirmant qu'il ne serait pas surpris de voir un taux d'intérêt de la Fed "beaucoup plus bas" en 2026.
Le président américain Donald Trump a attaqué à plusieurs reprises le patron de la Fed, Jerome Powell, qu'il accuse d'être trop lent à baisser les taux d'intérêt, malgré une inflation persistante et une croissance économique soutenue.
Le mandat de Jerome Powell prend fin en mai prochain et il devrait être remplacé par un candidat dont les opinions se rapprochent davantage de celles du locataire de la Maison blanche.
Vincent Mortier a déclaré qu'Amundi sous-pondérait les actions des mégacapitalisations. Celles-ci restent présentes au sein des portefeuilles mais la position a été couverte avec des produits dérivés, a-t-il précisé.
Les Bourses mondiales sont sous pression depuis quelques semaines en raison des inquiétudes croissantes concernant les valorisations liées à l'intelligence artificielle (IA), en particulier les mégacapitalisations, un groupe qui comprend les "Sept Magnifiques" du secteur technologique.
"La sous-pondération de toutes ces mégacapitalisations est très douloureuse cette année. Nous ne pouvons pas sortir de ce marché, mais nous sommes heureux de consacrer une partie de la performance de certains actifs à l'achat d'une assurance", a-t-il déclaré.
Le gestionnaire d'actifs s'attend par ailleurs à ce que le dollar américain, qui a perdu plus de 8% cette année par rapport à un panier de devises =USD , continue de s'affaiblir.
Le rendement de référence du Trésor américain à 10 ans devrait quant à lui se maintenir autour de 4%, ajoute Vincent Mortier, qui s'attend à ce que les responsables interviennent si les rendements dépassent largement ce niveau, compte tenu des inquiétudes concernant la viabilité de la dette américaine.
Vincent Mortier explique que le Trésor américain pourrait privilégier l'émission de titres de créance à plus courte échéance, plutôt qu'à plus longue échéance, et que la Fed pourrait reprendre ses achats d'obligations si cela s'avérait nécessaire.
Les "stablecoins" adossés au dollar et les projets d'assouplissement des exigences en matière de capital des banques sont également des stratégies claires pour stimuler la demande de bons du Trésor, a-t-il ajouté.
Vincent Mortier parie par ailleurs que la Banque centrale européenne (BCE) sera "beaucoup plus 'dovish' accommodante " que ne le prévoient les marchés, selon lesquels Francfort maintiendra ses taux d'intérêt inchangés en 2026.
(Reportage Yoruk Bahceli ; version française Diana Mandia, édité par Blandine Hénault)