GESTION-Pas d'issue pour l'Europe après l'élection de Trump - Richelieu information fournie par Reuters 13/11/2024 à 15:28
L'écart entre les actifs européens et américains est voué à se creuser avec la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, estime Alexandre Hezez, directeur des investissements chez Richelieu Gestion, qui prévient par ailleurs contre une lecture hâtive du programme du président élu des Etats-Unis.
La divergence de performance entre actions européennes et américaine se creuse en 2024: le S&P 500 progresse de 26% sur l'année, contre 6% pour l'Eurostoxx 50.
La performance économique américaine et l'incertitude politique en zone euro, alimentée par les législatives anticipées en France, a contribué à ce découplage.
"Les Etats-Unis sont la seule zone de croissance au monde, et zone euro et Chine en ont tiré parti pour y exporter leurs biens et services depuis le COVID", a expliqué Alexandre Hezez lors d'un point presse organisé jeudi.
"L'idée de Donald Trump est de faire payer cette croissance".
De nouvelles barrières tarifaires pèseraient sur l'économie du Vieux Continent, qui pourrait avoir d'autant plus de mal à riposter que les importations en provenance des Etats-Unis, comme le gaz naturel, sont essentielles à l'activité du bloc.
A l'inverse, la Chine, qui dispose aussi de davantage de marge de manoeuvre budgétaire, pourrait instaurer des contrôles à ses exportations de matières premières essentielles ou en ciblant certaines entreprises américaines.
Le pays pourrait aussi favoriser la demande intérieure afin de limiter sa dépendance aux exportations.
"La proximité d'Elon Musk (le dirigeant de Tesla) avec Donald Trump pourrait limiter le durcissement du ton envers la Chine, car il s'agit du deuxième marché mondial pour le constructeur automobile", souligne encore le gérant.
"Paradoxalement, l'élection de Trump sera plus négative sur l'Europe que sur la Chine", résume Alexandre Hezez.
Pour autant, le gérant prévient que les impacts économiques à moyen terme d'une présidence Trump demeurent incertains.
"L'élection a été perdue (pour les démocrates) sur le thème de l'inflation", rappelle le stratégiste. "Donald Trump sera attentif à la dynamique des prix", et deux éléments de son programme pourraient limiter les pressions sur les prix.
"Une diminution du nombre d'emploi publics pourrait permettre de réinjecter de la main d'oeuvre sur les marchés du travail et limiter les impacts inflationnistes des mesures de restriction de l'immigration", estime Alexandre Hezez.
Le secteur public employait 23,5 millions de personnes en octobre, selon le département du Travail.
Le second facteur tiendrait à la baisse des prix du pétrole, permise par une déréglementation et un soutien plus important à la filière pétrolière et gazière.
Et malgré le contrôle républicain du Congrès, "l'effet 'Liz Truss' joue et Donald Trump sait qu'il ne peut pas faire comme bon lui semble, au risque de raviver des tensions de marché, voire de déclencher un krach obligataire", ajoute Alexandre Hezez.
Le projet de budget du gouvernement britannique de Liz Truss en 2022 avait été jugé insoutenable par les marchés, faisant s'effondrer les obligations souveraines en quelques semaines et finissant par pousser la Première ministre à la démission.
Richelieu Gestion sous-pondère désormais les actions européennes et est repassé "neutre" sur les actions américaines depuis l'élection.
(Rédigé par Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)