GESTION-La politique pourrait peser sur le marché du crédit-CPR AM

information fournie par Reuters 14/02/2019 à 16:01
    * L'inquiétude grandit sur le marché du crédit
    * Le risque politique européen menace la dette d'entreprise
    * Le segment BBB et les "leveraged loans" à surveiller
    * De gros émetteurs dans l'automobile sous pression

    par Patrick Vignal
    PARIS, 14 février (Reuters) - Le risque politique européen
pourrait peser à court terme sur le marché du crédit,
estime-t-on chez CPR Asset Management.
    Les inquiétudes sur le fonctionnement du marché des
obligations émises par les entreprises augmentent, a déclaré
jeudi Aude Lerivrain, responsable de l'analyse et de la
stratégie crédit de la société de gestion, lors d'une conférence
à Paris.
    Les craintes sont "significatives" pour cette classe
d'actifs alors qu'elle sont "modérées" pour les marchés
d'actions et "minimales" pour la dette souveraine, selon une
étude de la Banque des règlements internationaux (BRI) citée par
l'experte.
    Les risques les plus immédiats proviennent, selon elle, de
l'Italie, qui vient d'entrer en récession technique avec deux
trimestres consécutifs de contraction du produit intérieur brut
(PIB), et du Royaume-Uni, où la menace d'une sortie de l'Union
européenne (UE) sans accord est loin d'avoir disparu.
    "Les risques liés au Brexit ne paraissent pas correctement
intégrés par les marchés, qui font preuve d'une certaine
complaisance sur ce dossier", a-t-elle dit.
    A moyen terme, des inquiétudes existent aussi sur la dette
d'entreprise classée BBB, soit juste au-dessus de la catégorie
spéculative ("high yield"), par les agences de notation,
a-t-elle ajouté.
   Ces inquiétudes résultent de la forte croissance de ce
segment ces dernières années et des risques de dégradation en
"high yield" de gros émetteurs, a-t-elle expliqué.
    
    LE SECTEUR AUTOMOBILE SOUS PRESSION
    "Nous n'attendons pas de risque systémique posé par ce
segment BBB en 2019 sur la base de nos anticipations d'un
ralentissement économique modéré aux Etats-Unis et en Europe", a
ajouté Aude Lerivrain.
    "Mais la sous-performance de certains émetteurs est
importante à partir du moment où le marché anticipe un risque
important de passage en high yield".
    Ce risque est très présent notamment sur le secteur
automobile, confronté à une série de vents contraires, avec
plusieurs gros émétteurs classés en BBB, parmi lesquels
Volkswagen  VOWG_p.DE  et Renault  RENA.PA  ou encore General
Motors  GM.N  et Ford  F.N  aux Etats-Unis, ce dernier
constructeur étant clairement menacé, selon Aude Lerivrain, de
voir sa note de crédit dégradée en catégorie spéculative.
    Autre risque de moyen terme, celui représenté par le marché
américain des "leveraged loans", qualifié par certains de bombe
à retardement, a-t-elle poursuivi.
    Comme la dette BBB, ces prêts à effet de levier accordés aux
entreprises aux Etats-Unis ont connu une très forte croissance
ces dernières années, favorisée par leurs taux variables.
    Les facteurs susceptibles de transformer les risques pesant
sur ces segments en réalité seraient un fort décrochage de la
croissance économique ou une remontée rapide des taux, selon
Aude Lerivrain.
    Ce scénario n'est pas celui que privilégie la société de
gestion, qui ne voit pas de récession globale se profiler en
2019 et pense que les grandes banques centrales demeureront
prudentes face au ralentissement économique.   
    

 (Patrick Vignal, édité par Wilfrid Exbrayat)