Gaz : la Hongrie signe un contrat GNL inédit avec le français Engie et loue la diversification de ses approvisionnements
information fournie par Boursorama avec Media Services 02/10/2025 à 15:27

Budapest a conclu un accord avec l'énergéticien, le "plus durable" de son histoire en matière de gaz naturel liquéfié. Ce deal intervient au coeur des débats au sein de l'Union européenne sur la connexion persistante aux hydrocarbures russes, auxquels le gouvernement hongrois répète ne pas vouloir renoncer.

Peter Szijjarto, à Budapest, le 8 octobre 2025 ( AFP / ATTILA KISBENEDEK )

"Le contrat GNL le plus durable de Hongrie". Par la voix de son ministre du Commerce, le gouvernement hongrois a annoncé jeudi 2 octobre la conclusion d'un contrat de dix ans avec le français Engie pour son approvisionnement en gaz naturel liquéfié. L’accord, conclu entre la société publique hongroise MVM CEEnergy et Engie Energy Marketing Singapore, prévoit la livraison annuelle de 400 millions de mètres cubes de GNL entre 2028 et 2038, soit un total de quatre milliards de mètres cubes .

Rapporté à la consommation hongroise de gaz – environ 8,5 milliards de mètres cubes en 2023 –, ce volume ne représente qu’environ 4,5% de la demande annuelle du pays, mais cet accord illustre une tentative de diversification de l'approvisionnement de la Hongrie qui refuse de renoncer au gaz russe. Selon les derniers chiffres, la Hongrie a importé quelque 7,8 milliards de mètres cubes de gaz entre octobre 2023 et septembre 2024.

Diversifier n'est pas remplacer, martèle Budapest

Le ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce, Péter Szijjarto, a souligné que "ce contrat (...) marque une étape importante pour la sécurité énergétique de la Hongrie", en insistant sur l'importance de la diversification des fournisseurs. "Notre approvisionnement énergétique n'est sûr que si nous pouvons importer du plus grand nombre de sources et de voies d'approvisionnement. La diversification implique l'ajout de nouvelles sources tout en conservant les sources existantes", a t-il ajouté, avec en toile de fond le bras de fer entre Budapest et l'UE sur la question du gaz russe.

Selon Hungary Today , le ministre hongrois a dans le même temps affiché ses distances avec certaines interprétations de cette diversification. "Pour nous, la diversification veut dire être capable de nous approvisionner en énergie auprès d'autant de fournisseurs et de voies que possible, pas remplacer des relations déjà existantes et viables", a t-il insisté. Le ministre rappelle sur ce point la position géographique enclavée du pays, sans accès à la mer, qui a mené la Hongrie à connecter son réseau de gaz avec six de ses sept voisins.

La veille, le Premier ministre hongrois Viktor Orban avait pour sa part affirmé que la Hongrie n'est pas prête à renoncer à importer du pétrole russe, comme le réclament les Etats-Unis de Donald Trump, et une majorité de pays de l'UE. "Nous n'avons aucune autre option, aucune", a-t-il lancé, assurant au passage que le président américain ne lui avait jamais demandé de fermer le robinet du pétrole russe. "Le président américain respecte la souveraineté des autres pays, il m'a juste demandé quelle est la situation, c'est une différence importante, il n'est pas" comme les Européens, "qui sont plus agressifs que les Américains", a-t-il déclaré.

Le GNL algérien et américain d'Engie

De son côté, la direction d'Engie juge que l'accord gazier avec Budapest aide la Hongrie et la région (Europe centrale et orientale) à diversifier leurs sources d’approvisionnement". Le fournisseur de gaz historique français s'approvisionne en GNL pour ses clients grâce à des contrats de long terme, notamment en Algérie et aux États-Unis.

La conclusion de cet accord survient alors que la Commission européenne a présenté une feuille de route visant à mettre fin aux importations de gaz russe dans l'Union européenne (UE) d'ici fin 2027. Bruxelles veut interdire les nouveaux contrats dès cette année, puis éteindre progressivement l’ensemble des livraisons deux ans plus tard. En 2024, la Russie assurait encore 19% de l'approvisionnement en gaz de l'UE, dont près de la moitié sous forme de GNL. Le président américain Donald Trump s'est dit prêt à prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, mais à la condition que les Européens arrêtent d'acheter des hydrocarbures russes, dont les ventes sont l'une des principales sources de financement de la machine de guerre russe contre l'Ukraine.