Franchisés, concurrence, gouvernance: une assemblée générale chargée pour Carrefour information fournie par Boursorama avec AFP 26/05/2025 à 08:20
Carrefour réunit ses actionnaires mercredi pour une assemblée générale qui s'annonce animée, entre conflit juridique à propos de ses franchisés, surveillance des marchés et pression concurrentielle, le tout à un an de la fin du mandat du PDG, Alexandre Bompard.
Contrairement aux deux éditions précédentes, c'est au siège du groupe à Massy, en région parisienne, et non sur les docks d'Aubervilliers que se tiendra cette réunion annuelle des actionnaires.
Et cette assemblée générale pourrait être aussi mouvementée que l'année dernière, lorsque les syndicalistes la CGT étaient venus perturber le discours d'Alexandre Bompard à coups de slogans, chansons et invectives.
- Assignations en justice -
Car le géant de la distribution reste vivement critiqué, par la CFDT notamment, pour s'appuyer de plus en plus sur l'exploitation de magasins en franchise et en location-gérance, une variante dans laquelle le distributeur reste propriétaire du fonds de commerce.
Le syndicat a assigné le groupe en justice, estimant qu'il s'agit d'un plan social déguisé concernant plus de 27.000 salariés depuis 2018.
A la fronde de la CFDT s'ajoute celle d'une partie des franchisés, réunis sous l'égide de l'association des franchisés de Carrefour (AFC), qui revendique 260 magasins. Soutenue par le ministère de l'Economie, elle a également assigné Carrefour en justice.
Carrefour se défend en expliquant que cela lui permet de maintenir ou développer sa part de marché - il est numéro 2 en France, derrière E.Leclerc - sans supporter certains coûts, à commencer par les salaires et les loyers.
L'enseigne estime par ailleurs que le passage de magasins en location-gérance évite de les fermer.
Seul groupe coté parmi ses principaux concurrents, Carrefour fait face à une forte pression concurrentielle, dans un secteur où la guerre des prix fait rage.
Cela se ressent sur sa valeur en Bourse, autour de 10 milliards d'euros, ce qui fait du groupe une cible possible.
La Lettre révélait à ce titre vendredi que le géant néerlandais Ahold Delhaize avait entamé fin 2024 des discussions pour racheter Carrefour, avant de jeter l'éponge en janvier.
Dans ce contexte et à l'approche de l'assemblée générale, un petit fonds français qui se revendique comme activiste, Whitelight Capital, dénonce les choix stratégiques d'Alexandre Bompard, mettant en parallèle la rémunération du PDG et la baisse de la valeur des actions depuis son arrivée à la tête du groupe.
Sujette à des polémiques ces dernières années, la rémunération du PDG, à nouveau au menu mercredi, sera en baisse par rapport à l'année dernière.
Si les actionnaires de Carrefour lui donnent le feu vert, le dirigeant touchera 3,4 millions d'euros pour 2024, soit 1 million d'euros de moins que l'année précédente. A cela s'ajouteront plus tard, sous critères de performances, des actions valorisées au maximum 5,6 millions d'euros.
La rémunération d'Alexandre Bompard pour 2025 prévoit la même part fixe que l'année dernière (1,6 million d'euros), et une part variable, là encore sous critères de performances, établie à 3,04 millions d'euros.
- A nouveau candidat ? -
Arrivé en 2017 à la tête de l'entreprise, le PDG pourrait par ailleurs être interrogé mercredi sur son intention ou non de se présenter pour un nouveau mandat, alors que l'actuel court jusqu'en 2026 après avoir été prolongé en 2023 pour être aligné sur le calendrier du plan stratégique du distributeur.
La dernière année de ce plan, axé sur le développement d'une offre discount, doit notamment être consacrée à une revue stratégique des actifs du groupe afin de se concentrer sur les activités et les pays les plus porteurs, ainsi qu'à l'objectif d'atteindre les 40% de produits de marque distributeur dans les ventes de Carrefour.
Dernier sujet qui pourrait faire irruption lors de l'assemblée de mercredi: la présence de Carrefour via un franchisé en Israël, dans le contexte de guerre avec le Hamas et la crise humanitaire que celle-ci a déclenchée dans la bande de Gaza.
Le PDG de Carrefour avait déjà été questionné par un actionnaire en 2024. Alexandre Bompard avait alors assuré que son groupe n'avait "pas de magasin en territoires occupés sous marque Carrefour".