* La compagnie emploie 2.000 personnes, dont 1.450 en CDI
* Les offres risquent d'être jugées insuffisantes
* Les syndicats craignent une vente à la découpe
* Les incertitudes européennes continuent à planer sur le
dossier
par Jean-François Rosnoblet
MARSEILLE, 23 septembre (Reuters) - Le tribunal de commerce
de Marseille examine vendredi les offres de reprises de la SNCM,
une étape cruciale pour la compagnie maritime placée en
redressement judiciaire en novembre dernier et qui emploie 2.000
personnes, dont 1.450 en CDI.
La décision sera mise en délibéré, probablement autour de la
mi-octobre selon une source judiciaire.
Les juges vont étudier les quatre offres de reprise déposées
avant le délai imposé de mardi minuit. Elles émanent de Baja
Ferries, en liaison avec le groupe STEF STF.PA , du
transporteur corse Patrick Rocca, de la société d'investissement
Med Partners de Christian Garin, ancien président du port de
Marseille, et du consortium d'entreprises Corsica Maritima.
De source proche du dossier, on indique que les repreneurs
potentiels de la Société nationale Corse Méditerranée ont
amélioré leurs offres initiales qui avaient été jugées
"insatisfaisantes", tant par les administrateurs judiciaires que
par les personnels de l'entreprise.
La justice a déjà rejeté, le 10 juin, des offres jugés "sans
commune mesure avec la valeur des actifs de la société" estimée
à plus de 200 millions d'euros et ce pourrait de nouveau être le
cas puisque l'offre maximale qui sera étudiée vendredi ne porte
que sur 21 millions d'euros.
"Dans ces conditions, et face à des plans de reprise
globalement très faibles, l'audience du tribunal risque de se
limiter à une présentation des offres", a dit à Reuters le
délégué CFE-CGC, Maurice Perrin.
Les offres restent conditionnées à la résolution des
contentieux européens qui pèsent lourdement sur l'avenir de la
compagnie maritime, dont l'actionnaire majoritaire est Trandev,
coentreprise entre Veolia VIE.PA et la Caisse des dépôts.
VENTE A LA DÉCOUPE ?
Il s'agit de la transmission de délégation de service public
(DSP) pour assurer les liaisons et des quelque 440 millions
d'euros d'aides publiques que la Commission européenne juge
illégales et dont elle réclame le remboursement, sauf s'il y a
cessation d'activité et reprise dans un périmètre plus réduit.
"Nous avons la conviction que Bruxelles devrait nous
permettre de lever ces conditions suspensives", ont déclaré
mercredi à la presse les conseils de Corsica Maritima, tout en
disant n'avoir reçu aucune réponse écrite de la Commission.
Le consortium, qui revendique 60% du fret entre le continent
et la Corse, vient d'enregistrer le soutien du président de
Brittany Ferries, qui se dit prêt à participer à la gouvernance
de Corsica Maritima en devenant membre d'honneur de son futur
conseil d'administration.
Si l'offre portée par le duo Stef-Baja Ferries reste la
favorite des experts du dossier, elle ne fait pas l'unanimité.
Le spécialiste européen de la logistique du froid et
propriétaire de la Compagnie Méridionale de navigation (CMN),
partenaire de la SNCM, s'est positionné pour reprendre les
liaisons avec la Corse, en complément de l'offre de Baja Ferries
qui ne concerne que les activités avec le Maghreb.
Un positionnement dénoncé par les autres candidats à la
reprise qui évoquent le risque d'un monopole exercé par Stef sur
les dessertes entre Marseille et la Corse. L'autorité de la
concurrence a été saisie sur la "question des concentrations".
"La Commission européenne attendra son avis avant de prendre
position", précise une source proche des instances européennes.
Le plan de reprise du duo, qui n'a été amélioré qu'à la
marge, a aussi provoqué la colère des personnels. "C'est une
offre hostile qui prépare la découpe de la compagnie, voire sa
liquidation", précise Maurice Perrin.
Le transporteur corse Patrick Rocca a pour sa part amélioré
son offre, notamment en terme d'effectifs, mais pas la
couverture financière de son projet déjà jugée peu convaincante
par la justice lors de sa dernière audience.
La dernière offre, celle de Med Partners, reste mystérieuse,
Christian Garin refusant de révéler l'identité de l'industriel
prêt à investir directement 12 millions d'euros et à faciliter
la levée de près d'une trentaine d'autres millions sous forme
d'obligations et d'encours bancaires.
(Edité par Yves Clarisse)