France-Ouverture du procès en appel du crash du vol Rio-Paris information fournie par Reuters 29/09/2025 à 01:20
Air France AIRF.PA et Airbus AIR.PA sont jugés en appel à compter de lundi pour l'accident du vol Air France AF447 entre Rio de Janeiro et Paris, qui s'est abîmé en pleine nuit dans l'Atlantique le 1er juin 2009, tuant l'ensemble des 228 personnes à son bord.
Poursuivies pour "homicides involontaires", les deux entreprises ont été relaxées par le tribunal correctionnel de Paris en 2023, soit quatorze ans après les faits, à l'issue d'un procès historique.
Les boîtes noires de l'Airbus A330 opéré par Air France ont été retrouvées seulement après deux années de recherche. Elles ont permis d'établir le givrage des sondes mesurant la vitesse de l'appareil comme point de départ de l'accident.
D'après les enquêteurs, les pilotes ont mal réagi face à la perte temporaire des données des sondes Pitot et ont entraîné le décrochage de l'avion.
Cependant, le procès a également mis au jour des discussions entre Air France et Airbus à propos de problèmes à répétition avec ces sondes.
A l'issue de neuf semaines de procès, la juge a relevé quatre faits de négligence imputables à Airbus et un autre imputable à Air France, tout en estimant qu'il était impossible de démontrer avec certitude, aux yeux de la loi, un "lien de causalité" direct entre ces négligence et l'accident, alors que l'appareil affrontait une tempête dans la région du pot au noir.
Le parquet général a fait appel de la décision, appelant à la tenue d'un nouveau procès de deux mois qui, au-delà de se prononcer sur des questions juridiques, devrait également servir à présenter un grand nombre d'éléments de preuve.
Cette catastrophe aérienne a été l'une des plus débattues dans l'industrie et a provoqué un certain nombre de modifications techniques et de changements dans la formation des pilotes.
Les procureurs ont reproché notamment à Airbus d'avoir été trop lent à réagir face au nombre croissant d'incidents impliquant les sondes de vitesse et ont reproché à Air France de n'avoir pas suffisamment communiqué auprès de ses pilotes pour que ceux-ci soient mieux préparés.
Airbus et Air France nient toute inconduite criminelle. Le procès devant le tribunal correction de Paris avait exposé des divisions amères entre ces deux fleurons français à propos des rôles respectifs des pilotes et des sondes, alors que l'accident constitue la plus grande catastrophe aérienne française.
Si la peine encourue par les entreprises est seulement une amende de 225.000 euros, les procureurs estiment que la tenue d'un nouveau procès peut avoir un effet cathartique pour les familles des victimes, qui ont dénoncé le verdict initial et promis de continuer à se battre pour que soit établie la responsabilité criminelle des deux entreprises.
Il est attendu que les patrons d'Airbus et d'Air France prennent la parole durant la première audience, qui doit s'ouvrir lundi à 13h30 (11h30 GMT).
(Tim Hepher; version française Jean Terzian)