France : les banques ont accru leurs financements à l'expansion des énergies fossiles en 2024
information fournie par Reuters 17/06/2025 à 07:24

Vue sur une centrale électrique au charbon

Les grandes banques françaises ont accordé plus de financements bancaires en 2024 aux sociétés actives dans l'expansion des combustibles fossiles qu'en 2023, selon un rapport publié mardi par huit organisations de défense de l'environnement.

BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE, Crédit Mutuel et La Banque Postale ont accordé un total de 20,39 milliards de dollars de financements bancaires à des société pétrolières, gazières et charbonnières actives dans l'expansion des combustibles fossiles en 2024 contre 15,92 milliards de dollars en 2023, selon le rapport "Banking on Climate Chaos" réalisé notamment par l'organisation non-gouvernementale (ONG) française Reclaim Finance.

Trois groupes bancaires ont augmenté leurs financements à ces sociétés : BNP Paribas et Société Générale ont chacune accordé 1,7 milliard de dollars de financement en plus au secteur en 2024, à 5,9 milliards et 4,7 milliards respectivement. Enfin, BPCE a accru ses financements de 1,4 milliard en 2024, à 4,2 milliards.

Surtout, le groupe regroupant les réseaux Banque Populaire et Caisse d'Epargne est le seul à voir son financement des entreprises développant de nouveaux champs pétroliers et gaziers croître entre 2021 et 2024 avec une augmentation annuelle moyenne de 24% pour atteindre 2,5 milliards de dollars l'année dernière.

"Alors que certaines de ses concurrentes ont amorcé une baisse de leurs financements aux entreprises développant de nouveaux champs pétroliers et gaziers, BPCE fait le choix inverse", regrette Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance citée dans un communiqué.

"Le groupe BPCE tient à démentir les données présentées dans ce rapport, qui ne reflètent en rien la réalité avec une fois de plus, des biais méthodologiques et des erreurs factuelles contestées depuis plusieurs années", a indiqué à Reuters le groupe français, évoquant une diminution de 39% des financements à l'extraction d'hydrocarbures entre 2022 et 2024 à deux milliards d'euros.

La Fédération bancaire française (FBF) évoque de son côté 96 milliards d'euros de financements des banques françaises aux énergies renouvelables (EnR) en 2024 et une diminution de 15% sur un an de leur exposition au secteur des hydrocarbures à 37 milliards d'euros, soit 0,36% du bilan total.

"Les banques françaises amplifient leur dynamique d'orientation des flux financiers contribuant à la transition énergétique", explique-t-elle, rappelant qu'aujourd'hui, "pour 1 euro de financement de la production d'énergies fossiles, 2,6 euros financent les EnR ou plus de 12 euros financent les crédits verts et durables".

"Nous n'avons pas de commentaire à apporter sur ce rapport qui ne reflète pas la réalité de notre trajectoire", a réagi BNP Paribas.

Société Générale évoque de son côté "des progrès significatifs en matière de réduction de ses expositions aux énergies fossiles". La part du charbon thermique dans le portefeuille de financement de la banque représentait moins de 0,1% des encours totaux de crédit à la fin de l'année 2024, fait valoir la banque, qui a pour objectif une baisse de 80% de son exposition à la production de pétrole et de gaz à horizon 2030 par rapport à 2019.

Contacté, Crédit Agricole n'avait pas répondu aux sollicitations de Reuters.

(Rédigé par Bertrand De Meyer, édité par Blandine Hénault)