Flash Marchés : comme un avant goût de la "Trump Fed" ? information fournie par Edmond de Rothschild AM 19/09/2025 à 17:11
- La banque centrale américaine a décidé cette semaine de reprendre ses baisses de taux directeurs (-25 pb) mais ce sont surtout les projections des membres du FOMC qui ont retenu l'attention des investisseurs.
- Cette configuration reste favorable à l'appétit pour le risque, comme en témoigne la progression additionnelle des indices actions.
- Les statistiques économiques ont été décevantes en Chine cette semaine sans pour autant peser sur la performance des actions chinoises.
Comme largement anticipé depuis le discours de Jackson Hole, la banque centrale américaine a décidé cette semaine de reprendre ses baisses de taux directeurs (-25 pb) mais ce sont surtout les projections des membres du FOMC qui ont retenu l'attention des investisseurs. La médiane de leurs anticipations suggère ainsi deux baisses additionnelles
d'ici la fin de l'année (vs une précédemment), un assouplissement monétaire que J. Powell a de nouveau justifié par la dégradation du marché du travail qu'il ne considère plus comme étant solide. Le président de la Fed reconnaît que le ralentissement marqué des créations d'emploi est en grande partie lié aux restrictions sur l'immigration et donc la diminution de l'offre de travailleurs. Les prévisions du taux de chômage de l'institution ont même été révisées à la baisse pour l'année prochaine (de 4.5% à 4.4%), tandis que celles sur la croissance et l'inflation ont été revues à la hausse. Néanmoins, les risques d'aggravation soudaine de la situation sont trop importants pour être ignorés et l'emportent sur les risques haussiers sur l'inflation, ce qui incite la Fed à adopter une stratégie de « contrôle des risques » et de procéder à des baisses de taux préventives. L'autre fait marquant de cette réunion fût la dissidence du nouveau gouverneur nommé par D. Trump, S. Miran, lequel a voté pour une réduction de 50 pb et dont les projections tablent sur 150 pb d'assouplissement monétaire d'ici la fin de l'année. Ces anticipations clairement exagérées et qui dénotent par rapport aux vues du reste du comité confirment que la posture de Miran est avant tout guidée par des considérations politiques afin de satisfaire le président américain, ce qui laisse entrevoir ce à quoi pourrait ressembler l'attitude des prochains membres nommés par D. Trump, y compris le futur président de la Fed. A ce titre, notons que les chances de C.Waller et M. Bowman pour remplacer J. Powell ont probablement diminué après que ces derniers n'ont pas voté pour une baisse des taux aussi agressive que S. Miran.
Au-delà même de la question de l'indépendance de la Fed qui se posera en 2026, la position de la banque centrale américaine a déjà évolué dans un sens plus accommodant, sans pour autant que les investisseurs ne voient des risques importants de récession aux Etats-Unis. Cette configuration reste favorable à l'appétit pour le risque, comme en témoigne la progression additionnelle des indices actions alors même que ces derniers avaient déjà intégré cette détente monétaire. Soulignons en particulier la surperformance des petites entreprises américaines, davantage sensibles aux conditions financières, tandis que les marchés européens font jeu égal avec leurs pairs américains. Ils n'ont d'ailleurs pas été
freinés par la remontée des taux souverains en fin de semaine, sur fond de prises de profits après la réunion de la Fed mais aussi en raison du ton un cran plus hawkish qu'attendu de la Banque d'Angleterre et de la Banque du Japon. La première a décidé de réduire le rythme de réduction de la taille de son bilan (de 100 MM£ à 70) mais a surtout indiqué craindre davantage les pressions inflationnistes que les risques baissiers sur la croissance et l'emploi, ce qui suggère que la barre est désormais plus haut pour décider de nouvelles baisses de taux directeurs. De son côté, la banque centrale japonaise a annoncé une nouvelle étape dans la normalisation très progressive de sa politique monétaire, avec la vente d'ETF et de fonds immobiliers cotés, tandis que deux de ses membres ont voté pour un relèvement des taux directeurs. Si les taux souverains japonais ont de nouveau progressé de manière sensible, contribuant à l'orientation haussière des taux mondiaux en fin de semaine, la réaction du Yen et du Topix a été plus mesurée.
Enfin, mentionnons les statistiques économiques décevantes en Chine cette semaine, que ce soit les ventes au détail, la production industrielle ou les investissements, sans pour autant que ces éléments ne pèsent sur la performance des actions chinoises. Ces derniers ont notamment été tiré par la surperformance du secteur technologique en dépit de la décision de Pékin d'interdire aux groupes locaux de s'approvisionner en puces électroniques Nvidia, signe que la Chine est désormais convaincue de disposer de technologies équivalentes aux puces moins sophistiquées autorisées à l'export par Washington.
Dans ce contexte, nous adoptons une vue positive sur la dette émergente qui devrait bénéficier du ton très accommodant de la Fed et de la dépréciation du dollar, laquelle devrait reprendre après les prises de profits ayant suivi la réunion de mercredi. Nous restons en revanche prudents sur les marchés d'actions dont les valorisations intègrent déjà beaucoup d'optimisme, en particulier de l'autre côté de l'Atlantique.
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