Finie la "locomotive" : la France est devenue "le wagon de queue de l'Europe", déplore Villeroy de Galhau
information fournie par Boursorama avec Media Services 10/10/2025 à 10:23

Le gouverneur de la Banque de France a une nouvelle fois exprimé sa frustration face aux blocages politiques qui paralysent la France et étouffent sa voix sur la scène économique internationale.

Francois Villeroy de Galhau, à Francfort, le 22 novembre 2024 ( AFP / KIRILL KUDRYAVTSEV )

"Je suis comme tous les Français, j'aime notre pays et j'en ai vraiment assez de ce gâchis politique". Dix jours après avoir fustigé les "querelles politiciennes" qui freinent le pays, le gouverneur de la Banque de France a répété son message à l'occasion d'un entretien sur RTL , pendant que les tractations se poursuivaient vendredi 10 octobre sur l'identité du prochain locataire de Matignon.

François Villeroy de Galhau a appelé les partis politiques à faire "des compromis" pour sortir le pays de l'instabilité qui le secoue depuis la dissolution, et qui détériore sa position de moteur du Vieux continent. "Il est temps de passer des compromis - ce n'est pas un mot injurieux - et de faire des coalitions", juge t-il, mettant l'accent sur les conséquences du blocage sur le crédit accordé à l'économie française.

"Toute l'Europe nous regarde aujourd'hui et les investisseurs, qui sinon peuvent nous sanctionner sur les marchés", a-t-il averti. "La France, traditionnellement, c'est la locomotive de l'Europe. Aujourd'hui, c'est le wagon de queue", se lamente t-il.

Combien coûte l'incertitude politique?

Le 29 septembre dernier, François Villeroy de Galhau avait déjà martelé le même message. "Pour s'en sortir, la France devrait être un moteur de l'Europe. Aujourd'hui, la France est vue comme un frein parce que nous sommes paralysés par nos querelles politiciennes", avait-il alors regretté, sur le plateau de France 2 .

Ce vendredi 10 octobre, le gouverneur a par ailleurs estimé que l'incertitude politique nationale "nous coûte au moins 0,2 point de croissance", alors que la Banque de France anticipe une croissance de 0,7% du PIB sur l'année. En ajoutant les tensions géopolitiques et commerciales internationales, le contexte d'incertitude coûte au total "0,4 ou 0,5" point de croissance - sachant que 0,1 point représente environ 3 milliards d'euros, a-t-il précisé.

Chronologie et longévité des Premiers ministres français depuis 1958, actualisée au 6 octobre 2025 après la démission de Sébastien Lecornu, qui détient le record du mandat le plus court ( AFP / Valentin RAKOVSKY )

Après un déficit public attendu à 5,4% du produit intérieur brut (PIB) en 2025, François Villeroy de Galhau a estimé nécessaire de le réduire "d'au moins 0,6" point l'an prochain afin d'atteindre en 2029 le maximum de 3% autorisé par Bruxelles, indispensable pour stabiliser le niveau de la dette publique. "Je crois qu'il serait souhaitable que le déficit ne dépasse pas 4,8% (du PIB) en 2026", a-t-il déclaré, alors que le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu a évoqué un niveau sous 5%.