* La DG d'Engie ne sera très probablement pas
reconduite-source
* L'Etat réserve sa position pour le conseil
* Clamadieu prendrait la direction générale par intérim
* La gouvernance et le bilan de Kocher au centre des
critiques
(Actualisé avec précisions et contexte)
par Benjamin Mallet
PARIS, 5 février (Reuters) - Un conseil d'administration
extraordinaire d'Engie ENGIE.PA est convoqué jeudi pour se
prononcer sur l'avenir de la directrice générale du géant de
l'énergie Isabelle Kocher, a-t-on appris mercredi de sources au
fait du dossier.
Selon une source proche du conseil, l'instance se réunira
après un comité des nominations et décidera très probablement de
ne pas renouveler le mandat d'Isabelle Kocher. "L'Etat s'est
positionné : Kocher dehors", a ajouté cette source.
Le ministère des Finances a cependant fait savoir que l'Etat
français, premier actionnaire d'Engie avec environ 24% du
capital, exprimerait sa position jeudi lors du conseil, dont la
tenue a été confirmée par la porte-parole du gouvernement,
Sibeth Ndiaye.
Le quotidien Les Echos avait auparavant rapporté qu'Isabelle
Kocher "ne devrait pas être renouvelée" et que le président du
conseil d'Engie Jean-Pierre Clamadieu "devrait assurer la
direction générale par intérim en attendant de lui trouver un(e)
successeur(e)".
Un porte-parole du groupe n'a pas souhaité commenter ces
informations.
Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno le Maire a
déclaré mardi que l'Etat prendrait sa décision sur l'avenir
d'Isabelle Kocher "uniquement" au regard de critères
économiques.
Engie devait à l'origine se prononcer fin février sur la
reconduction ou non de la dirigeante, en poste depuis 2016 et
dont le mandat arrive à échéance en mai.
Mais, selon plusieurs sources au fait du dossier, les
relations entre Isabelle Kocher et Jean-Pierre Clamadieu se sont
dégradées à un tel point ces dernières semaines que le groupe a
décidé d'accélérer sa décision.
Des sources internes à Engie et des observateurs du groupe
indiquent que l'Etat, qui peut se désengager du capital depuis
le vote de la loi Pacte, reproche à Isabelle Kocher de s'être
entourée d'une équipe dirigeante manquant d'envergure et d'avoir
informé trop tardivement le conseil de certaines décisions et
orientations stratégiques.
DÉJÀ DES NOMS DE CANDIDATES POTENTIELLES
La progression du cours de Bourse de l'entreprise sous son
mandat (+13% environ), jugée trop modeste, est elle aussi
invoquée comme motif de son éviction.
La source proche du conseil d'Engie interrogée par Reuters a
précisé que le comité des nominations n'était pas encore saisi
de la succession à Isabelle Kocher, confirmant que Jean-Pierre
Clamadieu assurerait probablement la direction générale au moins
jusqu'à l'assemblée générale des actionnaires, programmée le 14
mai.
La gouvernance d'Engie est devenue ces derniers mois un
sujet politiquement sensible pour le gouvernement, en
particulier parce qu'Isabelle Kocher est la seule femme à la
tête d'une entreprise du CAC 40.
Alors que des rumeurs sur son éviction potentielle ont
commencé à circuler fin 2019, des salariés du groupe ont
publiquement pris position en faveur de son maintien et, plus
récemment, des personnalités du monde des affaires lui ont
apporté leur soutien - dont Anne Hidalgo, Xavier Bertrand ou
encore Cédric Villani et Aurore Bergé -, ce que la présidence
d'Engie et l'Etat auraient très mal perçu.
Dans un entretien au Journal du Dimanche, la directrice
générale a cependant affirmé début février sa confiance dans le
conseil d'administration pour la reconduire dans ses fonctions
et assuré que "rien" dans ses relations avec l'Etat actionnaire
ne lui permettait de penser qu'elle n'était pas soutenue.
Selon des sources internes à Engie ou proches du groupe,
plusieurs noms de candidates potentielles à la direction
générale d'Engie, en interne ou venant de l'externe, circulent
d'ores et déjà.
Isabelle Kocher, après avoir déjà entretenu des relations
tendues avec l'ancien président d'Engie Gérard Mestrallet, a
régulièrement estimé ces dernières années qu'elle était la cible
de critiques en raison du virage stratégique qu'elle a fait
prendre au groupe.
Sous sa direction, Engie a procédé à quelque 15 milliards
d'euros d'actifs sur la période 2016-2018, principalement dans
la production d'électricité à partir de charbon et dans l'amont
pétrolier et gazier, et a donné la priorité aux énergies
renouvelables, aux infrastructures gazières et aux services.
(Avec Leigh Thomas et Gwenaëlle Barzic, édité par Jean-Michel
Bélot)