En France comme au Japon, les turbulences politiques dominent les marchés
information fournie par Reuters 10/10/2025 à 12:09

Le Premier ministre japonais sortant Shigeru Ishiba

Les turbulences politiques en France et au Japon pèsent lourdement sur les marchés alors que les investisseurs suivront par ailleurs la saison de résultats des banques américaines et les réunions annuelles à Washington du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.

Tour d'horizon des perspectives de marchés dans les jours à venir :

1/ LES BANQUES US LANCENT LA SAISON DES RÉSULTATS

Les grandes banques américaines publieront leurs comptes financiers dans les prochains jours, alors que les opérateurs de marché comptent sur des bénéfices solides pour soutenir des actions à des niveaux records.

Les résultats trimestriels de JPMorgan Chase, Citigroup, Wells Fargo et Goldman Sachs sont attendus, tout comme ceux du gestionnaire d'actifs BlackRock.

Dans l'ensemble, les entreprises du S&P 500 devraient afficher une hausse de 8,8% de leurs bénéfices au troisième, selon les données de LSEG IBES. Les profits du secteur financier devraient augmenter de près de 13%.

La publication de données économiques et macro-économiques très attendues ayant été retardées en raison du "shutdown" de l'administration américaine qui a débuté le 1er octobre, les résultats des entreprises prennent une importance supplémentaire.

Les données sur les prix à la consommation et à la production ainsi que sur les ventes au détail, qui sont prévues pour la semaine à venir, pourraient être reportées si le "shutdown" se poursuit.

2/ CRISE POLITIQUE EN FRANCE

La zone euro a un nouvel "homme malade" : la France. Le pays étant la deuxième économie du bloc, l'un des principaux architectes de l'euro et le siège de trois banques d'importance systémique mondiale, il est difficile pour les investisseurs de passer outre la crise politique actuelle.

Après la démission soudaine lundi de Sébastien Lecornu, cinquième Premier ministre français en moins de deux ans, le président français Emmanuel Macron doit nommer ce vendredi un nouveau locataire à Matignon.

Une telle nomination éloigne, sans totalement l'écarter, le risque d'une dissolution de l'Assemblée nationale et de nouvelles élections anticipées, ce qui a permis aux obligations et aux actions françaises de se redresser légèrement ces derniers jours.

Le temps presse car le prochain Premier ministre devra présenter d'ici lundi en Conseil des ministres le projet de loi de finances pour 2026 avant qu'il ne soit transmis au Parlement. Au-delà, le budget court le risque d'être adopté hors délai pour entrer en vigueur le 1er janvier.

Inquiets de la dégradation des finances publiques de la France, les investisseurs, comme les partenaires européens de Paris, surveilleront avec attention le projet de budget alors qu'une suspension de la réforme controversée des retraites de 2023 a été évoquée ces derniers jours.

3/ ... ET AU JAPON

Sanae Takaichi, leader du Parti libéral démocrate (PLD), semblait en passe de devenir la première femme Premier ministre du Japon lors d'un vote parlementaire prévu le 15 octobre.

Mais la date sera probablement repoussée après que le partenaire junior de la coalition, le parti politique Komeito, a retiré vendredi son soutien, rompant ainsi leur alliance vieille de 26 ans.

Komeito était en désaccord avec Sanae Takaichi, conservatrice intransigeante, connue pour son programme expansionniste en matière budgétaire et monétaire.

Cette incertitude risque d'alimenter les inquiétudes quant à l'avenir de l'un des pays les plus endettés au monde.

Les marchés japonais ont déjà connu quelques séances mouvementées, avec une forte hausse des actions et une baisse du yen et des obligations d'État à long terme, les investisseurs pariant sur une reprise des dépenses publiques et une politique monétaire accommodante.

4/ RÉUNIONS À WASHINGTON

Les responsables politiques se rendent à Washington pour la réunion annuelle du FMI et de la Banque mondiale, qui verra notamment la participation des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 et du G20 en marge de la réunion, ainsi que la publication mardi des Perspectives économiques mondiales du Fonds, entre autres rapports.

En dehors des événements officiels, les sujets brûlants ne manquent pas : l'impact de la relance budgétaire sur le poids de la dette publique, les effets économiques de la politique commerciale de Trump, la pression pour utiliser les actifs russes gelés afin de financer l'Ukraine, les évolutions au Proche-Orient et l'impact des stablecoins.

En marge de ces événements, le président argentin Javier Milei rencontrera Trump dans le Bureau ovale, alors que les derniers détails du plan de sauvetage de 20 milliards de dollars de Washington pour Buenos Aires sont attendus avec impatience.

5/ OR VS ARGENT

Plus 50% depuis le début de l'année ! L'or vole de record en record et tutoie désormais les 4.000 dollars l'once.

Toutefois, si on examine de plus près le secteur des métaux précieux, l'or est à la traîne. L'argent a augmenté de 70% pour atteindre un niveau record de 51 dollars l'once, dépassant son précédent sommet de 1980.

L'argent bénéficie souvent d'un effet de "halo" de l'or, attirant les fonds des investisseurs qui recherchent une alternative au dollar ou un actif réel à détenir.

Mais il a également une utilisation industrielle et le déficit prévu de métal physique a fait grimper son prix. Il a toujours été plus volatil, dépassant les gains de l'or lors de sa montée, pour ensuite chuter plus rapidement et plus fortement lors de sa baisse.

(Rédigé par Rae Wee à Singapour, Lewis Krauskopf à New York, et Dhara Ranasinghe, Amanda Cooper et Karin Strohecker à Londres, infographie Pasit Kongkunakornkul, compilé par Karin Strohecker, Mara Vîlcu pour la version française, édité par Blandine Hénault)