Editeurs de logiciels et IA : Microsoft en grand gagnant, Adobe en grand perdant ?
information fournie par Investir 02/12/2025 à 13:00

microsoft (Crédit: / Adobe Stock)

Alimentée par les progrès de l'intelligence artificielle (IA), la vague d'innovations actuelle bouleverse l'industrie du logiciel. Si les éditeurs affichent leur volonté de s'adapter et mettent en avant les premières retombées financières de leurs investissements dans la technologie, tentant de convaincre les investisseurs de la pertinence de leur modèle, tous n'y parviennent pas. Petit tour d'horizon.

Moins de trois ans après le lancement de ChatGPT, Microsoft s'impose comme le champion incontesté de cette nouvelle ère. Grâce à ses investissements stratégiques, notamment dans OpenAI, le numéro un mondial des logiciels a pu intégrer l'IA au coeur de ses offres cloud (Azure), de ses outils de productivité (Copilot pour Office) et même dans ses solutions de cybersécurité. Les chiffres parlent d'eux-mêmes: la croissance d'Azure a atteint 40 % au dernier trimestre, avec l'IA identifiée comme « le principal moteur » de celle-ci. Et « l'intégration de l'IA avancée dans ses produits phares comme Microsoft 365 et GitHub devrait renforcer son avantage concurrentiel sur ces segments », avancent les analystes de HSBC.

Longtemps perçu comme un acteur traditionnel du logiciel, segment pesant encore plus d'un tiers de ses revenus, Oracle a opéré un recentrage réussi vers les infrastructures informatiques consacrées à l'IA. Le groupe multiplie les partenariats sur ce segment, dont un contrat mirobolant avec OpenAI, et s'affirme ainsi comme un bénéficiaire du bouleversement en cours - malgré les craintes commençant à poindre autour de sa dette. Parmi les noms moins connus du grand public, Palantir tire son épingle du jeu. Spécialiste de l'analyse de données sensibles, la société a rapidement déployé une plateforme d'IA générative séduisant aussi bien les gouvernements, au premier rang desquels l'administration Trump, que les industriels. Sa spectaculaire dynamique commerciale et sa communication agressive - la société se positionnait comme « le bras armé de l'IA souveraine pour l'Occident » - font d'elle la valeur montante du secteur.

Ceux dont le modèle peut vaciller

Pour d'autres acteurs, à l'inverse, le marché perçoit l'avènement de l'IA davantage comme une menace que comme une occasion. C'est, en premier lieu, le cas du champion des logiciels créatifs, Adobe. L'essor de solutions fondées sur l'IA générative et permettant de générer des images (Midjourney, DALL-E) ou des vidéos (Sora, Google Veo) à partir d'un prompt remet de fait en question sa valeur ajoutée. Cette concurrence nouvelle qui vient s'ajouter à celle d'acteurs prometteurs et agiles, comme Canva et Figma, devrait peser sur la rentabilité d'Adobe.

Le pionnier de la gestion de la relation clients, Salesforce, fait également face à des interrogations. S'il investit massivement dans la technologie, des préoccupations subsistent quant à la capacité de l'IA de répliquer et d'automatiser, à moindres coûts, certains services fournis par l'éditeur. Des craintes paradoxalement renforcées par les licenciements massifs décidés par le groupe, qui a divisé par deux l'effectif des membres du personnel de son service clientèle, remplacés par des agents d'IA (Agentforce). Entre ces deux catégories, d'autres acteurs, comme SAP et Dassault Systèmes, semblent pour l'heure relativement à l'abri, du fait de la nature complexe des solutions qu'ils proposent, induisant d'importantes barrières à l'entrée.

Au sein du secteur, nous sommes à l'achat de Microsoft, de SAP et d'Oracle, notamment pour leurs perspectives de croissance, à l'achat aussi, mais à titre spéculatif, de Dassault Systèmes, dont le titre se traite avec une décote historique. Nous sommes à la vente d'Adobe et de Salesforce, qui semblent les plus menacés par l'essor de l'IA, et, enfin, à l'écart de Palantir, en raison des ratios de valorisation plus qu'excessifs auxquels se négocie l'action.

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