par Stephen Jewkes, Agnieszka Barteczko et Geert De Clercq
MILAN/VARSOVIE/PARIS, 21 septembre (Reuters) - Les centrales
à gaz et à charbon italiennes et polonaises d'EDF EDF.PA
s'inscrivent mal dans sa stratégie bas-carbone mais elles
s'annoncent difficiles à céder dans de bonnes conditions en
raison des surcapacités en matière de centrales thermiques en
Europe.
En quête de fonds pour financer les travaux de son parc
nucléaire français, mener à bien son projet d'EPR en
Grand-Bretagne ou encore racheter l'activité réacteurs
nucléaires d'Areva AREVA.PA , EDF a annoncé en juillet une
revue stratégique de ses actifs de production d'énergie à partir
de combustibles fossiles en Europe continentale.
Son PDG Jean-Bernard Lévy a précisé qu'il examinerait
attentivement les actifs hors de France et de Grande-Bretagne et
le directeur financier Thomas Piquemal a déclaré qu'EDF
étudierait la façon dont Edison EDNn.MI , la filiale italienne
du groupe qui exploite notamment des centrales à gaz,
s'inscrivait dans la stratégie de l'électricien public français.
Selon des sources industrielles, Jean-Bernard Lévy prévoit
de se rendre mercredi au siège d'Edison, à Milan, ce qui soulève
des interrogations sur l'éventuelle annonce d'une vente d'une
partie de la société ou de son recentrage sur les renouvelables.
"EDF veut présenter une stratégie de réduction plutôt que de
développement des activités, une réorganisation de l'activité",
a déclaré à Reuters une source industrielle au fait du dossier.
EDF a confirmé que Jean-Bernard Lévy présenterait sa
stratégie aux cadres d'Edison mais n'a pas souhaité s'exprimer
sur d'éventuels projets de cession.
Edison a assuré près de 7% de la production d'électricité en
Italie en 2014 et affiche une capacité de 7,3 gigawatts (GW),
dont 5,7 GW de centrales thermiques. La société représente
également 17,9% des importations de gaz du pays.
Bien que la chute des prix du pétrole et la faiblesse de la
demande intérieure aient mis ses marges sous pression, Edison
génère du cash et vise pour 2015 un excédent brut d'exploitation
(Ebitda) d'au moins un milliard d'euros.
"L'Italie ne serait pas facile à vendre. Le marché est en
excès de capacités thermiques installées", souligne cependant
Francesco Menonna, analyste chez BMI Research, rappelant que les
centrales en question tournent à bas régime ou ont été arrêtées
et que des sociétés telles qu'Enel ENEI.MI ou A2A A2.MI ont
retiré plusieurs gigawatts de capacités ou prévoient de le
faire.
Selon des sources bancaires, EDF n'a pas encore engagé de
conseillers au sujet d'Edison et exclut une sortie d'Italie,
notamment parce que les actifs de sa filiale dans les énergies
renouvelables s'inscrivent parfaitement dans sa stratégie.
"Ce n'est pas un secret qu'EDF cherche des alternatives pour ses
activités italiennes", a toutefois indiqué un banquier du
secteur.
Une autre source bancaire a déclaré qu'elle ne voyait pas de
candidat au rachat d'Edison dans son intégralité mais que les
actifs du groupe dans l'amont (exploration et production
d'hydrocarbures) étaient vendables. Une source interne à Edison
a de son côté estimé qu'une scission de la société était une
solution probable.
Des analystes et des sources jugent que l'italien A2A ou le
tchèque EPH pourraient ainsi s'intéresser aux centrales
thermiques d'Edison.
Des responsables industriels estiment en outre que la
société EPH, qui est actuellement l'un des rares acheteurs de
centrales thermiques en Europe, pourrait aussi s'intéresser aux
centrales à charbon détenues par EDF en Pologne -- environ 1,7
GW au total -- de même que le polonais Enea ENAE.WA .
(Avec Giancarlo Navch, Pamela Barbaglia et Freya Berry,
Benjamin Mallet pour le service français, édité par Wilfrid
Exbrayat)