Droits de douane-La Chine riposte à nouveau, la fébrilité mondiale perdure information fournie par Reuters 11/04/2025 à 11:10
(Actualisé tout du long avec riposte de Pékin, marchés en Europe, réunion de l'UE à Varsovie, Sanchez en Chine)
En dépit de la pause annoncée sur les droits de douane américains dits "réciproques", la fébrilité restait de mise vendredi sur les marchés financiers, confrontés à une incertitude accrue, comme chez les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis qui s'interrogent sur la réponse à apporter à l'offensive tarifaire de Donald Trump.
Les tensions commerciales restent par ailleurs vives entre les Etats-Unis et la Chine, qui ne bénéficie pas de la suspension des droits de douane réciproques.
Washington a décidé de relever à 145% les surtaxes visant Pékin qui, en réponse, a
annoncé vendredi
un relèvement de 84% à 125% des droits de douane sur les importations américaines qui doivent entrer en vigueur samedi.
L'annonce a pesé sur les Bourses européennes qui ont effacé leurs gains enregistrés en début de séance. En Asie, les marchés boursiers avaient déjà fini en forte baisse dans la foulée de Wall Street la veille au soir.
La méfiance des investisseurs est particulièrement sensible sur les actifs américains, signe des inquiétudes accrues autour de l'impact des droits de douane de l'administration Trump sur l'économie des Etats-Unis.
L'indice américain S&P 500 .SPX a terminé en baisse de 3,5% jeudi et se trouvait désormais à près de 15% de son record de clôture du 19 février dernier. Les contrats à terme préfigurent une ouverture autour de l'équilibre vendredi.
Le dollar recule pour sa part de 1,5% face à un panier de devises de référence, portant son repli à plus de 4% depuis l'annonce, le 2 avril, par Donald Trump de droits de douane réciproques massifs.
Traditionnellement jugées comme des actifs refuge, les obligations souveraines américaines connaissent aussi un fort mouvement de vente.
Si le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a tenté de rassurer les sceptiques en déclarant jeudi que plus de 75 pays souhaitaient entamer des négociations commerciales, l'incertitude qui règne a entraîné ces derniers jours une volatilité des échanges parmi les plus importantes depuis les premiers jours de la pandémie de COVID-19.
PAUSE "FRAGILE"
L'Union européenne, qui a mis en suspens ses premières mesures de représailles après la pause tarifaire des Etats-Unis, entend négocier un accord commercial "complètement équilibré", a
déclaré jeudi
au Financial Times la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Les ministres des Finances des pays de l'UE étaient
réunis vendredi
à Varsovie, en Pologne, pour réfléchir à la façon de parvenir à un tel accord, et à la réponse à apporter en cas d'échec des négociations.
"L’Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires et mobiliser tous les leviers disponibles pour se protéger", a déclaré vendredi le président Emmanuel Macron, évoquant sur X une pause tarifaire "fragile".
Plusieurs pays asiatiques tentent également de négocier avec Washington un accord commercial.
Les Etats-Unis et le Vietnam sont ainsi convenus d'entamer des négociations commerciales formelles après que le secrétaire au Trésor s'est entretenu avec le vice-Premier ministre vietnamien, Ho Duc Phoc, a fait savoir la Maison blanche.
Le Vietnam, ciblé par des surtaxes de 46%, est notamment prêt à sévir contre les produits chinois envoyés vers les Etats-Unis depuis son territoire dans l'espoir d'éviter de voir les droits de douane qui le visent portés à un niveau compris entre 22% et 28%, selon trois sources au fait de la question.
Le Premier ministre japonais a quant à lui mis en place un groupe de travail en vue de négociations, selon les médias locaux.
Le président taïwanais Lai Ching-te a indiqué vendredi que son pays serait inclus dans le premier groupe de partenaires commerciaux à engager des négociations avec Washington.
Lancée dans une guerre commerciale avec les Etats-Unis, la Chine entend pour sa part développer ses liens avec ses autres partenaires commerciaux.
Le président chinois Xi Jinping a
reçu vendredi
le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez après s'être entretenu plus tôt cette semaine au téléphone avec Ursula von der Leyen. Il entamera la semaine prochaine une tournée au Vietnam, en Malaisie et au Cambodge, des pays voisins avec lesquels il entend approfondir la "coopération tous azimuts".
(avec les rédactions de Reuters; version française Camille Raynaud et Blandine Hénault)