* 18.000 suppressions de postes à travers le monde
* Les licenciements ont commencé
* La plupart des suppressions attendues aux USA et en Europe
* L'ampleur de la réorganisation inquiète
* Le titre finit en baisse de 5,39% à Francfort
(Actualisé avec graphique sur la capitalisation boursière de
Deutsche Bank)
par Tom Sims, Paulina Duran et Sumeet Chatterjee
FRANCFORT/SYDNEY/HONG KONG, 8 juillet (Reuters) - Deutsche
Bank DBKGn.DE a commencé lundi à supprimer des postes à
travers le monde dans le cadre de sa vaste restructuration
annoncée la veille mais l'ampleur de ce plan, qui devrait se
traduire par une nouvelle perte annuelle pour la première banque
d'Allemagne, inquiète les investisseurs qui ont fait chuter le
titre de plus de 5% à la Bourse de Francfort.
Le groupe bancaire a annoncé dimanche qu'il allait supprimer
18.000 emplois, renoncer à son activité sur les marchés actions
et réduire ses opérations dans la banque d'investissement et sur
le marché obligataire. Cette restructuration lui coûtera 7,4
milliards d'euros.
Deutsche, qui emploie près de 91.500 personnes dans le
monde, a immédiatement commencé lundi à licencier des équipes
entières en Asie et annoncé le départ de Jason Cox, le patron de
sa division marchés actions en Asie-Pacifique. De Sydney à New
York en passant par Londres, des employés ont été convoqués par
leur direction pour apprendre qu'ils étaient limogés.
L'action Deutsche Bank, qui a pris jusqu'à 3,7% en matinée,
s'est ensuite retournée à la baisse et a clôturé en repli de
5,39% à 6,788 euros après avoir un temps perdu plus de 7% dans
l'après-midi.
Le directeur financier, James von Moltke, a déclaré que le
groupe avait pour objectif de rentabiliser ses activités voire
de réaliser un bénéfice en 2020 mais qu'il y avait "une
incertitude importante dans ces prévisions", ce qui a jeté un
froid sur les marchés.
Deutsche avait déjà fait savoir qu'elle prévoyait de subir
une perte cette année en raison de son plan de restructuration.
Lors d'une présentation de cette réorganisation à des
analystes, Christian Sewing, le président du directoire, s'est
engagé lundi à investir un "montant substantiel" de sa
rémunération fixe en actions Deutsche Bank.
Devant la presse, il a déclaré dans les locaux de la banque
à Londres, où de nombreuses suppressions de postes sont
attendues, qu'il s'agissait de "réinventer" Deutsche Bank, qui,
en cas de perte en 2019, aura fini dans le rouge quatre de ses
cinq derniers exercices.
"MANOEUVRE RISQUÉE"
RBC, JPMorgan et Berenberg estiment que ce plan de
restructuration est "plus radical" que les précédents. Ils
relèvent que le groupe abandonne ses activités de banque
d'investissement pour se concentrer à nouveau sur la clientèle
professionnelle tout en conservant une activité dans
l'obligataire.
L'activité de banque d'investissement génère environ la
moitié du chiffre d'affaires de Deutsche Bank mais ses revenus
devraient tomber à 12,4 milliards d'euros cette année, selon un
consensus d'analystes réalisé avant les annonces de dimanche,
soit un recul de plus de 30% depuis 2015 et une quatrième année
consécutive de baisse.
JPMorgan, neutre sur le titre, relève qu'il reste à voir
l'exécution du plan, la croissance des revenus et la motivation
des personnels après la restructuration.
Pour Berenberg, à "vendre" sur la valeur, cette stratégie
comporte un risque d'exécution important et laisse peu de marge
de manoeuvre en termes de fonds propres. Le groupe reste exposé
à la dégradation du secteur de la banque d'investissement,
ajoute-t-il.
Citi, à "vendre" sur le titre, estime que l'absence
d'augmentation de capital pour financer le plan "pourrait
s'avérer optimiste".
L'agence de notation Moody's a expliqué qu'elle maintenait
sa perspective négative sur Deutsche Bank car le groupe est
confronté à "d'importants défis" pour exécuter son plan
rapidement.
"C'est une manoeuvre risquée mais, si elle réussit, elle
aura le potentiel de remettre la banque sur la bonne voie", a
commenté une source proche de l'un des 10 plus grands
actionnaires de Deutsche Bank.
La banque n'a pas détaillé la ventilation géographique des
suppressions de postes, dont la plupart sont cependant attendues
en Europe et aux Etats-Unis.
Une porte-parole n'a pas voulu donner de détails mais a
déclaré que la banque serait "aussi réceptive que possible pour
mettre en oeuvre ces changements".
"Nous créons une banque qui sera plus rentable, amincie, plus
innovante et plus résistante", a écrit Christian Sewing dans une
lettre adressée dimanche aux personnels du groupe.
BREAKINGVIEWS-Deutsche equities exit breathes life into
rivals
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(Avec Zuzanna Szymanska, Catherine Mallebay-Vacqueur et
Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Bertrand
Boucey)