Des marchés américains de retour au plus-haut historique information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 21/07/2025 à 08:22
Ca y est, les marchés américains sont revenus à leurs plus hauts historiques. Il contraste avec la légère baisse des grandes places boursières européennes, comme le montre le graphique ci-dessous..
L'Euro Stoxx est à 6% de son plus haut historique du 17 février, mais comme entre-temps l'euro est passé de 1,05$ à 1,17$, soit plus de 10% d'appréciation, on peut considérer que notre indice est lui aussi au plus haut....
Le marché des actions a traversé sans encombre des vents particulièrement contraires. Il a encaissé la fin du yen carry trade il y a un peu moins d'un an, les droits de douane de M. Trump en avril, un conflit ouvert au Moyen Orient, et une inflation qui continue à défier les banques centrales. Récemment, tous les feux sont passés au vert, et les investisseurs les plus aguerris, ou les plus pragmatiques, envisagent une poursuite de la hausse, voire son accélération si les vents contraires s'affaiblissent.
On ne dira jamais assez combien la dimension du taux de change est importante pour comprendre la performance passée et future des actions. La monnaie américaine, depuis son point haut du 10 janvier 2025 (1,018$ pour un €) a perdu 15%.
C'est considérable, notamment pour les grandes sociétés exportatrices, ou qui sont implantées en Europe. Les grands acteurs de l'Internet, par exemple, perçoivent un «bonus» significatif grâce à la dépréciation de leur monnaie. Leurs revenus, exprimés en € ou en yen, ont progressé de 15% en 6 mois après conversion en $, uniquement par un effet de change, à encaissement égal en monnaie étrangère. Google, Meta Platforms, Apple et autre Microsoft réalisent plus de 50% de leurs ventes et bénéfice en dehors des USA, et on peut considérer que 30 à 40% de leurs facturations sont exprimées en devises étrangères.
Toutes choses égales par ailleurs, la baisse du dollar de 10%, induit une révision en hausse de leurs bénéfices de 4%. Les «effets de stocks» sont encore plus importants, s'agissant de groupes qui possèdent des montagnes de cash. Wall Street se satisfait d'un dollar faible. Certes, une monnaie moribonde réduit le pouvoir d'achat à l'extérieur, mais elle favorise la croissance et la compétitivité. Elle soutient la sphère réelle et les actions.
En revanche, elle peut affecter la sphère financière. En effet, une monnaie qui entre dans une spirale baissière est un facteur d'inflation importée. C'est aussi, bien sûr, un élément défavorable à l'investissement en obligations d'Etat, et donc peut rendre plus difficile le financement des déficits publics, dont on sait qu'ils sont considérables et qu'ils vont encore augmenter avec le vote affectif par les parlementaires américains de la loi fiscale pluriannuelle.
Pour M. Trump, la cause de tous les maux des USA, c'est le niveau trop élevé du dollar. Selon lui (ou plutôt selon ses conseillers), c'est le dollar qui explique le déficit commercial de la première économie du monde. La baisse de son cours permettra de mieux vendre le «made in USA», et de pénaliser les importations, encore plus qu'avec des droits de douane.
L'objectif ultime de M. Trump est de faire baisser le taux de change du billet vert, et d'obtenir le taux d'intérêt le plus bas. Et si les étrangers ne veulent plus financer le déficit américain, c'est la Fed qui le fera, en achetant des bons du trésor. Ce qui, d'ailleurs, contribuera à faire encore plus baisser le taux de change du dollar. Une spirale favorable se mettra ainsi en place pour « Make America Great Again ».
Les choses évidemment ne sont pas si simples, sauf dans l'esprit de M. Trump. Et, finalement, Wall Street aime cela. En fin de compte, M. Trump dit tout haut ce que les investisseurs pensent tout bas. Même, et peut être surtout, vis-à-vis de la Fed. La demande d'un point complet de baisse des taux «tout de suite», correspond bien au rêve de Wall Street, et les insultes contre le gardien du temple de la Fed font baisser le dollar : tant mieux...Les droits de douane qui seront payés essentiellement par les consommateurs américains, doivent permettre de financer la poursuite des baisses d'impôts des entreprises. De plus, les opérations militaires en Iran ont démontré la capacité opérationnelle de la dissuasion des USA ; elles redorent le blason de la première puissance de la planète, terni notamment par l'humiliation afghane par exemple. Elles redressent la popularité du président populiste.
Entre l'apaisement du conflit au Moyen Orient, l'accord sur les terres rares entre la Chine et les USA, une baisse des taux devenue un peu plus probable en juillet, le renouveau de la tech US et la baisse du dollar, Wall Street a toutes les raisons de poursuivre son mouvement haussier.
La hausse des actions américaines va continuer et reprendre le leadership perdu pendant quelques mois au profit de l'Europe...