Des débris de l'avion d'Ukraine Airlines examinés dans un hangar, dit Ottawa

information fournie par Reuters 11/01/2020 à 03:33
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    DUBAI/OTTAWA, 11 janvier (Reuters) - Des débris de l'avion
d'Ukraine Airlines qui s'est écrasé mercredi près de Téhéran,
tuant 176 personnes, ont été déplacés dans un hangar pour
examen, a déclaré vendredi le gouvernement canadien, alors que
les capitales occidentales soupçonnent qu'un missile iranien,
peut-être tiré par erreur, a causé l'accident.
    L'Iran, qui nie que le Boeing 737-800 de la compagnie
ukrainienne a été abattu par un missile, a déclaré dans la
journée vouloir lui-même télécharger le contenu des boîtes
noires de l'appareil, une procédure qui pourrait prendre entre
quatre et huit semaines.
    Citant une source informée, l'agence de presse
semi-officielle Fars a rapporté que les autorités iraniennes
dévoileraient samedi les raisons pour lesquelles l'avion s'est
écrasé peu après son décollage de l'aéroport de Téhéran, causant
la mort de l'ensemble des 176 personnes à son bord.  
    L'accident a accru les pressions internationales contre
l'Iran, sur fond de tensions croissantes entre Téhéran et
Washington après que l'armée américaine a procédé le 3 janvier à
l'assassinat d'un haut commandant iranien. L'appareil d'Ukraine
Airlines s'est écrasé dans les heures qui sont suivi les
attaques iraniennes menées en représailles contre des bases en
Irak abritant des troupes américaines.    
    Téhéran a indiqué que l'aide de la Russie, du Canada, de la
France ou de l'Ukraine pourrait être demandée dans le cadre de
l'enquête, dont les conclusions définitives devraient être
connues seulement d'ici un ou deux ans.
    "Nous préférons télécharger le contenu des boîtes noires en
Iran. Mais si nous constatons que nous ne pouvons pas le faire,
parce qu'elles sont endommagées,     alors nous demanderons de
l'aide", a déclaré lors d'une conférence de presse le directeur
de l'aviation civile iranienne, Ali Abedzadeh. 
    La plupart des victimes de l'accident, survenu alors que
Téhéran était en état d'alerte maximal par crainte de frappes de
l'armée américaine, sont des Iraniens ou des Canadiens d'origine
iranienne.
    
    "LE MONDE REGARDE"
    S'exprimant vendredi soir lors d'une conférence de presse à
Ottawa, le ministre canadien des Affaires étrangères a indiqué
que le nombre de ressortissants canadiens tués dans l'accident
avait été revu à la baisse, à 57 contre 63 auparavant.
    D'après les informations dont il dispose, a ajouté
François-Philippe Champagne, une partie des débris de l'avion
ont été "déplacés dans un hangar de l'aéroport pour une
reconstitution de la scène" de l'accident.
    A la question de savoir quel degré de confiance pouvait
avoir le Canada dans l'enquête menée par l'Iran, il a dit
s'attendre à ce que le gouvernement iranien suive les protocoles
en vigueur pour ce type de catastrophe.
    "Le temps nous le dira et le monde regarde", a-t-il déclaré.
"La communauté internationale attend de la transparence."
    Le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait auparavant
déclaré qu'Ottawa avait demandé à Téhéran, avec qui les
relations diplomatiques sont rompues depuis 2012, de pouvoir
entrer en Iran afin de fournir des services consulaires,
d'identifier les victimes et de participer à l'enquête.
    Deux visas ont pour le moment été attribué à des
représentants canadiens, a précisé François-Philippe Champagne,
ajoutant qu'une cellule de crise était en cours de création afin
d'aider les familles des victimes.  
    Téhéran a annoncé après l'accident qu'il permettrait à des
représentants du Canada, des Etats-Unis et d'autres pays de
prendre part à l'enquête.
    
    KIEV NE VEUT PAS DE SPÉCULATION
    S'appuyant sur les renseignements des services canadiens et
sur d'autres sources, Justin Trudeau a imputé le crash de
l'avion d'Ukraine Airlines à un missile sol-air, tout en
précisant que le tir iranien pouvait avoir été accidentel. Le
porte-parole du gouvernement à Téhéran a dénoncé une "guerre
psychologique" contre l'Iran.    
    L'aviation civile iranienne impute l'accident à une
défaillance technique de l'avion, selon un rapport préliminaire
communiqué moins de 24 heures après l'accident. Elle n'y précise
pas la nature de l'avarie.
    A Kiev, le président ukrainien Volodimir Zelenski a annoncé
à l'issue d'un entretien téléphonique avec Justin Trudeau que
l'Ukraine et le Canada allaient presser l'Iran de procéder à une
enquête objective et approfondie de l'accident. 
    "Il ne doit y avoir aucune spéculation à propos de cette
tragédie", a-t-il déclaré sur Twitter. 
    Le gouvernement ukrainien a dit envisager plusieurs causes
plausibles expliquant l'accident de l'avion, parmi lesquelles
une attaque d'un missile de fabrication russe, une collision, ou
un acte terroriste.
    Moscou ne voit aucun motif justifiant de blâmer l'Iran pour
la catastrophe, a déclaré le ministre adjoint russe des Affaires
étrangères, cité par l'agence de presse TASS. 
    Des représentants américains, canadiens et français devaient
se rendre à Téhéran pour des réunions sur l'enquête, a rapporté
la presse officielle iranienne. 
    Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) a désigné un
représentant pour l'enquête sur le crash de l'avion ukrainien, a
annoncé vendredi un porte-parole de l'organisme français.

 (Steve Scherer et David Ljunggren à Ottawa, Alexandra Cornwell
et Parisa Hafezi à Dubaï, Natalia Zinets et Pavel Polityuk à
Kiev, Dominique Vidalon à Paris, Doina Chiacu et David
Shepardson à Washington; version française Jean Terzian)