26 août (Reuters) - Un juge de l'Oklahoma a considéré lundi
que Johnson & Johnson JNJ.N avait contribué à la crise de
surconsommation d'opioïdes dans l'Etat en usant de méthodes
commerciales trompeuses et a condamné le laboratoire
pharmaceutique à verser 572 millions de dollars (515,2 millions
d'euros) de dommages-intérêts.
Le montant fixé par la justice est nettement inférieur à ce
que craignaient certains investisseurs et analystes, dans un
procès considéré comme devant servir de référence à d'autres
litiges liés à la crise des opioïdes au niveau national, et dans
lequel le procureur avait réclamé 17 milliards de dollars pour
financer la lutte contre l'épidémie sur les 30 années à venir.
"On s'attendait à une amende de 1,5 à 2 milliards de
dollars", a soulginé Jared Holz, responsable de la stratégie
dans le secteur pharmaceutique chez Jefferies. "572 millions de
dollars, c'est bien moins que ce que l'on redoutait."
L'action gagnait 5% dans les transactions en après-Bourse en
réaction à cette décision. Les titres des autres groupes
pharmaceutiques qui vendent des opioïdes pour le traitement de
la douleur, y compris Teva Pharmaceutical Industries TEVA.TA
et Endo International ENDP.O , progressaient également.
J&J a toutefois annoncé qu'il ferait appel de la décision.
Le procès, qui s'est tenu dans la ville de Norman, est le
premier marquant l'aboutissement de l'une des quelque 2.000
procédures judiciaires engagées par des Etats ou des
collectivités locales aux Etats-Unis contre des entreprises
pharmaceutiques mises en cause dans la crise des opioïdes.
Selon le Center for Disease Control and Prevention, une
agence fédérale, ces molécules de synthèse ont été à l'origine
de près de 400.000 morts par surdose entre 1999 et 2017.
L'affaire a été portée en justice par le ministre de la
Justice de l'Etat, Mike Hunter.
Avant ce procès, l'Oklahoma a conclu des accords amiables
avec la société Purdue Pharma, qui fabrique l'OxyContin, un des
plus connus des antidouleur mis en cause, pour 270 millions de
dollars (242 millions d'euros) et Teva Pharmaceutical pour 85
millions, faisant de J&J le seul laboratoire à comparaître.
Au cours du procès, les avocats de l'Oklahoma, ont reproché
à J&J d'avoir présenté ses opioïdes - le Duragesic et le Nucynta
- comme étant "sûrs et efficaces contre les douleurs du
quotidien", tout en minimisant les risques d'addiction.
J&J a nié toute faute et argué du fait que les produits du
groupe ne représentaient qu'une faible part des opioïdes
prescrits dans l'Oklahoma et que les avertissements de la Food
and Drug Administration (FDA), l'autorité du médicament, sur les
risques d'addiction figuraient bien sur les emballages.
(Heide Brandes à Norman, Oklahoma, et Nate Raymond à Boston;
avec Julie Steenhuysen à Chicago et Jonathan Stempel à New
York, Juliette Rouillon pour le service français)