PARIS, 6 février (Reuters) - Bloqué par un barrage de
police, Christopher Lan, un professeur en génie biochimique à
l'Université d'Ottawa (Ontario) a passé la nuit dans sa voiture
à quelques kilomètres de l'avion qui devait le rapatrier au
Canada, pour échapper à l'épidémie du coronavirus 2019-nCoV.
Christopher Lan était venu en Chine avec sa femme et son
fils pour passer le nouvel an auprès de sa famille à Yidu, dans
la province de Hubei. Il s'est retrouvé bloqué en confinement
lorsque l'épidémie de virus a éclaté, faisant 563 morts et
contaminant plus de 28.000 personnes.
Inquiet de la propagation du virus, il a fait une demande de
rapatriement auprès du gouvernement Canadien, qui a été
acceptée.
Après 4h30 heures de route, son trajet s'est cependant
arrêté à sept kilomètres de l'aéroport de Wuhan, à un barrage
policier. Les agents sur place lui ont dit que "les plans
avaient changé", l'enregistrement ne pourrait se faire que le
lendemain, jeudi.
"Il y avait beaucoup de frustration, de la confusion. Les
gens ne savaient pas quoi faire. Ceux qui habitaient à Wuhan
sont repartis chez eux, dans l'attente de nouvelles. Mais pour
nous la décision était plus compliquée", a-t-il dit à Reuters
dans plusieurs vidéos où il raconte ses mésaventures.
Lui et sa famille ont décidé passer la nuit de mercredi à
jeudi sur place, dans la voiture, par une température proche de
zéro degré.
"La température n'est pas si terrible", a dit le
scientifique, emmitouflé dans un épais manteau d'hiver, masque
de protection sur le visage. "C'est toute une aventure".
Une autre famille, avec deux enfants de huit et dix ans, qui
avait conduit pendant plus de cinq heures pour arriver aux
contrôles de sécurité, a, elle aussi, préféré passer la nuit
dans la voiture.
"C'était une expérience assez désagréable, surtout pour les
enfants", raconte Annie, au réveil, dans une vidéo, accompagnée
de son mari. "Ils se sont beaucoup plaints".
Des centaines de ressortissants étrangers ont été évacués de
Wuhan, ville du centre de la Chine où s'est officiellement
déclarée l'épidémie en décembre dernier et qui est placée en
confinement depuis près de deux semaines.
Le Canada devait rapatrier quelque 300 personnes dans la
nuit de jeudi à vendredi.
Reuters a perdu contact avec Christopher Lan avant qu'il
n'atteigne l'aéroport. Mais d'autres canadiens étaient sur le
point d'embarquer, comme Edward Wang, qui était accompagné de sa
mère. Le personnel de l'aéroport l'attendait, habillé en
combinaison jaune. Un drapeau canadien était étalé sur l'un des
comptoirs d'enregistrement.
Il devait embarquer dans l'avion affrété par les Etats-Unis,
censé partir à 03h00 (19h30 GMT) dans la nuit de jeudi à
vendredi, n'ayant pas eu de place dans l'avion canadien.
"Les Américains me déposeront à Vancouver", dit-il au moment
de récupérer sa carte d'embarquement. "Ensuite, je continuerai à
Trenton".
(Caroline Pailliez)