* Des possibles récessions dans beaucoup de pays cette année
* Une réponse coordonnée des banques centrales et des
gouvernements nécessaire-Boone
* La croissance tomberait à 4,9% en Chine et 0,8% en zone
euro en
2020
(RPT sans changement, ajout du tableau des prévisions)
par Leigh Thomas
PARIS, 2 mars (Reuters) - L'épidémie de coronavirus pénalise
l'économie mondiale qui devrait croître cette année à son rythme
le plus faible depuis la crise financière il y a plus de dix
ans, a prévenu lundi l'OCDE, pressant les gouvernements et les
banques centrales d'agir pour éviter un impact encore plus
important.
L'économie mondiale devrait progresser de seulement 2,4% en
2020, son taux le plus faible depuis 2009 alors que l'OCDE
tablait encore sur une croissance de 2,9% en novembre, a indiqué
l'organisation dans ses prévisions actualisées.
L'OCDE estime que l'économie mondiale pourrait renouer avec
un taux de croissance de 3,3% en 2021, une prévision basée sur
l'hypothèse d'un pic de l'épidémie de coronavirus en Chine au
premier trimestre 2020 et d'une propagation contenue dans le
reste du monde.
Toutefois, si le nouveau virus s'étendait en Asie, en Europe
et en Amérique du Nord, la croissance mondiale pourrait tomber à
1,5% en 2020, a averti l'OCDE.
"Le principal message de ce scénario baissier est qu'il
provoquerait une récession dans beaucoup de pays, c'est pourquoi
nous appelons à ce que des mesures soient prises dans les
régions touchées aussi rapidement que possible", a dit à Reuters
l'économiste en chef de l'OCDE, Laurence Boone.
Les gouvernements doivent soutenir les systèmes de santé en
accordant un supplément de salaire ou un allègement fiscal aux
employés qui font des heures supplémentaires et en mettant en
place des programmes de chômage partiel pour les entreprises
confrontées à une baisse de la demande, a-t-elle ajouté.
Les gouvernements pourraient accorder aux entreprises un
allègement financier supplémentaire en réduisant les charges
sociales, en suspendant la taxe sur la valeur ajoutée et en
accordant des prêts d'urgence aux secteurs particulièrement
touchés comme l'industrie du tourisme, a encore dit Laurence
Boone.
L'économiste ajoute que les gouvernements ne devraient pas
se concentrer sur une réduction des dépenses et laisser les
programmes d'assurance-chômage jouer leur rôle pour amortir le
coup porté à l'activité économique.
RÉPONSE COORDONNÉE
Parallèlement, les banques centrales devraient fournir aux
marchés financiers, qui ont connu la semaine dernière leur plus
forte baisse depuis 2008, des signaux rassurants sur leur
volonté et leur capacité d'assouplissement de leur politique
monétaire et à apporter des liquidités aux banques si
nécessaire.
"Nous ne voulons pas ajouter une crise financière à la crise
sanitaire", a déclaré Laurence Boone.
Des responsables de la Réserve fédérale américaine, de la
Banque centrale européenne et de la Banque du Japon ont dit
récemment être prêts à agir si nécessaire.
"Une réponse de politiques sanitaire, budgétaire et
monétaire du G20 n'enverrait pas seulement un message fort de
confiance mais multiplierait aussi les effets des actions
nationales", a dit Laurence Boone.
Jusqu'ici, la coordination internationale face à l'épidémie
de coronavirus semble être limitée aux pays du G7, dont les
ministres des Finances doivent tenir une conférence téléphonique
cette semaine, a indiqué lundi le ministre français de
l'Economie et des Finances Bruno Le Maire.
CROISSANCE CHINOISE À 4,9%
Dans le scénario de base de l'OCDE, selon lequel la
situation liée au coronavirus ne se détériore pas de façon
spectaculaire, la Chine serait la plus impactée cette année,
avec une estimation de croissance du PIB revue à 4,9%, contre
5,7% en novembre.
La deuxième économie mondiale connaîtrait un rebond en 2021
pour renouer avec un taux de croissance identique à celui
enregistré avant l'épidémie de coronavirus, à 6,4%, prévoit
l'OCDE.
Dans la zone euro, où le nombre de personnes contaminées par
le nouveau coronavirus progresse rapidement, la croissance
économique est désormais attendue à 0,8% cette année, contre une
prévision précédente de 1,1%, et avant un rebond à 1,2% en 2021.
L'Italie, le pays européen le plus touché par l'épidémie,
connaîtrait une activité économique stable cette année et l'OCDE
prévoit une croissance de 0,9% pour la France.
Le coronavirus devrait peser dans une moindre mesure sur la
croissance économique des Etats-Unis, attendue à 1,9% en 2020,
contre une prévision de 2,0% en novembre. En 2021, le PIB
américain progresserait de 2,1%.
* Voir aussi:
TABLEAU-Tableau des prévisions économiques de
l'OCDE
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TABLEAU-Tableau des prévisions économiques de l'OCDE
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(Blandine Hénault pour la version française, édité par Nicolas
Delame)