Climat-L'appel de l'Opep sur les énergies fossiles tend les négociations à la COP28
information fournie par Reuters 09/12/2023 à 09:53

par Kate Abnett et Valerie Volcovici

Les pays membres de l'Opep bataillent contre toute formule prévoyant une "sortie" des énergies fossiles dans l'accord en cours de négociation à quelques jours de la fin de la COP28, sommet sur le climat parrainé par les Nations unies aux Emirats arabes unis.

D'après des négociateurs et des observateurs, plusieurs membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole semblent obéir aux appels de la direction du cartel les invitant à bloquer tout accord évoquant un abandon des énergies fossiles, considérées comme l'une des principales sources du changement climatique.

Dans une lettre datée de mercredi, le secrétaire général de l'Opep, Haitham al Ghais, a appelé les pays membres à rejeter toute formule ciblant les énergies fossiles, avertissant que "les pressions injustifiées et excessives contre les énergies fossiles pourraient atteindre un point de bascule avec des conséquences irréversibles".

Haitham al Ghais a par la suite refusé de commenter la teneur de cette lettre mais a déclaré que, pour l'Opep, les négociations devaient se concentrer sur la réduction des émissions polluantes et non sur la désignation d'une source d'énergie en particulier.

"Le monde a besoin d'investissements massifs dans toutes les énergies, y compris les hydrocarbures", a-t-il dit. "La transition énergétique doit être juste, équitable et inclusive."

Au moins 80 pays réclament qu'un éventuel accord à la COP28 appelle à l'abandon à terme des énergies fossiles pour tenter de respecter une trajectoire permettant de contenir la hausse de la température mondiale à 1,5° Celsius, objectif fixé lors de la COP21 à Paris en 2015.

Ils peinent toutefois à convaincre les pays dont les revenus dépendent en grande partie du pétrole et du gaz, qui mettent l'accent pour leur part sur le développement de technologies telles que le captage du carbone.

Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition énergétique, s'est dite "stupéfaite" et "en colère" après les déclarations de l'Opep.

"La position de l’Opep met en péril les pays les plus vulnérables et les populations les plus pauvres qui sont les premières victimes de cette situation. Je compte sur la présidence de la COP pour ne pas se laisser impressionner par ces déclarations et pour porter un accord qui affirme un objectif clair de sortie des énergies fossiles", a-t-elle déclaré.

Après une semaine de discussions techniques, les négociations ont basculé au niveau ministériel pour tenter de parvenir à un texte de compromis avant la fin prévue du sommet mardi.

La dernière version du projet d'accord soumis aux négociateurs prévoit encore différentes possibilités sur ce thème central des énergies fossiles, allant d'une sortie programmée en fonction des données fournies par la science à l'absence pure et simple de toute référence au sujet.

(Reportage Kate Abnett, Valerie Volcovici et Elizabeth Piper, avec Elizabeth Pineau à Paris, version française Bertrand Boucey)