Climat-Des militants bloquent Total, Société générale, EDF à La Défense

information fournie par Reuters 19/04/2019 à 12:42
 (Actualisé avec éléments supplémentaires)
    LA DEFENSE, Hauts-de-Seine, 19 avril (Reuters) - Des
militants écologistes ont bloqué vendredi les sièges de Total
 TOTF.PA , Société générale  SOGN.PA  et EDF  EDF.PA  à La
Défense (Hauts-de-Seine) et dénoncé l'action d'Emmanuel Macron,
lors d'une journée de "désobéissance civile" pour le climat.
    Ils ont bloqué les accès et accroché des portraits du
président français surmontés de l'inscription "Macron président
des pollueurs" sur la façade d'au moins une des tours.
    "Les petits pas, ça suffit pas", ont scandé des dizaines de
militants de Greenpeace, Les amis de la Terre et d'ANV-COP21,
assis devant l'entrée de la tour de la Société générale.
    Des manifestants ont également bloqué un bâtiment du
ministère de la Transition écologique situé dans ce quartier
d'affaires de l'Ouest parisien.
    "Le mouvement climat français dénonce l'alliance toxique
qu'Emmanuel Macron et son gouvernement entretiennent avec les
grandes entreprises dont l'activité accélère le changement
climatique", écrivent les organisations dans un communiqué.
    Affirmant que plus de 2.000 personnes ont participé à cette
action, elles ajoutent que "des mesures radicales et immédiates
sont nécessaires pour parvenir à limiter le réchauffement
climatique à +1,5°C d'ici la fin du siècle".
    Des policiers ont aspergé de gaz lacrymogène des
manifestants assis devant l'entrée de la Société générale en
milieu de matinée, sans les déloger.
    
    MACRON, CHAMPION AUTOPROCLAMÉ ET CONTESTÉ DU CLIMAT
    Emmanuel Macron s'est efforcé de s'ériger en champion de
l'Accord de Paris pour le climat en répliquant avec le slogan
"Make the planet great again" à l'annonce de Donald Trump de sa
volonté d'en faire sortir les Etats-Unis. Mais son action est
très critiquée par des militants écologistes.
    Quatre organisations - Greenpeace, Oxfam, la Fondation pour
la nature et l'homme, Notre affaire à tous - ont notamment saisi
la justice pour contraindre l'Etat à relever ses ambitions.
    Emmanuel Macron "a changé" sur l'environnement, assurait fin
mars Pascal Canfin, militant écologiste devenu candidat du parti
présidentiel La République en marche (LaRem) pour les élections
européennes du 26 mai.
    "Je suis l'une des rares personnes à lui avoir dit 'non'
deux fois. Si je lui dis 'oui' aujourd'hui, c'est parce qu'il a
changé, il est en train de changer.", expliquait-il.
 
    Le gouvernement vient de relever ses ambitions en matière de
réduction des émissions de gaz à effet de serre, à en croire une
nouvelle version du futur projet de loi sur l'énergie et le
climat dévoilée la semaine dernière dans la presse.
    Cette deuxième mouture prévoit une division par plus de six
des émissions d'ici à 2050, alors que la précédente version,
mise au rebut le mois dernier, fixait comme seul objectif celui,
plus flou, de la neutralité carbone à l'horizon 2050.
 
    Emmanuel Macron a parallèlement décidé que la France
voterait contre l’ouverture de négociations commerciales entre
l’Union européenne et les Etats-Unis en raison du contexte de
menaces commerciales répétées de Donald Trump et de la sortie
annoncée des Etats-Unis de l’Accord de Paris.  
    La décision ne se prenant pas à l'unanimité, les Etats
européens ont donné lundi leur accord à l'ouverture de ces
négociations, malgré l'opposition de Paris.  
    A l'issue du Conseil européen du 22 mars, le président
français avait regretté des conclusions très insuffisantes à ses
yeux sur le dérèglement climatique et pressé les dirigeants
européens de relever rapidement leurs engagements.
    "Il nous faudra aussi sur ce point un réveil, mais il n’est
pas encore là. Je ne vais pas vous mentir", avait-il déploré.
 
    L'entreprise EDF a déclaré vendredi qu'elle produisait 96%
de son électricité "sans CO2" et qu'elle s'était engagée à
réduire ses émissions de 40% à l’horizon 2030. "Le groupe est en
bonne voie pour atteindre cet objectif : en 2018, les émissions
de CO2 du groupe ont atteint un niveau historiquement bas avec
une réduction de 30% par rapport à 2017", explique EDF dans un
communiqué.
    Total et Société générale n'ont pas souhaité commenter
l'action en cours à La Défense.

 (Antony Paone et Benoît Tessier à La Défense, Caroline
Pailliez, Jean-Baptiste Vey et Inti Landauro à Paris, édité par
Sophie Louet)