Cellectis : un changement de partenaire salutaire

information fournie par Biotech Finances 04/04/2018 à 09:10

Pfizer, partenaire de la biotech française depuis juin 2014, cède ses droits de licences sur 17 candidats-médicaments à une société nouvellement créée, Allogene Therapeutics. (crédit : Adobe Stock)

Pfizer quitte l’aventure Cellectis. Le groupe américain, partenaire de la biotech française depuis juin 2014, cède ses droits de licences sur 17 candidats-médicaments à une société nouvellement créée, Allogene Therapeutics, qui a levé concomitamment 300 millions de dollars auprès d’un syndicat de capitaux-risqueurs. Profitant d’une forte hausse de son cours de Bourse à l’annonce de ce changement de partenaire (+14% hier), Cellectis a, de son coté, annoncé une prochaine augmentation de capital d’au moins 175 millions de dollars sur les Bourses de New York et de Paris (sous forme de placement privé). Les conditions du partenariat reste inchangées : Cellectis est toujours éligible à des paiements d’étape pouvant atteindre 2,8 milliards de dollars pour l’ensemble de ces actifs, ainsi que des redevances sur les futures ventes éventuelles. Ce matin, le titre recule de 4% à l'ouverture.

Une équipe très crédible

Alors que Cellectis mène la course dans le développement clinique des premiers CAR-T allogéniques - une nouvelle génération d’anti-cancéreux - avec une (petite) avance sur des géants comme Gilead, Novartis ou encore Celgene, la fin du partenariat avec le leader mondial de la pharmacie, aurait pu sonner comme un signal d’alarme. Sauf que Pfizer passe la main à une équipe très crédible. En effet, Allogene a été créé pour l’occasion par l’ancienne équipe dirigeante de Kite Pharma : Arie Belldegrun, son fondateur et ancien PDG, et David Chang, l’ex-vice-président R&D et médical de Kite.

En novembre 2017, Kite fut le second laboratoire à décrocher une autorisation de mise sur le marché pour un médicament conçu à partir de cellules T porteuses d’un récepteur chimérique d’antigenes (CAR-T), sept semaines après Novartis. Son produit, Yescarta est un CAR-T autologue, fabriqué en une quinzaine de jours à partir des cellules du patient et indiqué dans plusieurs lymphomes rares. La société fut rachetée avant même l’autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis, par le géant américain Gilead, pour 11,9 milliards de dollars. Fortune faite, les deux anciens chefs d’expédition de Kite Pharma ont décidé d’attaquer l’autre versant des CAR-T, les «allogéniques», fabriqués à partir de cellules de donneurs anonymes puis génétiquement modifiés pour ne pas provoquer de réactions immunitaires, et donc immédiatement disponibles, « sur l’étagère » de la pharmacie de l’hôpital. Un champ où Cellectis est pionnier et où les premiers produits pourraient être disponibles commercialement à partir du milieu la prochaine décennie.

Retournement de situation

Les développements cliniques annoncés par Cellectis, ces derniers mois, sur ces deux principaux programmes, UCART19 et UCART123 ont laissé les investisseurs sur leur faim. Et, bien que pour l’heure seules UCART19 et UCART 123 de Cellectis ait été administrés chez l’homme, les retards de ces programmes ont fait craindre un rattrapage des concurrents. Il est possible que Pfizer ait fait partie des déçus. Mais les investisseurs n’ont retenu de cette annonce que l’intérêt porté par les anciens de Kite. Cette alliance devrait aider Cellectis à crédibiliser son approche auprès des industriels et des investisseurs. L’équipe d’Allogene apportera également son expérience dans le pilotage des essais cliniques. Un domaine délicat, comme l’ont appris, à leurs dépens, plusieurs acteurs du secteur comme Juno, Bellicum mais aussi Cellectis, l’an passé avec UCART123.

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