Burberry bascule dans le rouge et se serre un peu plus la ceinture
information fournie par Boursorama avec AFP 14/05/2025 à 10:58

L'icône du luxe britannique Burberry continue de pâtir de la crise qui secoue le secteur: elle voit son résultat plonger dans le rouge à l'issue d'une année noire et envisage 1.700 suppressions d'emplois. Mais les investisseurs croient à un rebond.

( AFP / DANIEL LEAL )

Burberry publie mercredi une perte nette de 75 millions de livres (89 millions d'euros) pour son exercice décalé achevé fin mars, contre un bénéfice de 270 millions de livres un an plus tôt.

Son chiffre d'affaires a reculé de 17%, à 2,5 milliards de livres, mais le groupe assure cependant voir les premiers effets positifs de son plan de redressement.

Après un recentrage "d'urgence" en novembre sur ses grands classiques, comme son trench coat et ses écharpes, le groupe dit ainsi, dans un communiqué, avoir vu "une amélioration significative de (ses) ventes au détail".

Les investisseurs applaudissent mercredi une amélioration des ventes meilleure qu'espéré: le titre de Burberry s'envolait de plus de 9% à la Bourse de Londres peu après 08H00 GMT.

"Il ne fait aucun doute que (l'entreprise) prend de l'élan", pour Richard Hunter, analyste chez interactive investor. Mais les résultats du groupe restent bien loin du faste des années précédentes, ce qui "montre l’ampleur des réparations nécessaires", selon lui.

- "Livres d'histoire" -

"Burberry voudra reléguer au plus vite dans les livres d'histoire l'année écoulée, marquée par un changement de directeur général, la suspension du dividende" et des mauvais résultats au premier semestre "qui ont fait chuter le cours de l'action", résume l'analyste.

De fait, malgré l'envolée de mercredi, le cours de l'action de Burberry reste en baisse de presque de 25% sur les douze derniers mois.

"Nous n'en sommes qu'aux prémices de notre redressement" et "l'environnement macroéconomique actuel est devenu plus incertain compte tenu des évolutions géopolitiques", reconnaît le groupe dans un communiqué.

La marque au célèbre tartan pâtit depuis de longs mois d'un manque d'appétit mondial pour les produits haut de gamme, notamment en Chine, et de choix stratégiques malheureux.

Sa valeur en Bourse a plongé, au point d'être délogée en septembre du FTSE 100, l'indice vedette de la place financière de Londres, et rétrogradée sur le FTSE 250.

Le secteur du luxe de manière générale comptait sur le marché américain pour contrebalancer le ralentissement des ventes en Chine, mais il doit désormais faire face aux droits de douane annoncés par Donald Trump.

- 18% des effectifs -

Burberry a annoncé en novembre qu'elle se concentrerait désormais sur les produits qui ont fait sa renommée.

Ce plan s'accompagnait d'un programme de réduction des coûts, de l'abandon des produits plus modernes ou de niche qui n'ont pas trouvé de clientèle, et de prix plus en rapport avec sa marque -le luxe, mais pas l'ultra luxe.

Conséquence des incertitudes persistantes, Burberry a annoncé mercredi de nouvelles mesures d'économies de 60 millions de livres (71 millions d'euros) d'ici 2027, qui s'ajoutent à 40 millions de livres annoncées précédemment.

Ces mesures "pourraient avoir un impact sur environ 1.700 postes dans le monde pendant la durée du programme", a précisé Burberry. Cela représente plus de 18% des quelque 9.300 salariés que compte l'entreprise, selon son dernier rapport annuel.

Mais l'entreprise fondée en 1856 à Basingstoke (sud de l'Angleterre) par un apprenti drapier, peut toujours compter sur sa renommée. La Reine d'Angleterre elle-même avait décerné un "mandat royal" à l’entreprise dès 1955, faisant de Burberry un fournisseur régulier de la famille royale.

"La résilience de nos catégories de vêtements d'extérieur et écharpes réaffirme ma conviction que nous avons le plus d'opportunités là où nous avons le plus d'authenticité", a assuré mercredi le directeur général Joshua Schulman.

L'Américain a pris les rênes de l'entreprise en juillet, remplaçant le Britannique Jonathan Akeroyd, évincé après à peine plus de deux ans.