Budget 2025 : Berlin renforce ses dépenses militaires information fournie par Boursorama avec Media Services 18/09/2025 à 16:44
Avec des mois de retard, les députés allemands ont adopté ce jeudi le budget 2025. L'Allemagne revoit ses dépenses de défense à la hausse, loin de faire l'unanimité.
Ce vote ne résout cependant pas les nombreux désaccords entre les conservateurs du chancelier Friedrich Merz et leurs alliés de circonstance sociaux démocrates, qui doivent encore s'entendre sur les budgets 2026 et 2027 dans un contexte de marasme économique et de tensions géopolitiques croissantes.
Adopté en retard car des élections législatives anticipées fin février ont retardé le calendrier, le budget engage des dépenses de 502,5 milliards d'euros, en hausse de 25 milliards par rapport à 2024, et un endettement de 81,8 milliards pour financer le déficit .
Le Bundestag a également voté la mise en place du fonds spécial pour les infrastructures vieillissantes, entre routes, ponts et réseaux internet défaillants, et la transition climatique, autorisé à emprunter jusqu'à 500 milliards d'euros sur 12 ans. Plus de 37 milliards d'euros sont disponibles dès cette année, dont 12 milliards pour le réseau de transport allemand.
Depuis son arrivée au pouvoir début mai, le gouvernement de coalition entre conservateurs (CDU-CSU) et sociaux-démocrates (SPD), emmené par Friedrich Merz, a abandonné des années de prudence budgétaire.
En incluant le budget principal et le fonds spécial, Berlin va emprunter en net cette année environ 143 milliards d'euros, et près de 175 milliards en 2026 , alors que les efforts devraient s'intensifier.
Dans un discours devant les députés avant leur vote, le ministre des Finances Lars Klingbeil a déclaré que le gouvernement "donne une priorité absolue au retour de la croissance économique en Allemagne et à la préservation des emplois".
"C'est la question la plus importante pour la population de ce pays", a ajouté le ministre social-démocrate.
Pour le gouvernement, le plus dur reste à concilier les promesses de changement avec les compromis sociaux requis par le partenaire social-démocrate.
Des priorités budgétaires contestées
Le budget actuel est qualifié de "décevant" alors que "si peu du fonds d'infrastructure est destiné à de nouveaux projets susceptibles de renforcer le potentiel de croissance de l'Allemagne", soulignent les analystes de Deutsche Bank.
Le "coup de fouet" budgétaire reste selon eux à venir, susceptible de "soutenir temporairement la croissance cyclique" de l'Allemagne après deux années de récession .
Ainsi, "les observateurs étrangers pourraient être surpris de la rapidité avec laquelle le gouvernement pourrait se mobiliser dans les 6 à 12 prochains mois, notamment avec les nouvelles commandes de défense" , concluent-ils.
Une autre critique concerne le transfert d'une partie des fonds destinés à l'infrastructure et à la numérisation depuis le budget principal "au profit des dépenses sociales", met en garde Emilie Höslinger, chercheuse à l'institut Ifo.
Berlin libère ainsi dans le budget principal de l'argent utilisé pour des dépenses de consommation publique immédiates, notamment sociales.
L'experte avertit sur le poids futur de cette dette, qui va creuser le déficit structurel, et le risque d'un effet limité sur la croissance.