Brigitte Bardot, la passionaria des animaux
information fournie par AFP 28/12/2025 à 16:23

L'actrice française Brigitte Bardot lors d'une manifestation contre la chasse aux phoques, le 8 avril 1976 à Fécamp ( AFP / Jean-Pierre PREVEL )

En 1973, Brigitte Bardot, décédée dimanche, faisait une croix sur le cinéma et son statut d'icône mondiale pour se consacrer entièrement au combat de sa vie, la cause animale.

"Ma première partie de vie fut comme le brouillon de mon existence", la deuxième a apporté "les réponses aux questions que je me posais jusque-là", affirmait l'ancienne actrice, alors âgée de 83 ans, dans son livre testament "Larmes de combat" en 2018.

Brigitte Bardot tient l'un de ses chiens, le 28 décembre 2005 à Nice ( AFP / Valery HACHE )

"Tout est parti d'une conviction que j'avais: l'humanité n'est pas au centre du monde, l'animal n'est pas esclave de l'homme, l'asservir et le maltraiter nous rend inhumains", expliquait B.B.

Sa disparition a déclenché une salve d'hommages parmi les défenseurs de la cause animale. Brigitte Bardot était "un ange pour les animaux", a salué l'association Peta. Pour la SPA, elle a "ouvert la voie à des combats qui restent plus que jamais d'actualité".

"Ton départ laisse un vide immense. Soyons nombreuses et nombreux à reprendre le flambeau", a de son côté réagi le journaliste Hugo Clément, connu pour son engagement en faveur des animaux.

La première bataille de la star remonte à 1962. Au sommet de sa gloire, elle est sensibilisée aux conditions d'abattage du bétail par son premier mari Roger Vadim, puis par Jean-Paul Steiger, fondateur du club des Jeunes amis des animaux. Au début des années 1960, ce dernier s'était introduit dans un abattoir pour prendre des photos.

"Ces clichés m'ont horrifiée. Je devais faire quelque chose", raconte Brigitte Bardot. Elle dénonce à la télévision les égorgements d'animaux conscients, "des traitements dignes du Moyen- Age", et rencontre le ministre de l'Intérieur, Roger Frey, sans que rien ne change.

Brigitte Bardot tient une ancienne couverture de Paris Match sur le sauvetage des bébés phoques, le 5 décembre 2005 à Genève ( AFP / Fabrice COFFRINI )

En 1977, avec sa spectaculaire arrivée sur la banquise pour sauver les bébés phoques et sa photo avec un nouveau-né, un "blanchon", en Une de Paris Match, elle affiche sa nouvelle image. "J'ai tout appris de mon +sacerdoce+ de défenseur des animaux avec cette bataille", confiait-elle.

A partir de là, toutes les bêtes (visons, chiens, chats, civettes, éléphants, baleines, tourterelles, pigeons, ours, ânes, chevaux, loups) ont trouvé leur porte-parole.

- "Ridiculisée" -

C'est aussi à cette époque qu'elle partage sa vie avec un autre défenseur des animaux: le journaliste Allain Bougrain-Dubourg, connu pour ses émissions animalières dans les années 1980.

De 1989 à 1992, elle présente sur TF1 son émission "SOS animaux", qui enregistrait un taux exceptionnel d'écoute malgré l'heure tardive. "Ce côté pionnier m'a coûté cher. On m'a ridiculisée, on m'a méprisée pour cela", estimait-elle dans son livre.

Brigitte Bardot, le 17 janvier 1989 à Cabriès, dans le sud de la France ( AFP / GERARD FOUET )

S'appuyant sur son image et sa popularité, elle crée en 1986 sa Fondation, pour laquelle elle a tout donné, "son nom, son temps et ses revenus".

La Fondation Brigitte Bardot démarre dans "une petite chambre d'ami de La Madrague", sa propriété de Saint-Tropez, avec les moyens du bord, avant de déménager à Paris.

Elle mène une lutte tenace contre la chasse à courre, la vivisection, les pièges à mâchoires, la corrida, les delphinariums...

Protectrice ombrageuse des animaux, Brigitte Bardot était aussi une habile stratège. Dénonciations à la télévision, communiqués de presse, manifestations, participation à des conférences internationales, interpellations de politiques, lettres aux chefs d'État, invectives, injures.... Tout était bon pour mener son combat.

En avril 2023, elle invectivait sur Twitter Emmanuel Macron, le "président des chasseurs", qui l'avait reçue à l'Élysée en 2018.

- "Beauté sans artifice" -

"Cinq ans après, oui je vous engueule Emmanuel Macron car je suis en colère face à votre inaction, votre lâcheté, votre mépris des Français (qui vous le rendent bien il est vrai)", lâchait-elle dans une lettre ouverte, lui reprochant de ne pas assez faire pour la condition animale.

Avant cela, la militante avait demandé à François Mitterrand la création d'un "Secrétariat d'État à la cause animale". Elle avait aussi plaidé auprès de Nicolas Sarkozy et François Hollande.

L'ex-actrice, devenue végétarienne, avait fait de l'hippophagie "une de (ses) dernières batailles" et espérait "voir l'abolition "avant (sa) mort" de la consommation de cheval.

Brigitte Bardot lors d'une exposition féline à Saint-Tropez, le 4 juin 1977 ( AFP / - )

Opposée à l'abattage traditionnel de moutons liés à la fête musulmane de l'Aïd el-Kébir, Brigitte Bardot s'en est aussi pris aux musulmans, ce qui lui a valu des condamnations pour incitation à la haine raciale.

Dans "Mon BBcédaire", livre paru en septembre 2025 et entièrement rédigé de sa main, Bardot s'élevait encore contre l'élevage "qui conduit (les animaux) à l'abattoir", les zoos, ou les laboratoires, "lieux de douleurs infinies".

Sous le mot "Beauté", elle écrivait que "seuls les animaux en sont porteurs sans artifice".