Bourse : bulle Internet en 2000, bulle IA en 2025 ?
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 06/02/2025 à 08:15

Une puce Nvidia (Crédits: Adobe Stock)

Le succès d'une application d'IA Générative lancée par la société chinoise « DeepSeek », aussi efficace que Chat-GPT et considérablement moins gourmande en investissement et en énergie, pose la question du « disrupteur disrupté » et d'une bulle IA. L'émergence de l'IA dans les années 2020 rappelle l'avènement d'Internet à la fin des années 90 : son éclatement est-il imminent ?

Le phénomène est identique : une innovation majeure (internet et les réseaux de télécommunications il y a 25 ans, l'IA aujourd'hui ) va bouleverser la société, générer des gains de productivité considérables et capte à outrance l'attention de Wall Street.

Même si « vu de loin » les deux situations semblent très proches, les différences sont très importantes. Il y a 25 ans la bourse avait gonflé le cours des exploitants de réseaux et des équipementiers de telcos sur la base de leur position incontournable et de la programmation d'investissements gigantesques. Les fondamentaux des entreprises étaient souvent dégradés (sociétés en perte, structures financières fragiles...), et le marché était plus surévalué qu'aujourd'hui...

Source : Factset et Phiadvisor Valquant

Ce graphique montre que l'état de surévaluation était bien plus important, de l'ordre de 50% (évaluation selon les taux et la croissance des bénéfices de 8 000 points, contre un indice réel à près de 12 000 points. )..

Aujourd'hui, le PER du S&P 500 hors « 7 Magnifiques » (Nvidia, Microsoft, Meta Platforms, Alphabet – Google, Apple, Amazon, Tesla), vaut 19,5, contre 30 pour les 7 leaders de la technologie américaine.

Evolution du PER des « 7 Magnifiques » et du S&P 500

Source : LSEG / Yardeni Research

Ce chiffre de 30 peut paraitre élevé, mais il reflète une croissance de l'activité de 15% en moyenne depuis 10ans, soit près de trois fois plus que le S&P 500, et des marges nettes deux fois supérieures à celle du S&P 500. S'il y a surévaluation, elle n'est pas aussi considérable qu'en 2000...

Evolution de la marge nette des « 7 Magnifiques » vs le S&P 500

Source : LSEG / Yardeni Research

Depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, les professionnels évoquent de plus en plus le risque de l'éclatement d'une bulle IA, notamment à l'aune de l'effet « DeepSeek ». Le fait d'en parler constitue par soi-même un « déminage » boursier efficace, car les mains fragiles vendent par temps calme, et lorsque l'orage arrive....il n'y a plus rien à vendre, seules les mains fortes sont encore présentes, et elles tiennent...

Même en cas d'éclatement d'une éventuelle bulle, ce « techno crash » n'impliquerait pas forcément une baise de l'ensemble du marché. L'année boursière 2000 n'avait pas été catastrophique pour les grands indices. Ella avait été terrible pour les valeurs technologiques, mais on avait assisté au redressement boursier des actions de l'« ancienne économie ». Les deux tableaux ci-dessous montrent que Goodyear avait progressé de 29% en un mois, tandis qu'Amazo,n.com avait chuté de 37% . Au sein même des actions technologiques, une action comme Oracle avait réussi à afficher un gain de 35%...contre une baisse de 28% pour Microsoft...

Ainsi, plus que jamais, il existe des différences de performances considérables entre les actions d'un même indice ou d'un même secteur ; Cela démontre à nouveau l'importance de l'analyse qu'il faut mener pour les anticiper ...