BNPP AM renforce ses exigences de féminisation des conseils dans le monde information fournie par Agefi Asset Management 23/02/2023 à 10:45
(NEWSManagers.com) - Comment accélérer la féminisation des conseils d’administration dans le monde ? Si la France conserve son avance, grâce à sa réglementation contraignante, le reste du monde reste encore loin des 40% de femmes. Pour encourager les entreprises à progresser, BNP Paribas Asset Management vient de renforcer drastiquement sa politique de vote pour 2023. La société de gestion exige désormais un minimum de 35% de femmes dans les conseils en Europe et Amérique du Nord, contre 30% en 2022 ; et un minimum de 20% en Asie, Amérique latine et Moyen-Orient, contre 15% l’an dernier. Un vrai défi, puisque seules 43% des sociétés investies par BNPP AM respectent ce seuil de 35%, et 27% celui de 20%, des niveaux déjà supérieurs à ceux du marché. « Notre politique volontariste a pour objectif de faire avancer les entreprises sur les enjeux de diversité, poursuit Michael Herskovich, Global Head of Stewardship de BNP Paribas Asset Management. Dans le cadre de nos discussions avec elles, nous prenons en compte la temporalité de la rotation des conseils, les administrateurs siégeant en moyenne entre 8 et 12 ans. Nous comprenons que les renouvellements, et donc la féminisation, peuvent prendre du temps ».
Si ces nouvelles exigences ne sont pas atteintes, BNPP AM votera contre les administrateurs hommes, en première nomination ou en renouvellement, lors des AG 2023. Toutefois, si la société s’approche du seuil demandé (avec un taux de féminisation de 20% à 35%, ou de 10% à 20%) et si elle a fait des efforts de diversité de genre, affiche une diversité ethnique satisfaisante, a pris des engagements de court terme pour atteindre nos seuils, ou est dirigée ou présidée par une femme, BNPP AM temporisera et ne s’opposera pas aux administrateurs.
Objectif de 40% pour tous les conseils en 2025
« Dès 2019, nous avons fixé notre première règle, en demandant au minimum une femme au conseil, confie Michael Herskovich. Nous rehaussons nos exigences régulièrement, avec un objectif de 40% de femmes dans tous les conseils des sociétés où nous sommes investis à horizon 2025. Aujourd’hui, seulement un tiers de notre portefeuille en Europe et 12% Amérique du Nord a atteint les 40% ».
Deux pays constituent toujours un défi, le Japon (8% de femmes dans les conseils, et 13% dans le portefeuille de BNPP AM) et la Corée du Sud (5% et 10%). Toutefois, la société de gestion note des progressions sur toutes les zones. Les conseils dans le monde comptent 20% de femmes (contre 18% en 2021). Un chiffre qui monte à 27% (contre 25% en 2021) pour les sociétés où investit BNPP AM. Cette dernière est à 36% en Europe – dont 44% pour la France, 41% pour l’Italie et 40% pour la Norvège – à 30% pour l’Amérique du Nord et 14% pour l’Asie. « Notre objectif de 40% reste de manière surprenante un challenge pour les entreprises américaines, d’autant que les investisseurs visent plutôt les 30%, constate Michael Herskovich. La diversité ethnique y est un enjeu prioritaire par rapport à la féminisation des conseils, qui devrait pourtant être au même niveau qu’en Europe ».
Opposition aux droits de vote multiples
Pour la saison des assemblées générales 2023, BNPP AM apporte trois modifications à sa politique de vote. D’une part, ce relèvement des seuils minimums de féminisation des conseils. D’autre part, la présence d’au-moins une minorité ethnique dans les conseils américains et britanniques. Enfin, au nom du principe « une action une voix », la société de gestion s’opposera aux membres des comités de gouvernance des entreprises qui ont des droits de vote multiples – au-delà du droit de vote double pour détention longue – sans clause de fin automatique au bout de cinq ans. « Si le listing act en cours de discussion y est favorable et qu’en Europe, le Royaume-Uni et les Pays-Bas l’autorisent déjà, nous y sommes fermement opposés », ajoute Michael Herskovich.
Vigilance sur le say-on-climate
Par ailleurs, BNPP AM restera très vigilant sur les sujets environnementaux, notamment sur les say-on-climate, et sur les critères ESG de la rémunération des dirigeants. « En 2022, nous nous sommes opposés à 1.391 résolutions pour des raisons environnementales et sociales, et à 79% des 40 say-on-climate proposés par les entreprises, rappelle Michael Herskovich. En cas de mécontentement, nous votons contre la réélection des administrateurs, ne donnons pas le quitus, ou, en dernier recours, n’approuvons pas les comptes ».
La clé des avancées demeure la qualité de l’engagement actionnarial. L’an dernier, « à l’issue du dialogue avec nos 40 plus fortes positions sur les questions de diversité, la moitié de ces sociétés ont amélioré leur proposition », conclut Michael Herskovich. De quoi rester optimiste !