BERLIN, 12 juillet (Reuters) - Le gouvernement allemand a
adopté mercredi un décret permettant de bloquer la vente à des
investisseurs étrangers d'entreprises stratégiques, en réponse
aux inquiétudes suscitées par la prise de contrôle de
savoir-faire ou de technologies par des entreprises chinoises
notamment.
"Nous demeurons l'une des économies les plus ouvertes au
monde mais nous devons aussi prendre en compte la loyauté des
conditions de concurrence", a déclaré la ministre allemande de
l'Economie, Brigitte Zypries.
"Nous le devons à nos entreprises. Elles sont souvent en
concurrence avec des (entreprises de) pays dont les économies ne
sont pas aussi ouvertes que la notre."
A l'automne dernier, Berlin a bloqué coup sur coup les
projets de rachat de la filiale de la société d'éclairage Osram
OSRn.DE et de l'équipementier des semi-conducteurs Aixtron
AIXGn.DE par des sociétés chinoises après avoir laissé filer
le constructeur de robots industriels Kuka KU2G.DE , racheté
par le chinois Midea.
Les dirigeants de l'Union européenne se sont accordés le
mois dernier pour envisager un examen des investissements
réalisés par les entreprises publiques chinoises.
La France, l'Allemagne et l'Italie ont plaidé pour une
réglementation à l'échelle européenne permettant de bloquer les
investissements dans des entreprises stratégiques, en provenance
de pays non-membres de l'UE, notamment de Chine.
Certains pays de l'UE comme la Suède ont toutefois émis des
réserves estimant que ce projet risquait d'accentuer le
protectionnisme.
Les nouvelles dispositions adoptées en Allemagne précisent
pour la première fois les critères permettant de bloquer une
opération et définissent les secteurs concernés comme les
opérateurs d'infrastructures hospitalières ou de réseaux
électriques.
Elles permettent aussi au gouvernement de porter de deux à
quatre mois le délai d'examen des opérations et prendront effet
dès leur publication dans l'équivalent allemand du Journal
officiel.
En plein feuilleton sur l'avenir industriel d'Alstom, alors
convoité par l'américain GE, le gouvernement français avait
adopté en mai 2014 un décret renforçant le dispositif de
contrôle des investissements étrangers en France.
Il imposait un système d'autorisation préalable, venant du
ministère de l'économie, aux groupes étrangers voulant racheter
une entreprise française de l'énergie, des transports, de l'eau,
de la santé et des télécoms.
Cette liste complétait celle d'un décret de 2005, qui
portait sur les activités relevant de la défense, de la sécurité
privée, des technologies de l'information et des jeux d'argent.
(Rene Wagner et Holger Hansen, Marc Joanny pour le service
français, édité par Juliette Rouillon)