Berkshire à l'aube d'une nouvelle ère avec le départ de Warren Buffett information fournie par Reuters 05/05/2025 à 13:56
Le départ de Warren Buffett du conglomérat Berkshire Hathaway qu'il a bâti pendant 60 ans ouvre une nouvelle ère pour le groupe qui devra faire sans la vision de son emblématique dirigeant pour conserver la confiance des investisseurs.
Si les actionnaires ont salué le choix de son successeur en la personne de l'actuel vice-président Greg Abel, ils ont aussi exprimé des inquiétudes concernant le départ annoncé samedi de Warren Buffett qui a patiemment construit un conglomérat pesant 1.160 milliards de dollars pour 189 entreprises et 348 milliards de dollars de liquidité.
Le conseil d'administration de Berkshire Hathaway a ainsi voté à l'unanimité en faveur de la nomination de Greg Abel au poste de directeur général en 2026, a rapporté lundi CNBC, tandis que Warren Buffet restera président du conseil d'administration.
"Il y a eu une prime sur Berkshire à cause de Buffett. Les gens vont-ils continuer à voir le groupe de la même manière ?", résume Mark Malek, directeur des investissements chez Siebert.NXT.
Lundi, dans les échanges électroniques en avant-Bourse, l'action Berkshire Hathaway reculait de près de 2%.
Le rendement annualisé pour les actionnaires de Berkshire a pratiquement doublé par rapport à celui de l'indice Standard & Poor's 500 sous la direction de Warren Buffett.
Mais Greg Abel coche toutes les cases pour réussir à mener le groupe dans la bonne direction : "C'est le bébé de Buffett, et il a planifié de manière réfléchie et délibérée une succession ordonnée qui ne perturbe pas la valeur de l'œuvre de sa vie", souligne Daniel Hanson, gestionnaire de portefeuille chez Neuberger Berman. "J'ai toute confiance dans le leadership de Greg".
"Abel devra trouver le juste milieu entre le maintien d'un environnement semblable à celui de Buffett et le fait d'imprimer sa marque", estime pour sa part Cathy Seifert, analyste chez CFRA Research.
Le futur nouveau directeur général est présenté comme quelqu'un qui apprend vite, fort de ses multiples expériences dans de nombreux secteurs comme l'aéronautique ou la bijouterie.
ENTRE HERITAGE ET VISION PERSONNELLE
Certains analystes estiment que Greg Abel pourrait être plus direct que Warren Buffett dans la supervision des filiales de Berkshire après qu'il a déclaré lors de l'assemblée générale annuelle et avant l'annonce surprise de Warren Buffett, ignorée même par son vice-président, qu'il serait "plus actif" dans la supervision des filiales du groupe.
Le conglomérat regroupe de nombreuses activités, de l'assurance automobile au courtage immobilier en passant par les chemins de fer ou encore la distribution. Ajit Jain, vice-président, devrait continuer à superviser les activités d'assurances du conglomérat.
Greg Abel pourrait aussi céder plus facilement des entreprises, notamment dans des secteurs connaissant des difficultés à l'image de la vente d'Applied Underwritters en 2019 ou celle des titres de presse l'année suivante.
Et peut-être répondre aux demandes insistantes des investisseurs sur le versement d'un dividende, ce que Berkshire Hathaway n'a pas fait depuis 1967.
Des changements rapides sont néanmoins peu probables du fait de la taille de Berkshire et de son fonctionnement bien huilé : "Buffett a construit une machine extraordinaire. C'est quelque chose qui résistera à l'épreuve du temps", estime Nate Garrison, directeur des investissements chez World Investment Advisors.
Plusieurs investisseurs individuels ont souligné que Berkshire symbolisait un enrichissement lent, une marque de fabrique créée par Warren Buffett.
"Son plus grand héritage est d’avoir donné aux investisseurs beaucoup de confiance dans le fait qu’ils peuvent devenir riches, plus lentement", souligne Sameer Naik, qui travaille dans les logiciels à Omaha, dans le Nebraska, siège de Berkshire Hathaway. "Si vous investissez dans les bonnes entreprises que vous comprenez et que vous investissez sur la durée, de bonnes choses se produiront".
(Rédigé par Jonathan Stempel, Suzanne McGee et Carolina Mandl ; version française Bertrand De Meyer, édité par Blandine Hénault)