Barnier pense qu'un accord commercial est possible avec Londres information fournie par Reuters 14/12/2020 à 11:00
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par Christian Levaux et Bart Biesemans
BRUXELLES/LONDRES, 14 décembre (Reuters) - Un accord commercial entre Londres et Bruxelles reste envisageable, a considéré lundi Michel Barnier, le négociateur européen en chef, au lendemain de l'annonce de la prolongation des discussions entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.
Les deux parties se sont encore donné dimanche un délai supplémentaire pour tenter de parvenir à un accord in extremis sur leurs futures relations, à près de deux semaines de leur divorce effectif, même si Boris Johnson a souligné que les points de vue de Londres et Bruxelles restaient très éloignés sur certains points essentiels.
"Nous allons nous donner toutes les chances de parvenir à cet accord (...) qui reste possible", a déclaré Michel Barnier à la presse avant d'informer les 27 ambassadeurs européens de l'état d'avancement des négociations.
"Deux conditions ne sont toujours pas réunies. La concurrence libre et équitable et l'accès réciproque aux marchés et aux eaux. C'est sur ces deux points que nous n'avons pas trouvé de juste équilibre avec les Britanniques. Nous allons donc continuer de travailler" a-t-il ajouté.
La Grande-Bretagne a officiellement quitté l'UE en janvier dernier mais une période de transition court jusqu'au 31 décembre avant sa sortie effective. Ce délai est censé permettre de définir le cadre de leurs futures relations mais des mois de négociations n'ont toujours pas permis d'aboutir, faisant craindre aux milieux économiques un Brexit désordonné source de chaos, notamment dans les ports britanniques, avec des problèmes d'approvisionnement du pays.
"FOLIE"
Selon un diplomate européen, qui a assisté à la réunion des ambassadeurs, Michel Barnier a fait part de quelques progrès sur la question du règlement des contentieux futurs tout en restant extrêmement réservé sur les perspectives d'accord.
Michael Martin, le Premier ministre irlandais, a dit garder espoir qu'un accord soit trouvé dans les jours à venir tout en rappelant que les obstacles restaient nombreux.
"J'ai de l'espoir mais je ne veux pas minimiser l'ampleur des obstacles qui se trouvent devant les Britanniques et devant les Européens sur les questions de la concurrence et de la pêche", a-t-il dit sur RTE, la radiotélévision publique irlandaise.
Interrogé lundi matin sur FranceInfo, le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a souligné que, selon lui, les Britanniques sont ceux qui ont le plus à perdre du Brexit et de ses retombées.
"Les grands perdants du Brexit, ce seront les Britanniques", a-t-il déclaré sur France Info, estimant que leur volonté de quitter l'Union européenne était "une folie politique, une folie économique et une folie historique".
Le commerce français vers la Grande-Bretagne, a-t-il dit, ne représente qu'environ 33 milliards d'euros - "pas grand chose au regard du volume commercial global de la France", a-t-il noté.
"Notre évaluation, c'est que l'impact du Brexit sur l'économie française sera de 0,1 point de notre richesse nationale en 2021", a poursuivi Bruno Le Maire.
(Guy Faulconbridge et Kate Holton à Londres, Gabriela Baczynska, Kate Abnett et Johnny Cotton à Bruxelles, version française Nicolas Delame, édité par Jean-Michel Bélot)