Avec l'IA, Google gagne et dépense toujours plus
information fournie par AFP 24/07/2025 à 02:30

Image d'illustration montrant le logo de Google sur un écran le 29 avril 2018 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

Google résiste et continue même de gagner du terrain dans l'intelligence artificielle (IA), dépassant à nouveau les attentes du marché au deuxième trimestre, malgré la concurrence des assistants IA dans la recherche en ligne et des leaders du cloud dans l'informatique à distance.

Alphabet , la maison mère du géant d'internet, a vu son chiffre d'affaires bondir de 14% sur un an à plus de 96 milliards de dollars, dont elle a dégagé 28,2 milliards de dollars de bénéfice net au deuxième trimestre, d'après son communiqué de résultats publié mercredi.

Cette croissance est notamment portée par la forte demande en services d'IA, mais cette technologie coûte cher.

Sundar Pichai, le patron de la firme américaine, a prévenu que les investissements allaient encore augmenter, pour porter les dépenses en capitaux de Google à "environ 85 milliards de dollars" cette année, soit 10 milliards de plus que prévus, à comparer avec 52,5 miliards en 2024.

Cette information a initialement fait baisser le cours de l'action lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York, mais le titre prenait 1,68% après la conférence aux analystes.

Le moteur de recherche, qui génère l'essentiel des recettes de Google grâce à la publicité, est particulièrement surveillé alors que les assistants IA généralistes comme ChatGPT (OpenAI), ou spécialisés dans la recherche en ligne comme Perplexity lui font de plus en plus concurrence.

Mais Google a intégré des réponses produites par l'IA générative aux résultats de recherche, et "jusqu'à présent, le service est parvenu à éviter une perte de trafic, du moins sur les requêtes commerciales", a commenté Yory Wurmser, analyste chez Emarketer.

Il estime que l'entreprise parvient en outre déjà à tirer des revenus de ces réponses IA, baptisées "AI Overviews" et "AI Mode". "C'est de bon augure, puisque ces outils — tout comme ChatGPT — devraient commencer à gérer les requêtes d'achat au second semestre."

Google et OpenAI ont présenté au printemps leurs assistants de shopping numériques, capables de chercher les meilleurs prix, de trouver les modèles correspondant aux goûts du consommateur, et même de régler les achats si l'utilisateur les y a autorisé.

- "Toutes les licornes" -

Google Cloud s'est de son côté à nouveau illustré avec une forte croissance: ses ventes ont bondi de 32% pour dépasser les 13 milliards de dollars.

Le numéro trois de l'informatique à distance, derrière AWS (Amazon) et Microsoft , a même doublé son bénéfice opérationnel à 2,8 milliards.

"Quasiment toutes les licornes (start-up valorisées à au moins un milliard de dollars, ndlr) de l'IA générative utilisent Google Cloud", s'est félicité Sundar Pichai lors de la conférence aux analystes mercredi.

Même OpenAI, partenaire privilégié de Microsoft dans l'IA, a "choisi Google Cloud pour sa puissance de calcul", a souligné Yory Wurmser.

L'entreprise a reconnu ne pas avoir les capacités nécessaires pour répondre à l'immense demande pour le stockage sur les serveurs, les services d'analyse des données grâce à l'IA et, désormais, les nouveaux outils d'IA générative (création d'assistants et agents IA en propre, notamment).

La hausse des dépenses annuelles "reflète des investissements supplémentaires dans les serveurs, le calendrier de leur livraison, ainsi qu'une accélération du rythme de construction des centres de données, principalement pour répondre à la demande des clients du cloud", a expliqué Anat Ashkenazi, la directrice financière du groupe.

Elle prévoit que Google Cloud va générer 50 milliards de dollars en tout cette année.

- Menace judiciaire -

Mais à plus long terme, les revenus de la firme américaine sont menacés par les affaires judiciaires.

Mi-avril, Google a été reconnu coupable d'avoir abusé de sa position dominante sur le marché de la publicité sur internet.

Et surtout, l'entreprise attend cet été une décision sur sa peine dans le cadre du procès historique qu'elle a perdu à l'été 2024, quand elle a été jugée coupable de pratiques anticoncurrentielles dans la recherche en ligne.

Le ministère américain de la Justice réclame des peines qui pourraient changer radicalement le paysage numérique: la cession du navigateur Chrome par Google ainsi que l'interdiction de passer des accords d'exclusivité avec des fabricants de smartphones pour installer son moteur de recherche par défaut.

Il demande aussi que le géant technologique soit contraint de partager les données qu'il utilise pour produire les résultats de recherches sur son moteur.