Au Fund Forum, les gérants d’actifs cherchent l’équilibre en matière d’ESG
information fournie par Agefi Asset Management  03/07/2023 à 10:15

(NEWSManagers.com) - La relation entre la gestion d’actifs et l’ESG (environnement, social, gouvernance) entre dans une phase de maturation. Après une lune de miel pleine d’espérance, puis une crise existentielle concernant l’essence et l’étendue de l’ESG, la gestion d’actifs cherche une voie pragmatique.Les figures de la gestion d’actifs présentes au Fund Forum, qui se tient ces 27 et 28 juin à Monaco, ont disserté sur la place à accorder à l’ESG dans leur offre produits, et sur leur propre identité d’entreprise. L’industrie a, en effet, subi une petite crise d’identité ces dernières années, stressée par la prise de conscience globale des enjeux environnementaux et sociaux. Pourquoi, pour qui, comment investir??Les dirigeants du secteur semblent s’accorder sur l’essentiel : la gestion d’actifs a pour objectif de fournir à l’épargne mondiale un bon rendement ajusté au risque. «Ce qui a changé, c’est la définition de ce qu’est une proposition d’investissement crédible et comment la créer», a expliqué Sonja Laud, directrice des investissements de Legal & General IM, au cours d’un panel du 27 juin. A côté du risque et du rendement se trouve une troisième dimension, le «bien pour la planète», et ces éléments sont «liés par la matérialité financière», a-t-elle déclaré. «Il ne suffit plus de faire du ‘do no harm’, il faut aussi faire du ‘do good’», a renchéri Sylvia Pozezanac.On ne peut pas plaire à tout le mondeToutefois, faire de l’ESG est devenu risqué pour les producteurs généralistes de fonds. Les dirigeants en ont bien pris conscience, avec les escarmouches politiques autour de la thématique, principalement aux Etats-Unis, et la fragmentation des régulations dans le monde. Pour surmonter ce défi, les sociétés de gestion doivent plus que jamais savoir qui elles sont, sans chercher à plaire à tel ou tel investisseur un peu trop bretteur. «Nous devons nous rappeler que nous sommes au milieu [du spectre politique]. Nous votons ce que nous voulons», a déclaré Pete Cherecwich, président de l’asset servicing chez Northern Trust.Quid du manque de consistance et de continuité entre la parole et les actes?? «Il y a tout un tas de parfums [en finance durable/ESG] et nous devons être pragmatiques […]. Il faut trouver des façons pratiques d’exposer nos clients» à ces approches tout en cherchant à générer de l’alpha, a suggéré Fadi Abuali, le directeur général de Goldman Sachs AM International. Pour éviter que l’entreprise passe pour hypocrite, Pete Cherecwich a, lui, estimé qu’il n’était «pas nécessaire de rendre publics tous [se]s objectifs» environnementaux ou sociaux… Des positions qui font écho au rétropédalage récent de Larry Fink sur l’ESG. Le président-fondateur de BlackRock a déclaré, ce dimanche à l’Aspen Ideas Festival, qu’il allait abandonner le terme «ESG» car il était trop politisé, et qu’il regrettait d’avoir été emporté malgré lui dans ce débat politique, selon le média américain Axios.Ces choix stratégiques ne doivent cependant pas être pris à la légère. Des poursuites judiciaires climatiques sont au coin de la rue pour les plus mauvais élèves. «C’est un risque grandissant, a admis Mark Versey, le directeur général d’Aviva Investors. Notre attention porte sur la robustesse de notre marketing, de notre reporting et de notre communication.» La question des obligations fiduciaires n’inquiète, elle, pas trop les dirigeants.?

Jean-Loup Thiébaut