Atos : l'Etat acquiert une action de préférence dans Bull SA
information fournie par AOF 04/11/2024 à 08:31

(AOF) - L’État a décidé l’acquisition d’une action de préférence dans Bull SA, filiale française d’ Atos opérant les activités stratégiques de conception et de fabrication de supercalculateurs. Il rappelle que la convention de protection des actifs stratégiques mise en place avec le groupe informatique en difficulté le 28 juin 2024, en contrepartie du prêt octroyé à Atos par le Fonds de développement économique et social (FDES), prévoyait l’émission d’une action de préférence dans Bull SA au bénéfice de l’État.

"L'État bénéficiera ainsi de droits renforcés, inscrits dans les statuts et pouvant aller dans certains cas jusqu'au veto, sur les informations et décisions que pourraient prendre la société. La convention et l'action de préférence garantissent un haut niveau de sécurité indispensable à la souveraineté de la Nation et démontrent la capacité de l'État à déployer les protections nécessaires dans les entreprises qui opèrent des activités stratégiques", a déclaré Antoine Armand, ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie.

L'État poursuit par ailleurs, comme annoncé le 7 octobre dernier, l'étude en lien avec Atos de nouveaux schémas d'opérations d'acquisition des activités sensibles de la société.

AOF - EN SAVOIR PLUS

=/ Points-clés /=

- Leader international de la transformation numérique, du calcul haute performance et des infrastructures liées aux technologies de l’information, créé en 1997, n°1 européen du cloud, de la cybersécurité et des supercalculateurs ;

- Activité de 1O,7 Mds€, répartie en 2 divisions : Eviden -digital, big data & sécurité- pour 48 % des ventes, et Tech Fondations pour 51 % -infrastructures et environnements de travail connectés ;

- Chiffre d’affaires réalisés à 30 % en Europe du nord et Asie-Pacifique, 23 % en Europe centrale, 23 % dans les Amériques puis 21 % en Europe du sud ;

- Ambition : maximisation de la valeur via la division du groupe en 2 entités distinctes - Tech Fondations pour l’infrastructure, le cloud privé et les plateformes et Eviden pour le digital , le big data et la cybersécurité ;

- Capital ouvert (9,96 % pour le fonds de pension Siemens, 2,2 % pour les salariés et, depuis décembre 2023, 11,4 pour Onepoint) ;

- Présidence du conseil de 12 administrateurs assurée, depuis octobre 2023, par Jean_Pierre Mustier, la direction générale étant portée par Paul Saleh, assisté de Carlo d’Asaro Biondo, « general manager ».

=/ Enjeux /=

- Agilité du modèle d’affaires :

- entravée par le retard de la scission du groupe entre Eviden et Tech Fondations,

- focalisée depuis un an sur le redressement financier, ni les cessions, d’un montant prévu de 400 M€ pour 2024, ni les disponibilités & l’autofinancement libre ne permettant le paiement des échéances obligataires, notamment pour les emprunts 2025

- notable par sa force d’innovation développée dans 18 centres de R&D avec un portefeuille de 3 000 brevets fondée sur l’ open innovation via les partenariats avec les centres universitaires (informatique quantique, calculateurs exaflopiques, intelligence artificielle, HPC,) et des alliances avec d’autres acteurs industriels (AWS, Dell, Google, Huma…)

- Stratégie environnementale de neutralité carbone en 2028 et de réduction de moitié des émissions d’ici 2025 vs 2021 :

- Bonne visibilité avec un carnet de commandes égal au chiffre d’affaires ;

- Situation financière très dégradée -2,23 Mds€ de dette, flux de trésorerie négatif de 1,1 Md€-, la restructuration en cours étant soutenue par la majorité des créanciers et banquiers via des « Nouveaux financements sécurisés » et un accord de Lock-up.

=/ Défis /=

Après les pertes accusées en 2021, 2022 et 2023 (3,4 Mds€) et les refus successifs de repreneurs potentiels d’Eviden ou Tech Fondations (Thales, Airbus, EPEI…), défiance des investisseurs à l’égard de la gouvernance (signalement à l’Autorité des marchés financiers de graves dysfonctionnements dans le conseil par l’un des administrateurs, montée de Onepoint dans le capital du groupe…);

- Vers un probable rachat par l’Etat français des activités « souveraines » et interrogations persistantes sur l’émergence d’actionnaires significatifs ; ;

- Après l’ouverture, fin juillet, d’une procédure de sauvegarde accélérée, vers la conversion de près de la moitié de la dette en action et une augmentation de capital ;

- Réalisation des objectifs chiffrés :

- revenus : 9,9 Mds€ en 2024, 10,2 Mds€ en 2025, 10,8 Mds€ en 2026,

- marge opérationnelle : 4,3 % en 2024, 6,3 %en 2025, 8,6 Mds€ en 2026,

- résultat net : -13 M€ en 2024, 202 M€ en 2024, 788 M€ en 2026,

- génération de flux de trésorerie positifs à partir de 2026 ;;

- Suppression du dividende.