Assassinat Mehdi Kessaci: son frère Amine s'attend à "une lutte à mort" contre le narcotrafic
information fournie par AFP 19/11/2025 à 11:36

Amine Kessaci, à Marseille, le 27 mai 2024 ( AFP / Nicolas TUCAT )

"Non, je ne me tairai pas": au lendemain des obsèques de son frère Mehdi à Marseille, Amine Kessaci a réaffirmé dans une tribune au journal Le Monde sa volonté d'"agir" face au narcobanditisme, estimant qu'une "lutte à mort est engagée".

Le militant écologiste originaire des quartiers Nord, engagé dans la lutte contre les trafiquants de drogue, ne s'était pas exprimé depuis le meurtre de son petit frère de 20 ans, abattu par deux hommes à moto sur un parking en plein jour jeudi, à quelques mètres de l'Hôtel du département.

A la mosquée et au cimetière mardi, les obsèques du jeune Mehdi ont été protégées par un important dispositif policier, et Amine Kessaci, menacé depuis des mois, portait un gilet pare-balles, a indiqué une source policière à l'AFP.

"Hier j'ai enterré mon frère", commence le jeune militant de 22 ans dans sa tribune au quotidien Le Monde. "Mon coeur n'est que blessure. La douleur m'éparpille. Mais elle n'effrite pas ma lucidité".

"Voici ce que font les trafiquants: ils tentent d'annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l'œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", dénonce Amine Kessaci.

- Protection policière -

"Face à un tel ennemi, l'Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", prévient-il encore.

"Je dirai les carences de l'État, les failles de la République, les territoires abandonnés et les populations oblitérées", martèle le jeune homme en direction du gouvernement.

Près d'une semaine après l'assassinat de Mehdi Kessaci, la lutte contre le narcotrafic, et ses manquements, domine le débat public. Le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, et son homologue de la Justice, Gérald Darmanin, se rendront jeudi à Marseille, sur demande du chef de l'Etat.

Emmanuel Macron avait appelé mardi à "amplifier" la lutte contre le narcotrafic en adoptant la même approche que pour "le terrorisme", à l'issue d'une réunion d'urgence à l'Elysée sur le sujet.

Amine Kessaci a été obligé par la police à quitter Marseille en août, raconte-t-il encore dans Le Monde, tout en regrettant que la protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée?", s'interroge-t-il.

Une allusion directe à l'assassinat de son frère Brahim en 2020, alors âgé de 22 ans, dans un règlement de comptes lié au trafic de drogue.

Son frère Mehdi, qui voulait devenir policier, était totalement étranger aux trafics. Samedi, en fin d'après-midi, une marche blanche sera organisée dans la cité phocéenne en son hommage.

"Je pense que la doctrine d'emploi des forces de l'ordre depuis un an n'a pas été la bonne. Je pense qu'il y a eu un relâchement sur la question du narcotrafic", a de son côté dénoncé Benoît Payan, le maire de Marseille, interrogé mercredi matin sur RTL.

- "Rendre" les coups -

L'élu divers gauche a notamment regretté la suppression du préfet de police dans sa ville où il a assuré observer "une forme de reprise, des coups de pression, des tirs... depuis six semaines, je sens que les choses ne vont pas".

Comme Amine Kessaci, Benoit Payan a estimé que les narcotrafiquants "cherchent à nous faire taire". "C'est un défi à l'État et l'État doit répondre (...) quand on prend un coup de la mafia, on doit en rendre dix", a-t-il toutefois martelé.

Mardi, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a assuré "la solidarité de l'ensemble de la Nation" avec la famille Kessaci.

Après la mort de Brahim, Amine Kessaci avait fondé l'association Conscience, pour venir en aide aux familles de victimes de narchomicides, avant de rejoindre les Ecologistes.

Il s'était présenté aux élections européennes sur la liste de Marie Toussaint pour porter la voix de la jeunesse et des quartiers populaires, sans être élu, avant de perdre de peu aux législatives quelques semaines plus tard, face au Rassemblement national (RN).