Ariège: l'abattage des bovins a débuté dans la ferme où un cas de dermatose a été détecté information fournie par AFP 12/12/2025 à 14:16
Après deux jours de mobilisation d'agriculteurs contre la gestion gouvernementale de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), les services vétérinaires ont commencé vendredi à abattre les 207 vaches d'un élevage d'Ariège sous la protection des gendarmes mobiles, après des incidents la veille dans cette ferme.
Vendredi matin, aux alentours de 10h30, les premières vaches ont été abattues et chargées par un engin dans un des camions benne devant les conduire dans un centre d'incinération, a constaté le journaliste de l'AFP. Une demi-heure plus tard, le premier camion a quitté la ferme.
Jeudi soir, les gendarmes ont délogé par la force quelques centaines de manifestants qui bloquaient l'accès à l'exploitation avec des dizaines de tracteurs et des troncs d'arbres en travers de la route étroite et sinueuse, au pied des Pyrénées.
L'intervention des gendarmes en tenue anti-émeutes, appuyés par des véhicules blindés Centaures, a été émaillée d'incidents entre les forces de l'ordre et les manifestants.
Des journalistes de l'AFP sur place ont assisté à des jets de pierre et de grenades lacrymogènes entre les deux positions.
Vers 23h00, les forces de l'ordre ont pris le contrôle de l'exploitation et les manifestants se sont dispersés, essentiellement des fermiers affiliés à la Coordination rurale (CR) ou à la Confédération paysanne, mais aussi quelques militants "d'ultragauche", selon le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez.
- Quatre interpellations -
Quatre personnes ont été interpellées jeudi soir lors de l'opération dans le village des Bordes-sur-Arize, mais une seule restait en garde à vue vendredi matin, selon le parquet de Foix.
"On agit pour éviter qu'il y ait une maladie qui se propage qui causerait des dégâts terribles dans l'élevage bovin", a déclaré sur RTL M. Nuñez.
Pour Guilhem Boudin, 56 ans, ancien céréalier en Ariège, l'un des rares manifestants présents vendredi matin autour de la ferme, "on est en train de faire quelque chose de stupide. Une bête était réellement malade. Elle est morte et au lieu de faire un ciblage en fonction des bêtes malades et d'abattre au fur et à mesure, ils veulent tout abattre", a-t-il regretté.
Vendredi matin, il n'y avait plus qu'une dizaine de manifestants mais plus aucun tracteur à proximité de la ferme, dont l'accès est toujours restreint par plusieurs véhicules de la gendarmerie mobile.
"On s'est pris pas loin de mille grenades sur la gueule. C'est la manière dont on nous traite, comme de la merde", a regretté auprès de l'AFP Lionel Candelon, président de la CR du Gers.
Des agriculteurs restent mobilisés dans le Sud-Ouest contre la gestion de la stratégie du gouvernement face à la DNC, mais aussi pour d'autres raisons.
- Vaccination étendue -
A Agen, des manifestants ont déversé de nombreux déchets dans la nuit de jeudi à vendredi devant des bâtiments administratifs.
La CR du Lot-et-Garonne, qui s'est aussi mobilisée jeudi aux Bordes-sur-Arize, avait qualifié la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, de "pompier pyromane".
En Lozère, un barrage filtrant a été établi sur l’A75 Clermont-Béziers dans la nuit de jeudi à vendredi.
Alors que les manifestants réclament une vaccination préventive élargie du cheptel, le ministre du Commerce Serge Papin a estimé vendredi que "la solution, c’est le vaccin".
"On ne résoudra que par la vaccination", a-t-il affirmé sur Europe 1. "Tout le monde est de bonne foi dans cette affaire. L’Etat doit prendre une décision et protéger l’essentiel", a-t-il dit.
En Ariège, le préfet a annoncé jeudi qu'une campagne de vaccination des 33.000 bovins du département allait débuter en fin de semaine prochaine.
Le gouvernement a étendu vendredi les zones de vaccination obligatoire en Occitanie.
"Face à la dégradation soudaine de la situation sanitaire, le ministère chargé de l'Agriculture a décidé d'étendre le dispositif de lutte en instaurant une zone vaccinale couvrant les départements de l'Aude, de la Haute-Garonne, du Gers, des Pyrénées-Atlantiques (à l'exception des communes déjà situées en zone règlementée)", a annoncé le ministère de l'Agriculture dans un communiqué de presse vendredi.
Dans un communiqué séparé, le préfet des Pyrénées-Atlantiques cite aussi le département des Landes parmi ceux qui font l'objet de l'extension de la zone vaccinale.